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3° dimanche du Temps Ordinaire

Ne 8, 1-4a.5-6.8-10 ;  Ps 18 ; 1Co 12, 12-30 ; Lc 1, 1-4; 4, 14-21


3 TO - C

Qu’est-ce que c’est qu’une foule ? le dictionnaire nous dit que c’est une multitude de personnes qui se trouvent en un même lieu au même moment.
Et qu’est-ce qu’un groupe ? un ensemble d’individus qui ont quelque chose en commun qui les différencie des autres. Par exemple ici, il y a le groupe des femmes, le groupe des hommes, le groupe des enfants…
Et une équipe, alors, c’est quoi ? Un ensemble de personnes qui travaillent à une même tâche, qui œuvrent dans le même sens, pour aller vers un but commun.
Bien, d’accord, mais alors, qu’est-ce que c’est qu’un corps ? parce que, nous avons bien lu, St Paul écrit, dans sa première lettre aux Corinthiens, qui était la deuxième lecture : « Vous êtes le corps du christ » et « vous êtes membres de ce corps ».
Alors ? le corps du Christ ? c’est une foule ? oui, un grand nombre de gens qui se trouvent au même endroit, comme ici en ce moment, dans cette église. Mais ça ne suffit pas.  Le corps du Christ, un groupe ? des gens qui ont quelque chose en commun qui les différencie des autres ? Oui, on peut le dire aussi, les chrétiens constituent bien un groupe. Mais c’est encore insuffisant. Alors, une équipe ? Nous collaborons bien tous dans le même sens, pour atteindre un même but, je pense ? Oui, mais ce n’est pas encore assez !
Non, tous ces mots sont très insuffisants. Nous sommes le CORPS du Christ ! pas seulement une foule de personnes que le hasard aurait réunis ici, en ce moment ; pas plus un groupe de croyants qui pensent tous la même chose, pas davantage l’équipe de Jésus (la « Team Jesus » !) qui travaille comme un seul homme à faire advenir le Royaume de Dieu !
C’est tout cela à la fois, mais ce que nous dit Saint Paul et que toute la Tradition confirme, c’est infiniment plus que la somme d’une foule, d’un groupe et d’une équipe !

Nous sommes le corps du Christ ! Avons-nous bien conscience de ce que ça signifie ? Nous sommes tellement habitués à entendre ça ; nous connaissons tellement bien ce chant qui dit « Nous sommes le corps du Christ, chacun de nous est un membre de ce corps… » que finalement, ça ne nous fait plus grand-chose. Pourtant, quand on s’y arrête une minute, c’est vertigineux ! Toi, moi, vous, nous tous, nous constituons, ensemble, le corps du Christ ! L’Église que nous formons ensemble est le corps du Christ !

Et chacun de nous, baptisé, est un membre de ce corps !
En effet, sitôt le baptême accompli, le prêtre ou le diacre nous a dit : « Tu es maintenant baptisé. Tu es membre du corps du Christ… ». Notre appartenance au corps du Christ n’est donc pas due à nos mérites. L’Église n’est pas un corps d’élite, comme on en trouve dans la gendarmerie. C’est le Christ lui-même qui fait de nous les membres de son corps. Gratuitement, sans effort de notre part, sans passer d’épreuve difficile, sans jugement sur nos actes, nos pensées, nos paroles… Non pas « parce que je le vaux bien !» mais simplement « parce que Dieu le veut bien ». Parce que Dieu est bon. Notre appartenance au corps du Christ est un don de Dieu.

Un corps, c’est l’unité dans la diversité. L’Église corps du Christ est un tout, mais elle est diverse, parce que chacun de nous est différent des autres. L’Église est un tout qui n’est pas une foule anonyme ; elle est un tout dans lequel chaque personne compte, chacun a sa dignité, comme les membres du corps humain, que St Paul nous a décrit. Nous voyons bien la différence avec les autres groupes d’individus, dans les exemples que nous donne la nature : dans un essaim d’abeille, ou une colonie de fourmis, chacun travaille pour le bien commun, certes, mais l’individu est négligeable, il compte peu ou pas du tout. Mais nous, nous sommes membres du corps du Christ, et chaque membre occupe sa place, une place unique, nécessaire, qui lui donne sa singularité et sa dignité, qui fait de chacun non pas un individu justement, mais une personne.
Chacun sa dignité, oui, mais alors, quelle responsabilité ! Car nous ne sommes pas membres d’un corps ordinaire, mais du corps du Christ ! Notre vocation, c’est l’unité de ce corps ! L’unité de l’Église. Nous sommes responsables de cette unité.
Nous sortons tout juste de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. C’est dire que l’unité est encore loin d’être effective, puisque nous devons encore prier pour qu’elle advienne, et nous le faisons pendant une semaine chaque année. Quand on parle de l’unité des chrétiens, on pense d’abord aux diverses confessions chrétiennes : catholiques, orthodoxes, protestants, anglicans, … Mais cette unité doit commencer par exister déjà au sein même de chacune de ces communautés, et en tout premier lieu au cœur même de chacune des personnes qui en sont les membres. Nous n’y sommes pas encore !
 Si je suis le corps du Christ, il est de ma responsabilité de me comporter en Christ. Toutes mes actions doivent contribuer au bien du corps tout entier, et non pas revendiquer pour moi-même un quelconque avantage, un privilège, une gratification. Ce n’est pas ainsi que Jésus s’est comporté lors de sa vie terrestre.
Oui, être le corps du Christ, plus qu’un honneur, c’est une responsabilité. Vis-à-vis de moi-même, vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis des autres membres de son corps. En effet, c’est à notre niveau d’attention aux autres que nous pourrons juger de notre appartenance au corps du Christ.
C’est pourquoi Jésus, dans l’évangile d’aujourd’hui, s’applique à lui-même cette prophétie d’Isaïe, et chacun de nous peut le faire aussi : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » Nous avons tous reçu l’Esprit Saint au jour de notre baptême, quand nous avons reçu cette onction du Saint Chrême. Mais la prophétie ne s’arrête pas là ! « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, … » L’onction reçue nous donne l’Esprit, en effet, mais ce n’est pas pour le garder pour nous, ni pour notre propre gloire ! c’est pour que fassions corps avec l’Église, corps du Christ, en vue de cette annonce de la Bonne Nouvelle à tous !
L’évangélisation, voilà notre mission ! Où en sommes-nous de cette mission ?
Je vous laisse avec cette question à méditer.
(Bref silence)
Pour l’illustrer, je vous propose les paroles de cet autre chant, qu’on ne chante plus guère dans nos églises, mais que vous connaissez sans doute :
        Vous êtes le corps du Christ
        Vous êtes le sang du Christ
        Vous êtes l’amour du Christ
        Alors, qu’avez-vous fait de lui ?


Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson et Gétigné
27 janvier 2019


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