L’évangile d’aujourd’hui
est poignant avec ses
catastrophes, faux prophètes, violences, persécutions mais, à la toute
fin, il
ouvre sur notre Espérance : le Salut ! Mais Jésus nous
déstabilise
par cette accumulation de fléaux : manipulations, calamités,
supplices…
c’est la fin d’UN monde !
Et cette résonance avec
l’histoire actuelle
de notre planète est frappante : bouleversements climatiques, guerres,
mépris,
pauvreté en expansion avec aussi de faux prophètes… ne serait-ce pas, aussi,
la fin d’UN monde ?
À l’époque de cet
évangile, le monde
change. Dieu, par Jésus, vient rejoindre l’humanité pour confirmer ce
qui a été
dévoilé dans l’ancien testament : un Père créateur par amour qui
veut ses
enfants libres, heureux avec lui et ensemble ! Jésus montre que
vivre
ensemble dans l’amour c’est possible et que la résurrection promise est
une
vérité. Le changement de paradigme : d’un Dieu autoritaire vers un
Dieu d’amour
venu rejoindre sa création change le monde. Un changement tellement
important
que nous comptons le temps depuis ce jour-là !
La résonance avec notre
temps… nous ne la voyons
que trop ! la guerre à notre porte et aussi partout sur la terre,
la
violence entre les nations et les hommes, les bouleversements
climatiques :
inondations, sécheresses, incendies… des richesses indécentes face aux
pauvretés
encore plus insupportables et nous avons aussi de faux prophètes, ceux
qui
s’affichent comme sauveur du monde d’un désastre prévisible. Chacun avec
SA
solution. Il y a : les politiques de tous bords : avec mon
programme…on
s’en sort ! L’économiste : supprimer tout ce qui n’est pas
rentable
et il y aura suffisamment d’argent pour tous. Le protectionniste :
construisons
des murs autour de nous maisons, de nos villages, de notre pays et tout
ira
bien ! Le raciste qu’il retournent chez eux et nous serons épargnés
! L’intégriste
religieux : Dieu est pour nous et seuls impies périront et même
l’intégriste
écologique : on arrête tout et on retourne, tous, à la terre… et
ainsi de suite…Mais,
si nous sommes là, dans cette église, c’est que notre foi nous y
appelle. Et la
foi des chrétiens, ne reconnaît qu’un seul sauveur : le Christ
Jésus. Et Jésus
nous rappelle que l’on ne se sauve pas soi-même et ce n’est ni en
s’isolant ni
en se renfermant qu’on échappera au malheur.
Mais alors vers qui se
tourner ? Hormis
ces faux prophètes, il y a bien d’autres personnes capables d’éclairer
et d’accompagner
ce monde à venir, de l’aider à éclore, d’autres façons d’être, d’autres
façons
de penser, d’autres spiritualités qui vont permettre à chacune et chacun
de
changer personnellement, spirituellement et ensemble pour que ce notre
terre continue
d’abriter l’humanité. Ce n’est pas la fin DU monde et la fin D’UN
monde !
Cette terre, nous n’en
sommes que
locataires. Reçue de nos aïeux, elle appartient à nos enfants,
petits-enfants….vos
enfants, vos petits-enfants… Notre devoir, notre responsabilité est de
la
transmettre pour qu’ils puissent y vivre et EN vivre ensemble heureux au
cœur
de la création et de sa diversité.
Comme du temps de Jésus
c’est la fin d’un
monde pour qu’en naisse un nouveau. Avec un changement de modèle :
entraide,
partage, respect, sobriété, solidarité aux quels on peut ajouter :
écoute,
accueil, amour …plutôt que profit, exploitation, mépris, individualisme,
égoïsme, hyperconsommation, violence, guerre bien en deçà de toute
dignité et
de toute humanité. C’est ensemble, les uns avec les autres, les uns pour
les
autres, que nous pourrons transmettre ce joyau à nos enfants.
Mais alors, sur qui
compter ? Sur la
parole de Dieu et de ceux qui s’en inspirent et tous ceux qui prônent
une
fraternité et une écologie raisonnée et intégrale dans de respect de la
dignité
de la terre et de ses enfants. Oui l’écologie, avec ses engagements ses
obligations et ses joies, est le passage obligé de tout espoir, de tout
futur.
Notre Pape dans son encyclique « loué
sois-tu » en fait le constat, pleinement partagé
par les
nations. Il nous donne, humblement, des pistes pour agir en nous aidant
à
avancer vers un avenir plus lumineux. Il
nous
rappelle, si besoin était, que ce chemin c’est ensemble « homme de
toute langue,
peuple et nation » et même religion que l’on doit le
parcourir.
Contrairement aux beaux parleurs, il a l’humilité de ne pas se
reconnaître
sauveur mais simplement passeur d’idées. Comme tant d’autres femmes et
hommes,
ces personnes mues par une même démarche humble, dans cette dimension de
l’universalité, font un même constat et propose un chemin
équivalent :
chemin d’humanité où la dignité de chacune de chacun et de la création
toute
entière sont le centre de cet avenir.
Notre Pape vient
compléter son propos par l’encyclique
« tous
frères » rappelant que tout
effort, tout engagement d’une telle dimension ne se fera pas sans
l’amitié
sociale entre les hommes, les villes, les pays. Tous sur le même bateau
à
l’image de Noé, dans notre maison commune, nourris de la Parole et de
l’amour du
Père et de nos frères pour des lendemains lumineux. Mais comme le dit
Saint-Paul
il nous faut d’abord entendre les cris et les gémissements d’un monde
qui naît !
Je vous invite à dire avec moi, un extrait des prières de François :
Seigneur, toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité insuffle en nos cœurs un esprit de frère et de sœur. Inspire-nous un rêve de rencontre de dialogue, de justice et de paix. Que notre cœur s’ouvre à tous les peuples et nations de la terre pour reconnaître le bien et la beauté que tu as semés en chacun pour des espérances partagées. Amen »
Patrick DOUEZ, diacre permanent
13 novembre 2022