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Les Noces de toute l’humanité
Pourquoi des jeunes demandent,
aujourd’hui, à se marier à l’Eglise ? Qu’attendent-ils de ce passage
par l’église ? Ont-ils conscience du cadeau que Dieu leur fait dans le
sacrement du mariage ? Lorsqu’on leur pose la question, ils
évoquent quelque chose de l’ordre d’une protection, comme une garantie
plus ou moins magique pour leur couple. En écoutant St Jean nous
raconter cette scène des noces de Cana, on peut se rendre compte que la
présence de Jésus dans la vie du couple va bien au-delà d’une simple
protection. Bien sûr, il a sauvé la mise des jeunes mariés qui auraient
pu voir leur fête tourner au vinaigre ; mais en transformant de l’eau
toute simple en vin millésimé, il montre que par sa simple présence à
nos côtés, c’est toute la vie quotidienne qui est transformée en une
fête. Les noces, c’est tout un symbole : pour être heureux, il suffit
d’aimer et d’être aimé. Et ce vin qui se met à manquer en plein milieu
du mariage, c’est le symbole de l’amour qui finit parfois par s’épuiser
dans nos couples, dans nos familles, dans nos groupes, et parfois aussi
dans nos églises. Or, on ne peut pas vivre sans amour. Jésus est celui
qui vient se proposer pour nous en redonner. Il en est la source
intarissable : « Et ils les remplirent jusqu’au bord. »
Ce n’est pas pour rien si, en
réponse à la remarque de sa mère : « ils n’ont plus de vin » Jésus
répond : « mon heure n’est pas encore venue. » C’est pour nous inviter
à tourner notre regard vers le Jeudi Saint, lorsqu’il va consacrer le
vin en son sang. Vous le savez, l’heure de Jésus, c’est celle de sa
passion, de sa mort et de sa résurrection. « Il y avait là six jarres
de pierre, disposées pour la purification des Juifs. » De cette eau,
qui symbolise le culte ancien d’Israël, il va faire le vin de
l’Alliance nouvelle. Et si la fête était menacée, c’est parce que la
Loi était incapable de sauver notre humanité. En acceptant de vivre son
Heure, Jésus nous ouvre une fête sans fin à laquelle tous les hommes
sont conviés. Chacune de nos Eucharisties nous fait vivre par
anticipation ce festin des noces éternelles. En sa personne, vrai Dieu
et vrai homme, Dieu a épousé l’humanité, pour la diviniser, pour la
transformer, pour changer notre eau banale et fade, en vin généreux et
de grand cru. Et le sacrement du mariage, comme l’Eucharistie, signifie
et réalise cette alliance de Dieu avec l’humanité, du Christ avec
l’Eglise. « Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a
construite t’épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari,
ainsi tu seras la joie de ton Dieu. » nous a dit Isaïe.
Quelqu’un a dit que le don de
l’Esprit, ce fut le cadeau de noces de Jésus à son Eglise. C’est peut
être pour cette raison que la liturgie nous donne à lire aujourd’hui ce
passage de la 1ère aux Corinthiens où il est question des dons de
l’Esprit. « en vue du bien de tous. » C’est ce que nous chantons : «
Chacun reçoit la grâce de l’Esprit pour le bien du Corps entier. »
Reconnaître l’Esprit à l’œuvre en chacun de nos frères, c’est aussi le
reconnaître à l’œuvre dans les autres Eglises chrétiennes, en
reconnaissant à chaque confession ses particularités et ses points
forts. Dieu nous inonde de l’Esprit d’Amour. Ses trésors ne sont pas
distribués pour la satisfaction de besoins égoïstes, mais pour le
service commun. Nous ne les possédons pas tous, mais lorsque ces dons
sont mis en commun, alors tout devient possible. Tous, nous avons reçu
une parcelle de la mission à faire fructifier avec les talents qui sont
les nôtres.
De même, entre les différentes
Eglises Chrétiennes, les dons reçus sont destinés à l’édification de
l’Unique Eglise, le Corps du Christ. Mais à une condition : ne jamais
oublier que seul l’Esprit de Dieu fait l’unité dans cette diversité de
charismes ; et St Paul nous le rappelle : « les dons de la grâce sont
variés, mais c’est toujours le même Esprit. » Pour accueillir ces dons
de la grâce au service de tous, mais aussi pour reconnaître les dons
que nos frères ont reçus, et dont nous profitons, ouvrons nos cœurs par
la prière, et plus ardemment encore pendant cette semaine de prière
pour l’Unité des chrétiens. Avez-vous remarqué la formule trinitaire
que Paul utilise : «… mais c’est toujours le même Esprit…le même
Seigneur (le Christ) …le même Dieu (le Père) qui agit en tous. »
Peut-être sommes-nous invités à contempler davantage l’Amour qui
circule entre chaque personne divine, pour que, tout en étant
distinctes, elles ne fassent qu’un seul Dieu. Et si notre vocation de
chrétiens était de porter sur nos frères des autres confessions un tel
regard d’amour que notre unité soit plus apparente aux yeux du monde
que nos divisions ? Gardons en mémoire la prière que Jésus formulait en
pensant à nous la veille de sa passion : « Que tous soient un comme
toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous
eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. »
Un des dangers qui menace chaque
couple, c’est de ne plus avoir soif de se connaître, comme les
amoureux. Avec les années, chacun dans le couple croit connaître
l’autre ; chacun enferme l’autre dans l’idée qu’il se fait de lui (ou
d’elle). Et lorsque cette soif de se connaître diminue, le dialogue se
tarit, l’amour périclite ; chacun est prisonnier du regard de l’autre.
Dans le couple, comme dans l’Eglise, lorsque la fête menace de
s’achever faute de vin, Jésus propose un vin exceptionnel par sa
quantité et sa qualité. « Ont-ils tout bu ? » demandait gravement un
Père de l’Eglise en faisant allusion aux 600 litres de vin de Cana. «
Non, répondait-il, car nous en buvons encore. » Aujourd’hui, les noces
entre Dieu et l’homme se jouent de façon particulière dans la
célébration eucharistique. Chaque fois que nous célébrons ce sacrifice,
en mémoire de lui, Jésus manifeste sa gloire, et nous croyons en lui,
comme les disciples à Cana.
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent
20 janvier 2013
Le Clion, Ste Marie et La Bernerie.
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