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Il ya quelques temps, avec des jeunes que nous accompagnions, nous faisions un partage d’évangile, de cet évangile qui nous est proposé aujourd’hui et un des jeunes, levant les yeux au ciel, de conclure : « Jésus, elles sont parfois un peu compliquées tes paraboles ! ».
Il est vrai que Jésus s’exprime souvent en parabole pour être mieux entendu, mieux compris. Aujourd’hui, il nous invite à la prière en nous présentant « un juge sans justice » et sans parole, arrangeant règles et lois à son bon-vouloir. Avec notre raisonnement et notre esprit du XXIème siècle, cela nous paraît bien confus, obscur. Que veux-tu nous dire Jésus en nous présentant cet homme de loi sans morale ? Comment nous retrouver dans cette femme qui le harcèle ? Pourquoi Jésus fait-il un tel raccourci entre ce juge sans justice et la justice Divine ?
Pendant Longtemps les hommes, n’ayant pas la connaissance ni les moyens de connaître les rouages de « Dame Nature », voyaient dans tous les cataclysmes, tremblements de terre, inondations, tempêtes… une manifestation de la colère des dieux. Évidemment, les Hébreux et les premiers chrétiens, n’ayant pas plus de connaissances, ont attribué ces fléaux aux colères de notre Dieu. Ne dit-on pas « Le Père tout-puissant » dans notre credo ? Dieu est à l’origine de tout, il est donc sensé tout régenter, corriger, punir, faire souffrir les hommes pour le mal qu’ils ont fait ou qu’ils vont faire, pour leur manque de foi ou d’espérance…et la justice divine, le jugement de Dieu, ne pouvait s’imaginer que calquée sur la justice des hommes, sur notre façon de juger chacun sur ce qu’il fait de bien ou de mal avec notre propre échelle de valeurs allant jusqu’à attribuer des notes et des poids sur telle ou telle action. Échelle de valeurs toute personnelle qui évolue en fonction de la société dans la quelle nous vivons. Et cette idée d’un Dieu qui ne saurait que dresser, châtier et punir demeure encore trop présente dans notre temps, dans notre Église.
Et pourtant, qu’est-ce que Jésus est venu rappeler ? Dieu aime les hommes d’un amour sans limite. Il a accepté que son fils meure sur une croix, victime de l’injustice criante des hommes, pour montrer, en le ressuscitant, à ceux qui l’ont condamné et à nous aujourd’hui, que son amour est plus puissant que la mort et qu’il offre à chaque homme le salut d’une Vie à ses côtés. Et c’est là que réside la toute puissance de notre Dieu : son amour inconditionnel pour chaque homme où la seule loi sur la quelle nous serons jugés est l’amour. L’amour porté à notre Père, porté à chaque homme, un amour que l’on aura partagé, dévoilé, fait connaître et fait grandir, un amour vrai, fraternel, fidèle et désintéressé.
Quand Jésus nous invite à « prier sans se décourager » c’est sans doute déjà pour vivre cette grâce qui est offerte : un Dieu et Père qui entend et aime ses enfants d’un amour absolu offrant toute liberté à chaque individu. N’a-t-il pas déjà dit à Moïse « Je te propose aujourd'hui de choisir ; ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur (Dt 30,15) » Et c’est que nous vivons sans arrêt  encore aujourd’hui ! À chaque instant de ma vie, j’ai à faire des choix. Comment faire le bon choix sans qu’un éclairage « juste » vienne à mon secours pour que mon jugement ne devienne celui de ce juge sans morale ? Choisir le bien, renoncer au mal ; je peux penser qu’avec mes connaissances, ma volonté, ma « bonne-volonté » je suis capable de discerner pour faire toujours le bon choix ! Est-ce si simple ? Saurai-je me détacher de mes contraintes, de mes émotions, de ma vision si souvent limitée à mon entourage ou à l’immédiat? Accepterai-je de faire ces choix en regardant autrement qu’avec les yeux du père, de la mère, de l’enfant, du travailleur ou du chômeur que je suis ? Comment me détacher des influences fortes des médias, du voisinage, du regard des autres ? Pas toujours facile !
Jésus nous donne la solution : PRIER ! Prier le Père qui est tendresse de nous aider par son Esprit pour qu’il vienne nous conseiller et fertiliser nos réflexions. Prier pour que nos décisions soient justes et marquées de la justice de Dieu où la seule loi est l’amour, où la seule mesure est la charité. Prier pour que nos solutions empruntent la même voie, se calibrent sur cet amour offert au monde, utilisons la même balance pour le vivre simplement, au quotidien, en vérité : « que chaque prière soit action et que chaque action soit prière » disait Madeleine Delbrêl.
Prier sans cesse et sans se décourager pour que la sagesse de Dieu vienne irriguer tout notre être, chaque choix fait, chaque acte posé, pour que notre vie ne soit pas seulement celle d’un humain mais d’abord celle d’un enfant de Dieu qui a confiance en son père et qui lui demande de l’aider dans ses choix, surtout les plus difficiles « que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne (Lc 22,42) » dira même Jésus avant la Passion.
Prier avec une foi vive, avec la confiance d’un enfant perdu ou attristé qui court dans les bras de son Père s’y réfugier, pour y trouver réconfort et se refaire des forces : Le psalmiste le chantait déjà : « Le Seigneur ton gardien, te gardera de tout mal. Il gardera ta vie ». Encore faut-il lui demander.
« Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours » voila la phrase qu’entonnent moines et moniales 7 à 8 fois par jour au début de chaque office, de chaque prière. N’hésitons pas, faisons comme eux demandons, sans cesse que notre Père nous rende forts et audacieux pour proclamer « à temps et à contre temps » la Parole, qu’elle soit vivante et connue des gens de notre temps et qu’ils découvrent que la justice divine n’est que la miséricorde que notre Dieu porte à chaque homme… Et alors, quand il reviendra, il trouvera sans doute la foi sur terre.

Patrick DOUEZ, diacre permanent
pour le 17 octobre 2010


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