Année C
Sommaire année C
retour vers l'accueil29° dimanche ordinaire
Il
ya quelques temps, avec des jeunes que nous accompagnions, nous
faisions un partage d’évangile, de cet évangile qui nous est proposé
aujourd’hui et un des jeunes, levant les yeux au ciel, de
conclure : « Jésus, elles sont parfois un peu compliquées tes
paraboles ! ».
Il est vrai que Jésus s’exprime souvent en
parabole pour être mieux entendu, mieux compris. Aujourd’hui, il nous
invite à la prière en nous présentant « un juge sans
justice » et sans parole, arrangeant règles et lois à son
bon-vouloir. Avec notre raisonnement et notre esprit du XXIème siècle,
cela nous paraît bien confus, obscur. Que veux-tu nous dire Jésus en
nous présentant cet homme de loi sans morale ? Comment nous
retrouver dans cette femme qui le harcèle ? Pourquoi Jésus fait-il
un tel raccourci entre ce juge sans justice et la justice Divine ?
Pendant
Longtemps les hommes, n’ayant pas la connaissance ni les moyens de
connaître les rouages de « Dame Nature », voyaient dans tous
les cataclysmes, tremblements de terre, inondations, tempêtes… une
manifestation de la colère des dieux. Évidemment, les Hébreux et les
premiers chrétiens, n’ayant pas plus de connaissances, ont attribué ces
fléaux aux colères de notre Dieu. Ne dit-on pas « Le Père
tout-puissant » dans notre credo ? Dieu est à l’origine de
tout, il est donc sensé tout régenter, corriger, punir, faire souffrir
les hommes pour le mal qu’ils ont fait ou qu’ils vont faire, pour leur
manque de foi ou d’espérance…et la justice divine, le jugement de Dieu,
ne pouvait s’imaginer que calquée sur la justice des hommes, sur notre
façon de juger chacun sur ce qu’il fait de bien ou de mal avec notre
propre échelle de valeurs allant jusqu’à attribuer des notes et des
poids sur telle ou telle action. Échelle de valeurs toute personnelle
qui évolue en fonction de la société dans la quelle nous vivons. Et
cette idée d’un Dieu qui ne saurait que dresser, châtier et punir
demeure encore trop présente dans notre temps, dans notre Église.
Et
pourtant, qu’est-ce que Jésus est venu rappeler ? Dieu aime les
hommes d’un amour sans limite. Il a accepté que son fils meure sur une
croix, victime de l’injustice criante des hommes, pour montrer, en le
ressuscitant, à ceux qui l’ont condamné et à nous aujourd’hui, que son
amour est plus puissant que la mort et qu’il offre à chaque homme le
salut d’une Vie à ses côtés. Et c’est là que réside la toute puissance
de notre Dieu : son amour inconditionnel pour chaque homme où la
seule loi sur la quelle nous serons jugés est l’amour. L’amour porté à
notre Père, porté à chaque homme, un amour que l’on aura partagé,
dévoilé, fait connaître et fait grandir, un amour vrai, fraternel,
fidèle et désintéressé.
Quand Jésus nous invite à « prier sans
se décourager » c’est sans doute déjà pour vivre cette grâce qui
est offerte : un Dieu et Père qui entend et aime ses enfants d’un
amour absolu offrant toute liberté à chaque individu. N’a-t-il pas déjà
dit à Moïse « Je te propose aujourd'hui de choisir ; ou bien
la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur (Dt 30,15) »
Et c’est que nous vivons sans arrêt encore aujourd’hui ! À chaque
instant de ma vie, j’ai à faire des choix. Comment faire le bon choix
sans qu’un éclairage « juste » vienne à mon secours pour que
mon jugement ne devienne celui de ce juge sans morale ? Choisir le
bien, renoncer au mal ; je peux penser qu’avec mes connaissances,
ma volonté, ma « bonne-volonté » je suis capable de discerner
pour faire toujours le bon choix ! Est-ce si simple ?
Saurai-je me détacher de mes contraintes, de mes émotions, de ma vision
si souvent limitée à mon entourage ou à l’immédiat? Accepterai-je de
faire ces choix en regardant autrement qu’avec les yeux du père, de la
mère, de l’enfant, du travailleur ou du chômeur que je suis ?
Comment me détacher des influences fortes des médias, du voisinage, du
regard des autres ? Pas toujours facile !
Jésus nous donne
la solution : PRIER ! Prier le Père qui est tendresse de nous
aider par son Esprit pour qu’il vienne nous conseiller et fertiliser
nos réflexions. Prier pour que nos décisions soient justes et marquées
de la justice de Dieu où la seule loi est l’amour, où la seule mesure
est la charité. Prier pour que nos solutions empruntent la même voie,
se calibrent sur cet amour offert au monde, utilisons la même balance
pour le vivre simplement, au quotidien, en vérité : « que
chaque prière soit action et que chaque action soit prière »
disait Madeleine Delbrêl.
Prier sans cesse et sans se décourager
pour que la sagesse de Dieu vienne irriguer tout notre être, chaque
choix fait, chaque acte posé, pour que notre vie ne soit pas seulement
celle d’un humain mais d’abord celle d’un enfant de Dieu qui a
confiance en son père et qui lui demande de l’aider dans ses choix,
surtout les plus difficiles « que ce ne soit pas ma volonté qui se
fasse, mais la tienne (Lc 22,42) » dira même Jésus avant la Passion.
Prier
avec une foi vive, avec la confiance d’un enfant perdu ou attristé qui
court dans les bras de son Père s’y réfugier, pour y trouver réconfort
et se refaire des forces : Le psalmiste le chantait déjà :
« Le Seigneur ton gardien, te gardera de tout mal. Il gardera ta
vie ». Encore faut-il lui demander.
« Dieu viens à mon
aide, Seigneur à notre secours » voila la phrase qu’entonnent
moines et moniales 7 à 8 fois par jour au début de chaque office, de
chaque prière. N’hésitons pas, faisons comme eux demandons, sans cesse
que notre Père nous rende forts et audacieux pour proclamer « à
temps et à contre temps » la Parole, qu’elle soit vivante et
connue des gens de notre temps et qu’ils découvrent que la justice
divine n’est que la miséricorde que notre Dieu porte à chaque homme… Et
alors, quand il reviendra, il trouvera sans doute la foi sur terre.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
pour le 17 octobre 2010
Sommaire année C
retour vers l'accueil