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5° dimanche de Pâques



Qu’il est difficile de suivre Jésus ! Qu’il est difficile d’être chrétien ! Aujourd’hui comme hier, être disciple de Jésus ne va pas de soi. Parce qu’il met la barre très haut : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »
Qui parmi nous peut dire qu’il aime ses frères comme Jésus nous a aimés ? Qui peut prétendre être capable d’aimer au point de paraître un disciple de Jésus aux yeux de tous les hommes ? Aimer comme Jésus nous a aimés, c’est-à-dire comme Dieu nous aime, c’est aimer jusqu’à donner sa vie. Quelle exigence !
Et pourtant, d’un autre côté, aimer, c’est tellement naturel ; ça ne semble pas nécessiter d’effort. Aimer ses proches, aimer son conjoint, ses enfants, quoi de plus banal. Quoique… nous avons tous, dans nos familles, dans nos relations amicales ou professionnelles, des exemples de situations qui sont difficiles, douloureuses parfois, parce qu’il y manque l’amour. Non, en réalité, l’amour, ce n’est pas si évident. Même chez les fiancés qui se préparent au mariage, s’aimer n’est pas gagné d’avance. C’est pourquoi, dans le parcours de préparation au mariage qui leur est proposé, dans notre paroisse, il est prévu des temps d’échange autour de notre façon d’aimer, et des temps d’éducation à l’amour. C’était le cas dimanche dernier, avec la Journée de l’Alliance où étaient conviés tous les couples qui se marieront dans l’année. Car, nous le savons bien, l’amour peut être blessé. S’il ne se réduit qu’à un sentiment, l’amour devient très fragile.
Pas plus tard que la semaine dernière, une femme me confiait ses difficultés, suite à son divorce. Ses deux enfants, nés pourtant de l’amour de leurs parents, deviennent à présent pour eux des sujets de discorde, de déchirements, voire de violence et de haine. « Quel gâchis ! » me disait-elle… Et des cas comme celui-là, nous en connaissons tous plus ou moins, hélas. Comment l’amour que l’on croit toujours indestructible, au début, peut-il devenir à ce point destructeur ? Et comment, alors, suivre le commandement de Jésus « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ? Oui, vraiment, qu’il est difficile de suivre Jésus ! Qu’il est difficile d’être chrétien ! Qu’il est difficile d’aimer ! ça peut parfois paraître impossible, surhumain.
Dans la première lecture, nous avons entendu Paul et Barnabé affermir le courage des disciples, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Car le message de Jésus est exigeant. On ne peut pas se contenter de belles paroles ! Pour les premiers Chrétiens, les épreuves dont parlent Paul et Barnabé ne sont pas des petites difficultés passagères. Il s’agit de périls de mort, à cause de la foi, à cause de l’amour ! Il en faut du courage pour aimer jusqu’à risquer sa vie ! C’est pourtant bien ce que signifie : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Jésus donne à ses amis ce commandement à quelques heures de son arrestation, de sa passion, de sa mort sur la croix. Comme un testament, ou une confidence que l’on peut faire à ses intimes quand l’heure de mourir est proche. Testament spirituel, il s’agit plus d’une mission que d’un commandement. Jésus donne sa vie jusqu’au bout, et nous demande de faire de même en mémoire de lui. Mission qui devient témoignage, puisque l’amour dont nous ferons preuve montrera à tous les hommes que nous sommes ses disciples. Nous qui sommes appelés chrétiens, disciples du Christ, baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, nous sommes donc témoins et missionnaires. Rien de moins ! Pas seulement « amis de Jésus », ce qui n’est pas trop difficile, mais véritablement envoyés par lui en mission dans notre quotidien ! Auprès de tous ceux qui nous entourent, proches ou moins proches, que nous côtoyons, que nous rencontrons, que nous croisons, que nous n’avons pas choisis ; ceux qui nous ressemblent et ceux qui sont très différents de nous ; ceux qui sont plus riches et ceux qui sont plus pauvres que nous ; malades ou en bonne santé ; ceux qui nous sont sympathiques et ceux avec qui le contact est plus difficile. Pas seulement « amis de Jésus », mais « amis de tous » par conséquent. Et la qualité de cette amitié, de cette charité fraternelle, de cet amour pour chacun sera témoignage de notre appartenance au christ. Encore une fois, vraiment, qu’il est difficile de suivre Jésus ! Qu’il est difficile d’être chrétien ! Qu’il est difficile d’aimer ! Comment faire ? Comment être à la hauteur d’une telle mission ? Comment ne pas baisser les bras devant l’ampleur des choses à changer en nous-mêmes, avant de vouloir changer le monde ?
Eh bien, ce que nous n’avons pas lu dans les lectures de ce dimanche, mais que nous connaissons, c’est la suite de l’histoire ! Jésus ne se contente pas de nous envoyer « comme des agneaux au milieu des loups » : il nous accompagne lui-même ! Il nous a donné l’Esprit Saint au jour de notre baptême, Esprit de force et de vérité ; il se donne à nous en nourriture à chaque messe, dans sa parole, dans son corps et dans son sang ; il nous rejoint dans chaque sacrement que nous recevons régulièrement : sacrement du pardon, eucharistie. Il nous précède même, comme il le fera dire aux disciples au jour de l’ascension : « Il vous précède en Galilée », c’est-à-dire, symboliquement, dans le monde entier. Il se donne à voir chaque jour, en mettant sur notre route des mendiants de notre amour, des frères dont les visages sont pour nous visages du Christ pour peu que nous y soyons attentifs. Il est toujours avec nous, et ça change tout ! Alors, oui, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous, vraiment, qu’il est formidable de suivre Jésus ! Qu’il est formidable d’être chrétien ! Qu’il est formidable d’aimer !

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson, le 2mai 2010
 

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