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2° dimanche de Pâques

DIMANCHE DE LA MISERICORDE DIVINE

Jn 20,19-31


Frères & Sœurs,
La semaine dernière, suscitée par l’actualité de Notre-Dame, en pleine semaine sainte, j’ai eu une conversation avec un collègue de travail qui me demandait de lui expliquer ma foi en la « résurrection ». Il ne croit pas en Dieu et pense que les religions proposent un certain « avenir » après la mort ; que les pratiquants semblent rassurés grâce à l'existence de ce quelque chose après la mort et donc que les religions répondent à un besoin d'évasion, pour échapper à notre condition de mortels. Ce qui, d’une certaine manière, est une façon de reprendre l'expression de Karl Marx qui, parlant de la religion, disait qu'elle était « l'opium du peuple. »
Cette conversation, je l'ai considérée comme un appel de quelqu'un qui cherche. Et je me suis dit que j'avais à « rendre compte de notre espérance, avec modestie et respect, à ceux qui nous en demandent raison », selon l'invitation que Saint Pierre faisait dans sa première lettre (3, 15-16) à une communauté de la première génération chrétienne. Chacun de nous, en effet, peut être amené à dire à ceux qui le lui demandent, pourquoi il croit en la résurrection... mais, pour en avoir certainement fait l’expérience, nous savons que ce n'est pas si facile que cela.
Ce qu'il y a de plus concordant, dans tous les récits totalement disparates et souvent contradictoires que les quatre évangiles nous donnent de la résurrection de Jésus, c'est le fait qu'aucun des témoins n'a accepté d'emblée de croire à ce qu'on leur annonçait. Depuis les femmes à qui les anges s'adressent, Marie de Magdala qui prend le Ressuscité pour le jardinier, l'ensemble des disciples réunis au soir de Pâques, jusqu'à Thomas qui ce soir-là, est absent et refuse les explications de ses amis, tous, absolument tous ont commencé par refuser de croire. Ce qui prouve bien que le fait même de la résurrection était quelque chose d'inouï et d'impensable. Avons-nous jamais entendu parler d'un mort qui est revenu à la vie ?
Or il va falloir que ces premiers témoins se rendent à l'évidence : Jésus, qui était mort, et bien mort, est de nouveau vivant. Evidence ? Pas si sûr que cela ! Pour Thomas, il ne suffira pas seulement d'entendre le témoignage de ses amis : il demande à voir et à toucher. Et ses amis, avant lui, dans toutes leurs rencontres avec le Ressuscité, se demanderont sans cesse s'ils ne sont pas victimes d'une hallucination collective. Il leur faudra des semaines pour qu'ils en viennent à se faire à l'idée que Jésus, leur ami, est bien le Ressuscité, et pour que Pierre, au nom de tous, l'annonce publiquement, déclarant que ce Jésus, « Dieu l'a ressuscité le troisième jour et lui a donné de manifester sa présence, non pas au peuple en général, mais bien à des témoins choisis par Dieu, à nous qui avons mangé avec lui et bu avec lui après sa résurrection.»
Finalement, nous pourrions dire à Pierre ce que Jésus a dit à Thomas : « C'est parce que tu as vu que tu as cru ! » Mais nous… ? Il n'en est pas de même. Nous sommes de tous ceux que Jésus déclare bienheureux parce que nous croyons sans avoir vu. Sur quoi donc notre foi chrétienne se base-t-elle ?
Réflexion faite, à mon collègue qui me demandait : « Pourquoi crois-tu à tout cela ? » Je lui ai répondu : « Parce qu'on me l'a dit. » Je ne sais pas si ma réponse était satisfaisante, en tout cas, elle se voulait honnête. Et vous-mêmes, pouvez-vous faire une autre réponse ?
Pas si simple… notre foi chrétienne est pure de toute preuve ; il s'agit de croire sur Parole ! C'est la seule manière de faire confiance ; confiance sans limite, comme celle qui fonde la relation d'amour entre un homme et une femme : passer toute une vie ensemble, sur la foi d'un mot, un simple mot, qu'on a dit et entendu un jour : « je t'aime ». Et bien il en est de même de notre foi : c'est la confiance qu'on fait en une parole, transmise depuis des siècles et qui m’a été répétée un jour : « Christ est ressuscité ».
Bien sûr, et de même que dans le couple humain on peut vérifier si la parole première est toujours vraie des années plus tard, de même, nous chrétiens, nous pouvons vérifier que notre foi repose sur des bases stables et solides. Si Thomas ne faisait pas confiance, Jésus est venu à lui pour l'inviter à « toucher du doigt » la réalité de la résurrection. De même, chacun de nous peut toucher du doigt que sa foi n'est pas vaine, qu'elle donne sens et valeur à sa vie quotidienne, et que « le Seigneur est avec nous », comme nous avons l'habitude de nous le redire chaque fois que nous nous retrouvons pour le célébrer.
Dieu avec nous ? Oui, « quand deux ou trois sont rassemblés » en son nom, il est là. Toute communion entre les hommes est pleine de la présence active du Christ, même si on ne le sait pas… Bien plus, il fait en nous sa demeure : sa présence est en nous une puissance de résurrection. Jésus est présent corporellement : à Thomas, il demande de le toucher. Le corps, c'est ce par quoi nous communiquons, avec l'univers et entre nous. Le corps spirituel de Jésus ressuscité c'est ce qui lui permet de communiquer plus totalement, plus parfaitement, avec l'univers et avec tous les hommes… « notre cœur n’était-il pas brûlant… » diront les disciples d’Emmaüs. Alors si Jésus est bien présent dans notre cœur, ouvrons lui grand les portes, non pour qu’il y entre, mais pour qu’il en sorte et envahisse notre corps et notre esprit !
De même, ce lien entre communion corporelle et communion spirituelle, nous sommes invités à le vivre concrètement à chaque eucharistie : après avoir dit « seigneur, Jésus christ, tu as dit à tes apôtres : je vous laisse la paix, je vous donne ma paix….. », le célébrant ou le diacre vous invite à partager un geste de Paix. Alors il ne s’agit pas de se redire un bonjour amical ou familial mais bien de manifester que « le Christ est notre paix, la paix divine !» Ce n'est pas un « signe de paix » que l'on se donne : on se donne « la Paix » par un signe ! Et c’est la Paix de Jésus lui-même et non pas la nôtre que nous transmettons et c’est bien ce que devrait exprimer le mouvement de transmission du geste de Paix, qui, partant de l’autel, du célébrant ou du diacre, se diffuse de proche en proche dans l’assemblée... la Paix du christ envahit le Corps de l’Eglise que nous formons…
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, il est dit par 3 fois : « …Jésus vient et il était là au milieu d’eux ; il leur dit : la Paix soit avec vous… ».
Alors, frères et soeurs, en ce dimanche de la Divine Miséricorde, que cette eucharistie soit pour nous l’occasion de rendre grâce à Dieu pour le don de la Foi et de la miséricorde dont il nous comble et que la paix que le seigneur ressuscité nous offre, comme il l’a fait à ses disciples, nous engage à vivre en paix avec nous-mêmes et à bâtir la Paix autour de nous en étant nous aussi des témoins vivants de la foi, de la paix et de la joie du Christ ressuscité.
Amen

Patrick JAVANAUD, diacre permanent
(avec la complicité de mes frères prêtres, diacres et de l’Esprit-Saint)
le 28 avril 2019





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