Année C
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Ml 3, 19-20 ; Ps 97 ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19
Un monde à transfigurer.
Des textes qui posent question! Cataclysmes, guerres, calamités pour
l'avènement d'un monde, le Royaume d'un Dieu d'amour ? La souffrance
comme chemin de vie ? Faut-il toujours souffrir pour avoir le droit
d'être heureux ? On pourrait reprendre cet évangile, ou d'autres textes
de la bible, et y relire notre monde, l'histoire humaine, actuelle ou
passée, y voir tout ce que l'homme a perdu ou gagné, les souffrances et
les errances d'une humanité ballotée avançant vers un ailleurs. On
pourrait même "faire coller" ces textes sur tout ce que nous ou nos
frères vivent et subissent aujourd'hui encore. Mais est-ce cela la
Bible? Un journal à sensations, le recueil d'histoires parfois
difficiles à entendre? Dieu a-t-il donné sa Parole aux hommes et envoyé
son Fils, pour qu'apeurés, angoissés, nous nous tournions comme des
moutons écervelés vers celui qui pourrait nous sauver, si nous sommes
bien sages? Dieu : un Père machiavélique qui souffle le froid ou le
chaud à sa guise ?
Évidemment non. Dieu est tout amour, il n'a créé ni le mal, ni la
souffrance et la bible n'est ni un recueil de nouvelles
sensationnelles, ni un roman ésotérique accessible qu'au seuls initiés!
La bible, la Parole de Dieu, est offerte aux hommes, à tous les hommes,
pour qu'ils puissent, guidés par cette Parole vivante, marcher
volontairement, ensemble, dans la paix vers le Royaume de Dieu, la
Terre Promise, le Paradis, la Vie Éternelle… enfin, ce moment où nous
serons accueillis dans le cœur de ce Père tendre et aimant attendant
chacune de ses créatures. Cet instant infini où l'on ne vivra que de
l'amour qui submergera tout.
Mais ce que rappelle Jésus, c'est que ce chemin, dont le but est bien
un bonheur absolu et partagé, ne sera pas forcément un long fleuve
tranquille. Dispenser un message d'amour dans nos sociétés où la
domination, la rivalité, la cupidité et l'argent sont reines, n'est pas
une sinécure. Prôner et vivre le pardon, la fraternité et la
miséricorde à des hommes, des populations dont le seul souci est le
pouvoir absolu et le seul moyen la violence niant toute humanité, tient
de la gageure. C'est souvent risqué, parfois, malheureusement, au péril
de sa vie.
Jésus et ses disciples sont en route vers Jérusalem. Ils sont
pratiquement arrivés dans cette ville où Jésus sait qu'ils ne sont pas
attendus, loin de là ! Jérusalem, Jésus sait aussi qu'il va, sans aucun
doute, y être mis à mort, comme l'ont été bien des prophètes avant lui.
Tous ceux dont la pureté et la puissance du message, fruit de la Parole
de Dieu, dérangeait les autorités religieuses ou politiques avides de
pouvoir ou d'argent. Et bien des disciples seront traités de la même
manière.
Mais Jésus rassure, libère et offre une espérance à ceux qui
l'écoutent. Tous ceux qui témoignent de sa Parole, tous ceux qui
suivent Jésus sur son chemin de vie et d'humanité, qui, comme lui,
mettent l'amour du prochain, la charité, la justice, le pardon en
premier dans leur vie, tous ceux qui, par leur façon de diriger leur
vie, leurs gestes, leurs paroles, leurs engagements, portent témoignage
de la fraternité et de l'amour qui nous sont donnés de partager, tous,
tous, obtiendront la Vie. La vie avec Lui, la vie éternelle.
Nous le savons, ce n'est pas pour la récompense ultime qu'ils agissent
ainsi, mais regardez ces femmes et ces hommes engagés, discrètement
souvent, agissant dans les équipes du Secours Catholique. Ne
rendent-ils pas témoignage de la résurrection, en actes et en paroles,
auprès de ceux, sans distinction, qui souffrent et désespèrent de nos
sociétés cruelles, les aidant à se remettre debout, à vivre dignement.
Sur notre paroisse, l'an dernier, l'équipe a répondu à 118 demandes de
secours et 30 depuis septembre. Aujourd'hui, ils nous interpellent et
nous sollicitent pour continuer leurs combats. Aidons-les,
rejoignons-les.
Ils ne sont pas seuls, bien sûr, et bien des personnes sont acteurs
dans des associations qui vivent l'entraide, ici ou ailleurs dans le
monde, pays victimes de cataclysme (voyez les Philippines), contrées où
la famine tue chaque jour homme, femme et enfant, pays en guerre. Comme
tous ceux qui parlent et vivent un amour fraternel désintéressé ils
sont parfois moqués, rejetés, outragés mais c'est avec persévérance
qu'ils continuent leur engagement même si parfois, dans leur propre
famille, leur ville ou leur paroisse, ils restent incompris ou mis à
l'index. N'entend-on pas dire : "pourquoi perdre du temps et de
l'argent à aider ces sans papiers, ces rom, ces immigrés, ces
prisonniers…il y a tant à faire ailleurs!". L'amour fraternel ne
connait pas de limite, pas de frontière, pas de race ni de couleur…à
leur exemple, sachons vivre notre Espérance chrétienne, témoigner de
l'amour et de la vie qui nous sont donnés en partage et, ainsi,
dévoiler, par un soutien, des actes et des paroles, la tendresse de
Dieu pour chaque homme du monde. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons
marcher vers "la guérison offerte par le Soleil de Justice", dont parle
Malachie, le Salut offert par le Christ Jésus lui qui a su se faire si
proche en venant nous rejoindre dans notre humanité, au plus bas de
notre humanité, à la mort même.
S'il est parfois difficile de ne pas se décourager ou de ne pas
désespérer face à des situations compliquées, inextricables et
douloureuses, restons confiants, ayons foi en ce Dieu d'amour, ce Dieu
qui offre sa Vie et son Jour. Car le jour de Dieu, c'est notre
Espérance! Oui l’ancien monde est appelé à disparaître mais l’Espérance
chrétienne ne consiste pas à attendre un autre Monde mais de vivre, dès
aujourd'hui, un Monde tout autre, un Monde transformé, transfiguré,
ressuscité, illuminé par l'amour. C'est possible si, en pleine
conscience et en pleine confiance, nous laissons l'Esprit du Christ
nous façonner pour que grandisse en nous sa puissance d’amour, qu'il
vienne féconder toutes les réalités de notre vie terrestre et fasse
fructifier toutes nos actions, tous nos talents.
"C'est par votre persévérance que vous obtiendrez la Vie!"
Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 17 nov. 2013
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