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    Remercier une personne qui nous a rendu service ? Faire confiance à son médecin et lui dire merci quand on est guéri, quoi de plus naturel dira-t-on ? Et pourtant, rien d’automatique. La confiance et la reconnaissance s’éduquent. Les parents savent bien qu’il faut apprendre à leurs jeunes enfants à dire merci, mais ils ne retiennent pas toujours la leçon… et que dire des adultes ? Les jeunes qui viennent célébrer leur mariage à l’église demandent à Dieu de les protéger, de les aider dans la difficulté, mais oublient souvent de dire merci à Dieu pour l’amour déjà partagé et vécu ensemble.
    Dans les textes de ce jour, ce sont des évènements de la vie qui sont relatés. Il s’agit de lépreux atteints d’un mal incurable, et qui font confiance : à la Parole du prophète Elisée pour Naaman ; à la parole de Jésus, pour le groupe des dix,. Cette parole les met en route, les purifie, mais combien retournent dire merci ? Seulement deux étrangers, le Syrien et le samaritain: ils sont sensibles à la miséricorde de Dieu qui les sauve de leur maladie et de leur exclusion sociale.

    Sur la route vers Jérusalem, dix lépreux viennent à la rencontre de Jésus, mais restent à distance, car ils sont exclus des bien-portants et ne peuvent se mêler à la foule. Tous les dix crient pour être entendus : « Jésus, maître, prends pitié de nous ». Qu’espère-t-ils de Jésus, alors que leur maladie est considérée à l’époque comme un châtiment de Dieu ? Une parole de réconfort, la guérison ? On ne le sait pas, mais ils font confiance. Et lorsque Jésus leur dit : « allez vous montrer au prêtre », ils se mettent en route, avec l’espoir d’être guéris ; tout comme Naaman le général Syrien qui accepte d’aller au Jourdain et de s’y plonger sept fois pour obéir au prophète Elisée. Tout commence par une rencontre  et la confiance en la parole de Jésus. C’est un premier stade de la Foi.
Vivre sa foi au Christ, c’est reconnaître l’action de Dieu dans notre vie. Pour cela,  il faut prendre du recul, se retourner, prendre le temps de regarder notre vécu. Naaman, le général Syrien l’a fait « en retournant chez l’homme de Dieu », il s’est converti ; ainsi que le lépreux samaritain qui revient sur ses pas. Jésus peut alors lui dire : « relève toi et va : ta Foi t’a sauvé. » Les autres lépreux ont aussi rencontré Jésus, mais ne l’ont pas reconnu. Les dix ont été guéris, mais un seul est sauvé. Le propre du chrétien c’est de reconnaître de quelles misères et de quelles maladies, il est sauvé et par qui : « Le salut est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle » nous dit saint Paul. La reconnaissance des bienfaits de Dieu est un pas de plus dans la démarche du croyant.
Les dix lépreux de l’évangile ont été purifiés, mais un seul est revenu dire merci à Jésus : En « voyant qu’il était guéri, il revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix. » Au lieu d’aller se montrer aux prêtres pour être réintégré dans la communauté, il commence par venir dire « merci », « il se jette face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. » « Or, c’était un samaritain », Et Jésus s’étonne, « Tous les dix n’ont-t-ils pas été purifié ? Où sont passés les 9 autres ? Il ne s’est trouvé que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ». Ce samaritain, comme Naaman, fait successivement l’expérience de trois moments essentiels d’un parcours de Foi : d’Abord, faire confiance à Jésus, en sa parole. Ensuite reconnaître la guérison comme un don de Dieu. Enfin, lui dire merci et  rendre grâce.

    La parole de Dieu libère l’homme de ce qui l’enchaîne. C’est bien ce que nous dit Saint Paul de sa prison : « On n’enchaîne pas la parole de Dieu », elle permet de supporter l’épreuve et nous conduit au salut. Les dix lépreux sont libérés, ils ne seront plus au ban de la société quand les prêtres auront constaté leur guérison, ils ne seront plus des exclus, et renoueront les liens brisés par la maladie et l’isolement. La parole de Dieu est une parole d’amour qui brise les murs, les frontières, les exclusions, et qui construit des liens de fraternité, de bienveillance et de paix. Dans ce monde qui est dur, où les murs se dressent pour se protéger des migrants ou de la misère, relayons les paroles du Pape François qui nous rappelle les exigences de l’évangile. « Cette parole est digne de foi, » nous dit Saint Paul et on ne « l’enchaine pas », même dans un monde hostile !
Les textes de ce jour soulignent que ce sont des étrangers qui font ce chemin de Foi et qui rendent gloire à Dieu. Accueillir les étrangers, les respecter dans leur dignité, leur donner des conditions de vie digne, voilà trois exigences que l’on retrouve tout au long dans la bible.
 Depuis quelques semaines l’Etat tente de mettre en œuvre des accueils, des hébergements dignes de ce nom, pour loger des migrants entassés dans différents camps notamment Calais. Dans les communes concernées par ces accueils, les décisions de relocalisation des migrants provoquent des manifestations d’opposition ou de bienvenue, y compris en Loire-Atlantique. Des chrétiens sont un peu désorientés par cette situation, partagés entre des interrogations sur les conséquences de ces hébergements sur la vie locale et les valeurs de fraternité indissociables de leur Foi chrétienne.
Le Secours Catholique – Caritas France -, le service national de la Pastorale des migrants appelle chacun à montrer, dans ces circonstances, le visage de la fraternité et de l’entraide. Le Secours catholique met en garde, je cite : «  Des responsables politiques incitent la population à s’opposer, par tous les moyens, à la création de ces centres d’accueil. Ils font appel aux sentiments les plus bas pour susciter la peur, le rejet, le repli, le refus de ceux qui fuient la guerre et la violence de leur pays… Or la France a accueilli une partie bien modeste de migrants, comparativement à d’autres Etats, et est parfaitement en mesure de « prendre sa part » et d’organiser convenablement l’accueil des quelques milliers de réfugiés réduits à vivre dans des campements de fortune. » Les média nous ont montré des images de ces situations inhumaines !
 Les communautés chrétiennes sont invitées, conformément à l’Evangile, à se mobiliser auprès de leurs élus, avec les associations et structures d’accueil, pour encourager les mesures de solidarité avec les plus pauvres ; et, pour favoriser, en complément de l’effort des pouvoirs publics, un accueil digne des réfugiés dans un partage chaleureux et citoyen. En cette année de la miséricorde, ne restons pas indifférents à la misère de nos frères qui sont contraints de fuir leurs pays et qui frappent à notre porte.

Yves MICHONNEAU, diacre permanent
9 octobre 2016

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