Année C
Sommaire année C
retour vers l'accueil
31° dimanche du Temps Ordinaire

      
        Chers frères et sœurs, chers enfants, aujourd‘hui je vais vous raconter une histoire. Il était une fois, sur les bords de la Garonne, dans la petite ville de Cadillac (Gironde) une famille avec 6 enfants. Le papa est négociant en vin et la maman s’occupe de toute la tribu. Le 5 Septembre 1832 nait au sein de cette famille Alcide Vidal Lataste. Alcide après une adolescence classique malgré quelques mauvaises fréquentations, passe son bac puis devient inspecteur des impôts en Ardèche. Il rencontre une jeune fille Léonide Cécile de Saint-Germain qui lui plait beaucoup et qui est très croyante. Sa vie semble donc toute tracée…mais voilà la suite de l’histoire est très différente de ce que nous aurions pu penser. Un collègue de travail dont Alcide est très ami lui fait redécouvrir les chemins de Foi et la pratique des sacrements, il s’engage également auprès des plus pauvres au travers des conférences Saint Vincent de Paul…bref il nait à la vie de baptisé…il descend de son arbre pourrait-on dire aussi. Fin 1855, Alcide vit de grosses épreuves : il perd sa sœur puis Cécile, celle qui aurait pu devenir sa femme. Il est pour un temps dévasté…mais lui voit dans ces évènements la volonté de Dieu et il décide de rentrer dans l’ordre des Dominicains à Flavigny (Côte d’or). Il devient Dominicain à 25 ans sous le nom de frère Jean-Joseph. Vous allez me dire, ça y est l’histoire est finie ? Eh bien non, en fait elle commence. En effet Jean-Joseph a de gros problèmes de santé qui semblent remettre en cause sa vocation, car cela bouleverse ses études… au lieu de se décourager il se plonge un peu plus dans la prière et étudie de près la vie d’une des premières disciples du Christ : Sainte Marie-Madeleine, « apôtre des apôtres », la pècheresse pardonnée parce qu’elle a énormément aimé ! Il a même eu la joie de vénérer les reliques de celle-ci. Ce qui a changé sa vie, puisqu’il guérit de sa maladie et qu’il peut du coup être ordonné. Il dira cette phrase fondatrice à propos de Marie-Madeleine : « il est donc vrai que les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ; qui sait s’ils ne le deviendront pas un jour... ». Croyez-vous que mon histoire soit finie ? Et bien non elle commence encore ! En septembre 1864 on lui demande de prêcher une retraite à la maison de travaux forcés pour femmes de Cadillac. Cette maison à l’ombre de laquelle il a grandi et dont il appréhende de rencontrer les pensionnaires, des femmes déshonorées, rejetées, qui ont commis des atrocités. Mais voilà, dès ses premiers mots à celles-ci, un miracle s’opère en lui et en elles. Il faut dire que ses mots portent en eux espérance, pardon, miséricorde… et cela bouleverse celles qui les entendent. Je vous les livre maintenant :
 « Mes chères sœurs  […] Je vous appelle : mes bonnes, mes pauvres, mes chères sœurs. Et ce n’est pas là une parole banale […]. D’où vient que vous m’êtes si chères, vous que le monde oublie et méprise ?… C’est que nous sommes les ministres d’un Dieu qui vous aime, malgré vos souillures, d’un amour sans égal ici-bas, d’un Dieu qui vous poursuit de son amour sans cesse, qui, maintenant encore, à l’instant où je vous parle, se tient invisiblement à la porte de votre cœur, et se sert de mes paroles pour frapper à votre porte et vous dire tout bas : « Pauvre enfant, donne-moi ton cœur. » – « Reviens à moi et je reviendrai à toi. »»
Oui, une vie nouvelle soutenue par l’amour de Dieu et celui envers le prochain est possible. Rien n’est perdu, tout est à gagner, la miséricorde de Dieu est pour tous ! « Non, ce n’est pas fini, non [Dieu] ne vous a ni maudite, ni abandonnée, ni même oubliée, qui que vous soyez, il vous aime au contraire, et la plus grande injure que vous lui puissiez faire et votre plus grande ingratitude seraient de vous obstiner à douter ainsi de la miséricorde et de désespérer de son pardon. »
Ces paroles du Bienheureux père Lataste sont le début de l’histoire de ce qui est aujourd’hui le couvent de Béthanie à Montferrand le Château, elles sont le début d’une conversion massive de dizaines de femmes pour lesquelles tout semblait perdu, elles sont le début d’une histoire incroyable de pardon, de réhabilitation, de vie côte à côte et dans la discrétion de femmes qui ont connu le pire comme de femmes qui ont eu la chance de vivre une vie sans embûches, toutes tournées vers le Christ, ensemble. Mais elles sont aussi notre histoire, chacun d’entre-nous se sent parfois indigne, pécheur. Parfois nous ne croyons plus que Dieu nous aime, parce que nous ne croyons plus être aimables. Eh bien cette histoire nous prouve le contraire, les textes d’aujourd’hui nous prouvent le contraire ! Car ils ne parlent de rien d’autre que de cette réhabilitation, que de cet Amour immense de Dieu pour toutes ses créatures pour toute sa création !
« Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé » dans le livre de la Sagesse ;
« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres » dans le psaume.
Et bien entendu dans l’Evangile du jour avec l’histoire de Zachée : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Et attention également de ne pas se poser trop vite en juge pour nos frères et sœurs comme la foule vis-à-vis de Zachée, comme le Pharisien dans l’Evangile de dimanche dernier qui s’estime bien meilleur que le publicain…
Alors frères et sœurs, pardonnez-moi si j’ai été un peu plus long aujourd’hui, mais ce message de pardon me semble tellement important pour nous, pour ceux que nous côtoyons, qui nous dérangent, qui nous font peur parfois… Plongeons-nous dans la miséricorde infinie de Dieu pour nous et pour les autres, et demandons au Bienheureux Père Lataste d’intercéder pour nous afin d’être éclairés par l’Esprit de Dieu, dans la compréhension de son pardon pour tous.

Amen !

Luc FROEHLY,
3 novembre 2019


 



 
Sommaire année C
retour vers l'accueil