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L’Eucharistie : c’est dire merci !
Apprendre
à dire MERCI, c’est souvent le premier signe d’éducation que les
parents veulent donner aux tout-petits. Il faut croire que la leçon
s’oublie car, bien souvent, elle ne produit plus d’effets chez les
adultes. J’ai même entendu un homme, dans un journal télévisé qui
présentait le mondial de l’automobile, qui affirmait sans
sourciller : « Dire MERCI, c’est idiot ! » Sans
souscrire à cette affirmation extrême, nous devons bien reconnaître que
dans nos relations quotidiennes, avec l’entourage familier, le MERCI ne
va pas de soi. Alors, lorsqu’il s’agit de nos relations avec Dieu !
Nous
savons mettre Dieu à contribution pour qu’il nous aide à résoudre les
difficultés de la vie, et c’est bien de lui demander son aide. Nous
intercédons aussi souvent pour les autres, pour ceux qui nous sont
chers. Mais nous arrive-t-il de lui dire MERCI. Un bienfait est si vite
oublié. Dix lépreux sont guéris ; un seul vient dire MERCI.
Sur
le chemin qui le mène à Jérusalem, c'est-à-dire à sa passion, Jésus
croise 10 lépreux qui lui crient leur détresse. Ils souffrent autant
dans leur corps que dans leur âme, car cette maladie les met non
seulement en marge de la société qu’ils sont condamnés à fuir en criant
« Impur ! Impur ! », mais elle les écarte
douloureusement de Dieu qui, disait-on, leur a envoyé ce châtiment. A
bonne distance, pour respecter la loi, les voici qui crient :
« Jésus, maître, prends pitié de nous. » Ils ne demandent pas
la guérison ; osent-ils seulement l’espérer ? mais leur
demande montre qu’ils font confiance à Jésus pour leur donner le
meilleur. Et lorsque Jésus leur dit : « Allez vous montrer
aux prêtres. », c’est encore avec confiance qu’ils se mettent en
marche. Seuls les prêtres étaient habilités à constater leur guérison
et à les réintégrer dans la société, et cette invitation de Jésus avait
sûrement retenti à leurs oreilles comme une promesse de guérison. C’est
dans la foi qu’ils se mettent en route, et ils sont purifiés. Je pense
que beaucoup parmi nous ont déjà vécu quelque chose d’analogue :
on vous demande un service, une mission vous est confiée, vous avez une
tâche à réaliser pour laquelle vous ne vous sentez pas à la hauteur.
Mais parce que vous pensez que c’est réellement un appel du Seigneur,
vous décidez d’accepter et vous vous mettez en route ; et vous
vous apercevez que les compétences qui vous manquaient s’acquièrent au
fur et à mesure où vous avancez. La confiance, c’est un premier niveau
de la Foi.
Dix lépreux sont guéris, mais un seul est sauvé !
Parce qu’il a fait demi-tour. En « voyant qu’il était guéri, il
revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix. » Autant dire
qu’il s’est converti ! Tout hérétique qu’il est aux yeux des
Juifs, le Samaritain sait bien que la vie, la guérison viennent de
Dieu. Alors, au lieu d’aller se montrer aux prêtres pour être
réintégré, il commence par venir dire MERCI, et « il se jette face
contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. » ce qui est
une attitude réservée à Dieu. Ce Samaritain vient de rencontrer le
Messie. « Et les neuf autres ? » demande Jésus. Eux
n’ont pas fait demi-tour. Ils ont pourtant rencontré le Messie, eux
aussi… mais ils ne l’ont pas reconnu. Le salut est pour tous les
hommes, et bien souvent, ce ne sont pas ceux qui s’en croient le plus
proche qui l’accueille le mieux. « Il est venu chez les siens et
les siens ne l’ont pas reconnu. » dit St Jean. La reconnaissance,
c’est le 2ème niveau de la Foi.
Ce qui fait la différence entre les
chrétiens et le reste de l’humanité qui a aussi été guérie par le
Christ, c’est que les chrétiens reconnaissent de quelle misère ils ont
été sauvés et par qui. « Souviens-toi de Jésus Christ, le
descendant de David : il est ressuscité d’entre les morts, voilà
mon Evangile. » nous dit Paul. L’homme oublieux ne reconnaît pas
l’œuvre de son Sauveur, et il déserte l’eucharistie. L’action de grâce
n’est ouverte qu’à celui qui fait mémoire des dons reçus. Elle est cet
élan du cœur, cette réponse d’amour qui précipite le croyant aux pieds
de Jésus pour le remercier du salut obtenu. Beaucoup de nos
contemporains qui se disent croyants, mais pas pratiquants, sont en
réalité « mal croyants » comme le disait Mgr Hippolyte Simon.
Ils ont le 1er niveau de Foi : ils font confiance à Dieu pour les
protéger, mais ils ne savent pas dire MERCI !
Vous savez que le
mot eucharistie vient du verbe grec eucharistein qui signifie rendre
grâce, remercier. Peut-être sommes-nous trop habitués aux dons reçus,
au point de ne plus les voir. Tout peut être occasion de louange et
d’action de grâce : la vie reçue, l’amitié partagée, les joies
quotidiennes, le parfum d’une fleur, la splendeur d’un paysage… Et plus
que tout : la certitude d’être les enfants bien-aimés du Père,
ressuscité avec le Christ, baignés dans son Esprit d’Amour. Dans cette
Eucharistie, offrons nous nous-mêmes en Action de grâce pour ne plus
faire qu’un avec le Christ. Il est tout entier Action de grâce, louange
à son Père, parce qu’il est le Pauvre qui se reçoit tout entier de Lui.
Que notre vie soit louange et MERCI, et tout nous sera donné.
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.
Le Clion, Ste Marie et Pornic
Le 10 octobre 2010
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