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28° dimanche du Temps Ordinaire



2R 5, 14-17 ; Ps 97 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19

        Remercier une personne qui nous a rendu service ou qui nous a sorti d’une mauvaise passe ? quoi de plus naturel dira-t-on ? Et pourtant, rien n’est automatique. La confiance et la reconnaissance s’éduquent. Les parents savent bien qu’il faut apprendre à leurs jeunes enfants à dire merci, mais ils ne retiennent pas toujours la leçon… et que dire des adultes ? Les jeunes qui viennent célébrer leur mariage à l’église demandent à Dieu de les protéger, de les aider dans la difficulté, mais oublient souvent de dire merci à Dieu pour l’amour déjà partagé et vécu ensemble.

         Les textes de ce jour nous relatent la rencontre de dix lépreux avec Jésus et la guérison d’un général Syrien, Naaman, qui va se plonger sept fois dans le Jourdain pour guérir de sa lèpre… Ils font confiance à la parole et sont guéris.

        Rien de spectaculaire dans l’attitude de Jésus qui ne fait pas de gestes particuliers, contrairement à d’autres guérisons, comme celle de de l’aveugle né où Jésus met de la boue sur ses yeux ou celle du sourd-muet où il met de la salive sur la langue. Ici, il n’y a qu’une parole. Tout paraît simple.

 

         La simplicité ce n’est pas ce qu’avait prévu Naaman : Il était parti avec une lettre de recommandation du roi de Syrie au Roi d’Israël pour obtenir sa guérison… Celui-ci l’oriente vers Elisée. Il se présente donc chez le prophète en grande pompe, sur son char, avec son escorte et ses cadeaux. Il attend à la porte, et c’est un simple serviteur qui lui dit : « mon maître te fait dire que tu dois aller te plonger sept fois de suite dans l’eau du Jourdain, et tu seras purifié. » Drôle d’accueil pour ce général, qui s’était dit : « Sûrement, il sortira, se présentera, puis il invoquera le nom de Yahvé son Dieu, il agitera la main sur l’endroit malade et délivrera la partie lépreuse. » Très en colère, Naaman reprend le chemin de Damas… mais ses serviteurs lui disent : « Mon père, si le prophète t’avait prescrit quelque chose de difficile, ne l’aurais pas tu fait ? Combien plus, quand il te dit : « baigne-toi et tu seras purifié. » Naaman se ravise et descend jusqu’au Jourdain pour s’y plonger sept fois… C’est le début du texte du jour… Guéri il retourne chez Elisée pour le remercier et lui offrir des cadeaux, ce qu’Elisée refuse.

        Beau récit qui met en évidence les points suivants parfaitement d’actualité pour nous :

-              Rien ne se passe comme l’avait prévu Naaman. Elisée ne se déplace pas pour rencontrer Naaman, mais envoie son serviteur lui trans mettre sa parole. Les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins.

-              Rien d’ostentatoire : le geste simple de se baigner dans le Jourdain. Dieu surprend, laissons-nous conduire par Lui.

-              Ce geste est fait sur la parole du prophète. Dieu ne demande pas des choses extraordinaires, mais seulement la confiance en sa parole.

-              Sans ses serviteurs, le général n’aurait pas été guéri. Ceux qui nous entourent ou que l’on rencontre, souvent les plus petits, sont des relais ou des médiateurs pour rencontrer Dieu.

-              Naaman vient remercier Elisée, mais il comprend bien que le prophète n’est qu’un intermédiaire et que c’est Dieu qui l’a guéri.

-      I        l repart avec ses cadeaux, car le don de Dieu est gratuit et ne se marchande pas.

 

    Dans l’évangile, ce sont dix lépreux qui viennent à la rencontre de Jésus. Mais ils restent à distance, car ils sont exclus des bien-portants et ne peuvent se mêler à la foule. Tous les dix crient pour être entendus : « Jésus, maître, prends pitié de nous ». Qu’espèrent-t-ils de Jésus, alors que leur maladie est considérée à l’époque comme un châtiment de Dieu ? Une parole de réconfort, la guérison ? On ne le sait pas, mais ils font confiance. Et lorsque Jésus leur dit : « allez vous montrer au prêtre », ils se mettent en route, avec l’espoir d’être guéris. En effet, les lépreux devaient se montrer aux prêtres pour que leur guérison soit reconnue, et être ainsi réintégrés dans la société. Tout commence ici par la rencontre et la confiance en la parole de Jésus qui les guérit et leur ouvre un chemin de vie. C’est un premier stade de la Foi.

Guéris, ils ne sont plus maintenant dix lépreux, mais neuf juifs qui reprennent leur vie ordinaire et recommencent à fréquenter le temple, et un samaritain en marge, considéré comme hérétique, qui reconnaît l’action de Dieu dans sa vie. En chemin, celui-ci fait demi-tour et revient sur ses pas. Il se retourne, il se convertit. Jésus peut alors lui dire : « relève toi et va : ta Foi t’a sauvé. » Les autres lépreux ont aussi rencontré Jésus, mais ne l’ont pas reconnu. Le propre du chrétien c’est de reconnaître de quelles misères et de quelles maladies le Christ nous sauve.

Les dix lépreux de l’évangile ont été purifiés, mais un seul est revenu dire merci à Jésus : « Voyant qu’il était guéri, il revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix. » Au lieu d’aller se montrer immédiatement aux prêtres, il commence par venir dire « merci », « il se jette face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. » « Or, c’était un samaritain », Et Jésus s’étonne, « Tous les dix n’ont-t-ils pas été purifiés ? Où sont passés les 9 autres ? Il ne s’est trouvé que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ». Ce samaritain, comme Naaman le Syrien, fait successivement l’expérience de trois moments essentiels d’un parcours de Foi : d’abord, faire confiance en la Parole, être touché, transformé, guéri par la mise en œuvre de la parole. Ensuite reconnaître la guérison comme un don de Dieu. Enfin, dire merci et rendre grâce.

 

La parole de Dieu libère l’homme de ce qui l’enchaîne. Et Saint Paul nous dit depuis sa prison : « On n’enchaîne pas la parole de Dieu », Elle est efficiente, elle permet de supporter l’épreuve et conduit au salut. Les dix lépreux sont libérés, ils ne sont plus des exclus, et renouent les liens brisés par la maladie et l’isolement. La parole de Dieu est une parole d’amour qui brise les murs, les frontières, les exclusions, et qui construit des liens de fraternité, de bienveillance et de paix. Dans ce monde qui est dur, où les hommes dressent des murs pour se protéger des migrants ou de la misère, relayons les paroles du Pape François qui nous rappelle les exigences de l’évangile. Les textes de ce jour soulignent que ce sont des étrangers qui font ce chemin de Foi et qui rendent gloire à Dieu. Accueillir les étrangers, les respecter dans leur dignité, leur donner des conditions de vie digne, voilà trois exigences que l’on retrouve tout au long de la Bible.

Yves MICHONNEAU, Diacre permanent

Paroisse bienheureux Célestin et Michel en val de Cens

Le 9 octobre 2022




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