Année C
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33° dimanche du Temps Ordinaire


Ml 3, 19-20 ; Ps 97 ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19
 

    L’évangile d’aujourd’hui est poignant avec ses catastrophes, faux prophètes, violences, persécutions mais, à la toute fin, il ouvre sur notre Espérance : le Salut ! Mais Jésus nous déstabilise par cette accumulation de fléaux : manipulations, calamités, supplices… c’est la fin d’UN monde !

    Et cette résonance avec l’histoire actuelle de notre planète est frappante : bouleversements climatiques, guerres, mépris, pauvreté en expansion avec aussi de faux prophètes… ne serait-ce pas, aussi, la fin d’UN monde ?

    À l’époque de cet évangile, le monde change. Dieu, par Jésus, vient rejoindre l’humanité pour confirmer ce qui a été dévoilé dans l’ancien testament : un Père créateur par amour qui veut ses enfants libres, heureux avec lui et ensemble ! Jésus montre que vivre ensemble dans l’amour c’est possible et que la résurrection promise est une vérité. Le changement de paradigme : d’un Dieu autoritaire vers un Dieu d’amour venu rejoindre sa création change le monde. Un changement tellement important que nous comptons le temps depuis ce jour-là !

    La résonance avec notre temps… nous ne la voyons que trop ! la guerre à notre porte et aussi partout sur la terre, la violence entre les nations et les hommes, les bouleversements climatiques : inondations, sécheresses, incendies… des richesses indécentes face aux pauvretés encore plus insupportables et nous avons aussi de faux prophètes, ceux qui s’affichent comme sauveur du monde d’un désastre prévisible. Chacun avec SA solution. Il y a : les politiques de tous bords : avec mon programme…on s’en sort ! L’économiste : supprimer tout ce qui n’est pas rentable et il y aura suffisamment d’argent pour tous. Le protectionniste : construisons des murs autour de nous maisons, de nos villages, de notre pays et tout ira bien ! Le raciste qu’il retournent chez eux et nous serons épargnés ! L’intégriste religieux : Dieu est pour nous et seuls impies périront et même l’intégriste écologique : on arrête tout et on retourne, tous, à la terre… et ainsi de suite…Mais, si nous sommes là, dans cette église, c’est que notre foi nous y appelle. Et la foi des chrétiens, ne reconnaît qu’un seul sauveur : le Christ Jésus. Et Jésus nous rappelle que l’on ne se sauve pas soi-même et ce n’est ni en s’isolant ni en se renfermant qu’on échappera au malheur.

    Mais alors vers qui se tourner ? Hormis ces faux prophètes, il y a bien d’autres personnes capables d’éclairer et d’accompagner ce monde à venir, de l’aider à éclore, d’autres façons d’être, d’autres façons de penser, d’autres spiritualités qui vont permettre à chacune et chacun de changer personnellement, spirituellement et ensemble pour que ce notre terre continue d’abriter l’humanité. Ce n’est pas la fin DU monde et la fin D’UN monde !

    Cette terre, nous n’en sommes que locataires. Reçue de nos aïeux, elle appartient à nos enfants, petits-enfants….vos enfants, vos petits-enfants… Notre devoir, notre responsabilité est de la transmettre pour qu’ils puissent y vivre et EN vivre ensemble heureux au cœur de la création et de sa diversité.

    Comme du temps de Jésus c’est la fin d’un monde pour qu’en naisse un nouveau. Avec un changement de modèle : entraide, partage, respect, sobriété, solidarité aux quels on peut ajouter : écoute, accueil, amour …plutôt que profit, exploitation, mépris, individualisme, égoïsme, hyperconsommation, violence, guerre bien en deçà de toute dignité et de toute humanité. C’est ensemble, les uns avec les autres, les uns pour les autres, que nous pourrons transmettre ce joyau à nos enfants.

    Mais alors, sur qui compter ? Sur la parole de Dieu et de ceux qui s’en inspirent et tous ceux qui prônent une fraternité et une écologie raisonnée et intégrale dans de respect de la dignité de la terre et de ses enfants. Oui l’écologie, avec ses engagements ses obligations et ses joies, est le passage obligé de tout espoir, de tout futur. Notre Pape dans son encyclique « loué sois-tu » en fait le constat, pleinement partagé par les nations. Il nous donne, humblement, des pistes pour agir en nous aidant à avancer vers un avenir plus lumineux. Il nous rappelle, si besoin était, que ce chemin c’est ensemble « homme de toute langue, peuple et nation » et même religion que l’on doit le parcourir. Contrairement aux beaux parleurs, il a l’humilité de ne pas se reconnaître sauveur mais simplement passeur d’idées. Comme tant d’autres femmes et hommes, ces personnes mues par une même démarche humble, dans cette dimension de l’universalité, font un même constat et propose un chemin équivalent : chemin d’humanité où la dignité de chacune de chacun et de la création toute entière sont le centre de cet avenir.

    Notre Pape vient compléter son propos par l’encyclique « tous frères » rappelant que tout effort, tout engagement d’une telle dimension ne se fera pas sans l’amitié sociale entre les hommes, les villes, les pays. Tous sur le même bateau à l’image de Noé, dans notre maison commune, nourris de la Parole et de l’amour du Père et de nos frères pour des lendemains lumineux. Mais comme le dit Saint-Paul il nous faut d’abord entendre les cris et les gémissements d’un monde qui naît ! Je vous invite à dire avec moi, un extrait des prières de François :

« Loué sois-tu Esprit-Saint qui, par ta lumière orientes ce monde vers l’amour du Père et accompagnes le gémissement de sa création, Tu vis aussi dans nos cœurs pour nous inciter au bien.

    Seigneur, toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité insuffle en nos cœurs un esprit de frère et de sœur. Inspire-nous un rêve de rencontre de dialogue, de justice et de paix. Que notre cœur s’ouvre à tous les peuples et nations de la terre pour reconnaître le bien et la beauté que tu as semés en chacun pour des espérances partagées. Amen »


Patrick DOUEZ, diacre permanent

13 novembre 2022