Année C
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retour vers l'accueil4° dimanche du Temps Ordinaire
En préparant cette homélie, je me suis rappelé ce
jour où un de mes enfants est revenu de l’école en déclarant : « le
Papa de Jérémie, c’est le plus fort de tous les Papas ! »
Après une discussion longue et une argumentation serrée (comment
Jérémie le sait, comment son Papa le sait ...), je crois avoir ce
jour-là réussi à mettre dans sa tête un léger doute.
Nul n’est prophète en son pays … Jérémie avait été plus convaincant que moi.
Et c’est vrai que les garçons aiment bien savoir qui est « le plus » …
Alors je me suis aussi demandé ce que donnerait la conversation,
demain, dans la cour de récréation entre ceux qui ont entendu à la
messe aujourd’hui la lettre de St Paul :
- Mon Papa parle toutes les langues des hommes !
- Le mien il peut se faire fait bruler vif !
- (un autre qui a mieux écouté) : cela ne sert à rien !
- (un qui a été au caté) Le mien, avec sa foi, il peut déplacer les montagnes !
- Je te dis que cela ne sert à rien !
- (un autre qui tente sa
chance) : Mon papa, il peut donner toute sa fortune aux pauvres !
Là on a un doute : donner sa fortune aux pauvres, c’est tout de même
exactement ce que Jésus demande au jeune homme riche. Mais Jésus ne le
lui demande pas comme une performance, mais comme une façon de se
débarrasser du lien que ce jeune homme avec son argent.
Aimer, ce n’est pas une question de performance, où on pourrait se
comparer, avec la tentation de vouloir être « plus » que les autres,
mais "l’amour ne jalouse pas" …
Mais encore : Jésus ne nous demande-t-il pas de nourrir, habiller ceux qui sont affamés ou nus ? (Mt25)
Mais dans ce texte, la mesure, c’est le plus petit, pas celui qui donne.
Il ne s’agit pas de se faire remarquer pour sa performance : "l’amour
ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil". Il s’agit plutôt de
rejoindre l’autre, de se mettre à son service ("l’amour rend service")
de l’accueillir pour ce qu’il est.
Là, on rejoint la phrase de Jésus que j’ai citée au début, mais qu’il faut bien écouter :
« nul prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays »
Jésus ne dit pas qu’il est difficile d’être prophète (de toutes façons un prophète ne parle pas de lui-même …)
Il parle de l’attitude de ceux qui écoutent, parce que l’amour est un don qui attend d’être accueilli.
Jésus nous demande d’accueillir l’autre tel qu’il est. Pas tel qu’on
voudrait qu’il soit ou comme on l’a catalogué. Et c’est vrai que
lorsqu’on commence à connaître quelqu’un, on lui colle facilement une
étiquette qu’on a du mal à enlever.
Ce n’est pas facile pour les habitants de Nazareth de voir autre chose que "le fils de Joseph"
Ce n’est pas facile pour nous de voir dans un de nos proches un envoyé
du Seigneur pour nous rendre meilleur. D’ailleurs, quand on se rappelle
nos commentaires après la messe sur nos voisins, on se dit qu’on est
encore loin du compte …
Finalement, ça fait partie du charme de « aimer son prochain » :
Il ne s’agit pas seulement de lui donner, de se donner mais de le
recevoir. On se rappelle la belle formule du mariage : je te reçois, et
je me donne à toi.
Il ne s’agit pas seulement de lui rendre service, mais aussi d’accepter qu’il nous en rende !
Et cela m’amène à mon dernier point : accueillir son prochain ce n’est pas seulement un instant + une fois.
Cela nous parait évident quand nous sommes dans la situation d’être accueillis …
Accueillir, cela prend du temps, c’est toujours à renouveler et à approfondir.
D’ailleurs, quand St Paul commence à décrire ce qu’est l’amour, il
commence par "l’amour prend patience" … En continuant avec St Paul, on
peut rajouter : cela prend du temps et "au-delà des difficultés" :
"L’amour espère tout, endure tout, l’amour n’entretient pas de rancune".
Le temps et les difficultés surmontées rendent notre lien d’amitié plus
fort, et bien sûr celui entre époux, ce que savent bien ceux qui sont
mariés depuis longtemps.
Pour finir, je voudrais vous lire un extrait de l’exhortation Gaudete
et exultate du Pape François : c’est seulement à partir du don de Dieu,
librement accueilli et humblement reçu, que nous pouvons coopérer par
nos efforts à nous laisser transformer de plus en plus
Philippe DUTHOIT, diacre permanent
Paroisse St Michel, Versailles
3 février 2019
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