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retour vers l'accueil3° dimanche de Pâques
Pour
construire une homélie pour ce dimanche j’aurais eu le choix :
entre les Actes des Apôtres où nous entendons Pierre nous dire : «
Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.» ou bien le livre de
l’Apocalypse qui nous dit : « Lui l’Agneau immolé, il est digne de
recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et
bénédiction. ». Voilà des phrases qui mériteraient d’être
explorées ! Mais je voudrais plutôt regarder ce (soir) matin avec
vous la figure de Saint Pierre.
Saint Pierre nous pensons tous bien
le connaître : c’est le frère d’André, disciple de Jean Baptiste.
C’est aussi un pécheur que Jésus vient chercher après une pêche qui
devient miraculeuse. Pierre c’est celui qui vient marcher sur le lac à
l’appel de Jésus. Celui dont Jésus changera le prénom de
Simon en Pierre et qui sera présent sur la montagne de la
Transfiguration et c’est lui qui reconnaîtra le premier Jésus comme le
Messie, le Christ. Mais lors du dernier repas avec les disciples il se
fait remarquer en refusant d’abord le lavement des pieds puis en le
demandant à son Maître et Seigneur à qui il promettra une fidélité
qu’il ne pourra pas tenir bien longtemps et qu’il pleurera amèrement.
Le
jour de Pâques les évangélistes ne sont pas tous d’accord sur
l’attitude qu’il a eu devant le tombeau vide : dubitatif pour Luc
jusqu’au soir où il a une apparition du Ressuscité (apparition dont on
ne sait pas grand-chose) et croyant dès qu’il voit pour Jean.
Aujourd’hui nous le voyons peiné d’avoir à redire trois fois à Jésus qu’il l’aime.
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? »
Pourtant
Jésus le connaît bien ce pécheur qui vient de lui obéir aveuglement
pour repartir en pêche après une nuit de travail pour rien.
Nous
comprenons bien vite que ces trois questions « Est-ce que tu m’aimes ?
» viennent en écho aux trois reniements de Pierre le soir du jeudi
saint pendant que Jésus était devant le grand prêtre.
Selon nos
critères actuels, Jésus est bien généreux. Après avoir été renié 3 fois
par quelqu’un qui disait vouloir le suivre jusqu’à la mort…il aurait pu
lui garder rancune.
Et bien après le dialogue de ce jour et après la
Pentecôte, Saint Pierre deviendra un témoin particulièrement actif pour
porter la Bonne nouvelle jusqu’au bout du monde ou plutôt au cœur du
monde, à Rome, où il mourra pour son Seigneur, crucifié comme Lui.
Revenons
un peu en arrière, revenons au Vendredi saint : Moi, j'étais comme
un agneau docile qu'on emmène à l'abattoir, et je ne savais pas ce
qu'ils préparaient contre moi. Ils disaient : 'Coupons l'arbre à la
racine, retranchons-le de la terre des vivants, afin qu'on oublie
jusqu'à son nom. Seigneur de l'univers, toi qui juges avec justice, qui
scrutes les reins et les coeurs, fais-moi voir la vengeance que tu leur
infligeras, car c'est à toi que je confie ma cause. » (Jr 11, 19-20)
C’est le prophète Jérémie qui parle ainsi. On peut imaginer ces paroles
dans la bouche de celui qui a été trahi, dans la bouche de Jésus qui a
été trahi par Pierre. Il en appelle à Dieu : quelle va être sa
vengeance ?
Benoît XVI nous donne une partie de la réponse :
« Dans
un monde où l’on associe parfois la vengeance au nom de Dieu, ou même
le devoir de la haine et de la violence, c’est un message qui a une
grande actualité et une signification très concrète. Comme Dieu nous a
aimés le premier (cf. 1 Jn 4, 10), l’amour n’est plus seulement un
commandement, mais il est la réponse au don de l'amour par lequel Dieu
vient à notre rencontre. »
En se montrant à ses disciples, le
jour de Pâques et les jours suivants, Jésus n’a aucun mot humiliant à
leur égard, aucun mépris. Après tout, on aurait pu s’imaginer qu’il
vienne régler ses comptes. Rien de tout cela !
