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29° dimanche du Temps Ordinaire

Lc 18,1-8

Ahaa si, si et seulement si, les cris de douleurs des opprimés, les récriminations des abusées, les plaintes des personnes blessés, les souffrances des populations affamées, finissaient par faire fléchir les consciences endurcies des dirigeants ! l’Evangile de ce jour, nous interpellerait davantage sur la persévérance dans la prière. Oui, si c’était le cas, la parole de Dieu de ce dimanche, où Moïse toute la journée durant, intercède pour la victoire d’Israël, serait pour nous chrétien un signe de réconfort. Mais hélas ! sous nos tropiques frères et sœurs, les juges jamais ne répondent à la ténacité des pleurs des pauvres ; l’opiniâtreté des souffrants et leur revendications ne touchent le cœur de personnes. Alors je me demande à quoi bon croire en ce genre de parole de Dieu ? A-t-on encore besoin d’entendre ce genre de berceuse, qui tendent à nous endormir ? Le Christ ne serait-il pas en train de nous berner et de nous leurrer ? Est-ce que vraiment la persévérance, l’insistance, la confiance et l’abnégation finissent par rendre justice aux faibles et aux victimes ?

Des questions légitimes auxquelles, la 2nde lecture de ce jour nous donne réponse. « Bien aimé, rappelle Paul à Timothée, demeure ferme dans ce que tu as appris. De cela tu as acquis la certitude que toute l’Ecriture est inspirée par Dieu. » Or, qu’est-ce que cette Parole de Dieu enseigne ? si ce n’est « dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice, s’équiper pour faire le bien. ». Voilà frères et sœurs, ce sur quoi Paul insiste. Pas seulement pour son fils dans la foi, mais pour nous tous chrétiens qui avons décidé librement de suivre le Christ. C’est à nous donc, qu’il revient de rendre justice à l’opprimé ; d’apporter la consolation aux désemparés ; d’apaiser les cœurs angoissés et de guérir les âmes meurtries.  En effet, il serait facile d’accuser les dirigeants de ne pas faire leur devoir, même si nous le constatons au quotidien de nos vies. Mais qu’en est-il quand il s’agit pour nous chrétiens, disciples du Christ, autre Christ, qu’en est-il de nos devoirs de foi, que sont l’enseignement, le témoignage ? Sommes-nous vraiment d’authentiques annonceurs de la parole de Jésus ? pratiquons-nous véritablement la miséricorde dans nos jugements de chaque jour ? témoignons-nous inlassablement de notre foi en Jésus et des vertus chrétiennes dans nos milieux de vie ?

Allez-y voir les chrétiens que nous sommes, agents de services publiques en pleine corruption et vous comprendrez mon inquiétude ; Allez-y voir les chrétiens que nous sommes,  prestataires de service particulier, en train de mal accueillir les clients et vous prendrez la réelle mesure de mes interrogations; allez-y voir les chrétiens que nous sommes, prêtres, bergers, catéchistes, secrétaires, responsables de groupes et mouvements, en train de dénigrer l’autre, de le tuer par nos paroles et vous saurez la profondeur de mes doutes.

C’est à nous, frères et sœurs, à nous fidèles de Notre Dame d’Afrique, à nous ici présent, que s’adresse en ce jour, cette interpellation de l’apôtre Paul : « je t’en conjure, au Nom du règne du Christ, Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec la patience et le souci d’instruire. ». Et je le répète : « je t’en conjure frère, je t’en conjure Sœur, au Nom du Christ, Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec la patience et le souci d’instruire. ». Ce qui importe donc en fin de compte, c’est d’être pour les autres, ces juges qui leur rendent justice et apaise leur douleurs. Ce faisant, nous travaillerons à l’avènement du règne de Dieu et nous témoignerons de l’efficacité de la prière fervente. Car si Dieu agit dans la vie des hommes, c’est toujours par l’entremise d’autres hommes qu’il le fait. Soyons donc frères et sœurs bien aimés, ces outils dont Dieu se servira pour rendre notre monde plus juste. Il en va de notre propre salut.

         Que cette eucharistie nous donne les moyens d’y arriver, par le Christ Jésus notre Seigneur, qui vit et règne pour les siècles des siècles !

Amen !  

         16 octobre 2022

         Père Jean-Victoire Katchia KABLAN (Vicaire, paroisse Notre Dame d’Afrique de Biétry, Côte d’Ivoire)

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