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31° dimanche du Temps Ordinaire

      
        Dimanche dernier, nous avons entendu la parabole du Pharisien et du Publicain, et aujourd'hui, nous assistons à la rencontre de Jésus avec un publicain, un vrai en chair et en os, un archi-publicain; Luc nous précise que c'était le chef des collecteurs d'impôts. Et en plus, il est riche! Or, quelques lignes avant l'Evangile de ce jour, Jésus déclarait: « Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » Et comme ses disciples lui demandaient: « Mais alors, qui peut-être sauvé? » il leur répondait: « Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu. » La rencontre de Zachée avec Jésus nous en offre une démonstration: « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
        Et perdu, notre bonhomme Zachée a des raisons de l'être. Pas facile de vivre dans un monde de grands quand on est de petite taille. Dieu sait les moqueries et les quolibets qu'il a dû endurer. Alors, pour se venger, il a tout mis en oeuvre pour se hisser dans l'échelle sociale et il en a gravi les échelons: le voici Chef des percepteurs- un notable. Mais sa réussite n'est qu'une illusion car elle ne suscite que le mépris. En fait, Zachée était ce qu'on appelle aujourd'hui « un requin de la finance », un homme odieux, que tout le monde détestait... un exploiteur public qui faisait d'énormes profits en exploitant les pauvres au service de l'armée d'occupation romaine. Riche, malhonnête et collabo, il faut bien avouer que Zachée était un minus aussi bien moralement que physiquement. C'est un homme pourri par l'argent et l'injustice, et il n'a aucun ami.
   
        C'est pourquoi, ce matin-là, à Jéricho, la ville la plus basse du monde à 300m au-dessous du niveau de la mer, Zachée met tout en oeuvre pour voir Jésus. Il a sans doute entendu parler de ce dernier et du publicain Lévi qui a quitté son métier pour le suivre. Cet homme qui mange et boit avec les collecteurs d'impôts, qui dort chez eux, doit être forcément différent, extraordinaire. Certains prétendent même qu'il est le Messie d'Israël. Le sang de Zachée ne fait qu'un tour, et malgré la foule, il court en avant et monte sur un arbre. Son désir de voir le Sauveur devait être immense, car ce n'est pas sur un arbrisseau qu'il monte, mais sur un sycomore, un arbre pouvant atteindre jusqu'à 30 mètres, ce qui représente une escalade relativement périlleuse. Et pourtant, dans son désir fou, Zachée n'avait pas pu imaginer que Jésus allait lever les yeux vers lui et l'appeler par son nom. L'Evangile de dimanche dernier nous disait que: « le pulicain n'osait même pas lever les yeux au ciel. » Aujourd'hui, c'est le monde à l'envers: le Fils de Dieu lève les yeux vers un pécheur. « Zachée, descends vite: aujourd'hui, il faut que j'aille demeurer chez toi. » Aujourd'hui: c'est l'instant de la rencontre, c'est le temps du salut; le ,mot est employé 2 fois dans le texte. Ressentez-vous la joie qui a envahit le coeur de Zachée à cet instant? Cette invitation s'adresse à chacun d'entre nous, pécheur. Dieu lève son regard vers nous et nous appelle par notre nom. « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » dit le Seigneur dans l'Apocalypse.
        Pein de joie, Zachée se hâte donc de descendre, tout en regardant dans les yeux ce merveilleux ami compatissant. Ce ne sont pas les cris d'indignation et de mépris de la foule qui vont briser cet instant de communion, d'intimité avec Jésus qui lui a parlé non en dominateur ou en moralisateur, mais en frère. Comme un torrent de lumière, l'amour de Dieu s'est répandu dans le coeur de Zachée à tel point qu'un flot de repentir monte au coeur du malheureux. Tout ce qu'il a voulu accumuler durant sa vie, il va l'abandonner, tourner la page. Et ce n'est pas rien: la moitié de sa fortune aux pauvres, et à ceux qu'il a trompés, il va rendre 4 fois plus. Mais quelle libération! Ce jour-là, Jésus a accompli un miracle: ce ne sont pas les murs de Jéricho qui sont tombés, mais ceux du coeur d'un homme perdu qui s'est ouvert à la Foi.

        Et nous, avons-nous réellement rencontré Jésus ? Comment cette rencontre a-t-elle modifié notre façon de vivre, notre façon de voir les autres et le monde ? A quels changements sommes-nous appelés aujourd'hui ? Le pape François nous interpelle dans son encyclique « Laudato'Si » : « La crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure. Mais nous devons aussi reconnaître que certains chrétiens, engagés et qui prient, ont l'habitude de se moquer des préoccupations pour l'environnement...D'autres sont passifs, ils ne se décident pas à changer leurs habitudes et ils deviennent incohérents. Ils ont donc besoin d'une conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure. Vivre la vocation de protecteur de l'oeuvre de Dieu est une part essentielle d'une existence vertueuse ; cela n'est pas quelque chose d'optionnel ni un aspect secondaire dans l'expérience chrétienne. » N°217 Voici une première invitation à se convertir. Mais écoutez la suite : « Beaucoup de pauvres vivent dans des endroits particulièrement affectés par des phénomènes liés au réchauffement et leurs moyens de subsistance dépendent fortement des réserves naturelles et des services de l'écosystème, comme l'agriculture, la pêche et les ressources forestières. Ils n'ont pas d'autres activités financières ni d'autres ressources qui leur permettent de s'adapter aux impacts climatiques, ni de faire face à des situations catastrophiques. Par exemple, les changements du climat provoquent des migrations d'animaux et de végétaux qui ne peuvent pas toujours s'adapter, et cela affecte à leur tour les moyens de production des plus pauvres, qui se voient aussi obligés d'émigrer avec une grande incertitude pour leur avenir et pour l'avenir de leurs enfants. L'augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation environnementale est tragique ; ces migrants ne sont pas reconnus comme des réfugiés par les conventions internationales et ils portent le poids de leur vie à la dérive, sans aucune protection légale... Le manque de réactions    face à ces drames de nos frères et sœurs est un signe de la perte de ce sens de responsabilité à l'égard de nos semblables, sur lequel se fonde toute société civile. » N°25 Que le regard de Jésus sur nous nous aide à changer notre regard sur nos frères et sœurs qui arrivent de pays où l’on ne peut plus vivre. Que la rencontre que nous allons vivre dans cette eucharistie nous fasse changer nos habitudes de vie comme Zachée qui a su se défaire de son confort.

Jean-Jacques BOURGOIS
le 30 octobre 2017
Le Clion et Ste Marie
 



 
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