Jésus n’a
qu’une seule parole à Pierre : Il ne lui demande pas de s’excuser,
ni si il a du remord. Il lui dit : « Est-ce que tu m’aimes ? »
Pierre
a du mal à comprendre l’insistance de
Jésus.
Comme nous.
Lorsque nous approchons du prêtre pour recevoir le
sacrement de réconciliation, plein de choses peuvent traverser notre
esprit : « qu’est ce que le prêtre va penser de moi ? Je
ne sais pas ce qui m’a pris pour faire une telle bêtise, ce n’est pas
moi ! J’ai honte de moi ! »
Mais la seule chose qui compte c’est ce que Jésus demande à Pierre : « Est-ce que tu m’aimes ? »
Dieu n’est qu’amour : réécoutons les psaumes :
Psaume 144: Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour.
Psaume 102 : il réclame ta vie à la tombe et te couronne d'amour et de tendresse.
Je
vous cite un père spirituel : « Nous pensons trop
souvent que Dieu nous aime parce que nous le méritons… Si bien que, le
jour où nous avons péché lourdement, nous croyons qu'Il ne nous aime
plus. Or Il nous aime toujours du même amour, avant, pendant et après
le péché, car il n'y a pas de variation dans son cœur. » (Père
Clément Ridard –TRESSAINT)
Et Saint Paul : « Or, la
preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous alors
que nous étions encore pécheurs. A plus forte raison, maintenant que le
sang du Christ nous a fait devenir des justes, nous serons sauvés par
lui de la colère de Dieu. » (Rm 5, 8-9).
Si Dieu a longtemps
été vu comme un Dieu vengeur, Lui a essayé depuis les débuts de
l’Ancienne Alliance de nous dire qu’il n’était qu’amour et avec la
venue de Jésus tout est carrément explicite : Réécoutons
l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte et que je
frappe ; Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez
lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » - Ap. 3
Ste
Catherine de Sienne, au XIVéme siècle, une grande mystique, docteur de
l’église relate des dialogues qu’elle a eus avec Jésus : « Ce
n'étaient pas les clous qui me retenaient sur la Croix, c'était
l'amour», dit Jésus à sainte Catherine de Sienne. Ce lieu de
souffrance, Jésus en a fait le haut lieu de l'amour. Et plus
loin : « Fais-toi capacité, je me ferai
torrent » : tout recevoir de l’amour de Dieu.… Et elle ajoute
: « Ce qui fait que les serviteurs de Dieu aiment tant la
créature, c'est qu'ils voient combien l'aime le Créateur ».
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses
amis ».
Tout cela Pierre l’a compris à travers l’insistance de
Jésus. Et aujourd’hui, quelle que soit notre situation Jésus nous
interpelle : « Est-ce que tu m’aimes ? »
Pour terminer je vous propose une réflexion de mère Térésa :
Jésus
veut que je vous dise encore [...] combien est grand l'amour
qu'il porte à chacun de vous - au-delà de tout ce que vous pouvez
imaginer. [...] Non seulement Il vous aime, plus encore — Il vous
désire ardemment. Vous Lui manquez lorsque vous n'approchez pas [de
Lui]. Il a soif de vous. Il vous aime toujours, même lorsque vous ne
vous en sentez pas dignes. [...]
Pour moi c'est si
clair - tout chez les MC n'existe que pour désaltérer Jésus. Ses mots
sur les murs de toutes les chapelles MC*, ils ne sont pas seulement du
passé, ils sont vivants ici et maintenant, ils s'adressent à vous. Le
croyez-vous? [...] Pourquoi Jésus dit-il : «J'ai soif»?
Qu'est-ce que cela signifie ? Quelque chose de tellement difficile à
expliquer avec des mots - [...] En disant «J'ai soif», Jésus dit
quelque chose de beaucoup plus profond que simplement «Je vous aime».
Tant que vous ne savez pas tout au fond de vous que Jésus a soif de
vous — vous n'avez pas la moindre idée de ce qu'il veut être pour vous.
Ni de qui Il veut que vous soyez pour Lui. Mère Térésa.
Philippe ARRIVÉ, diacre permanent
VERTOU
17-18 Avril 2010
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