L’Evangile
nous
dit que Jésus marche vers Jérusalem en traversant la région entre la
Samarie et la Galilée. Nous savons ce que signifie cette démarche. Jésus
l’accomplit, il ne doute pas de l’issue, mais réalise avec cœur et
fidélité la
mission que son Père lui a
confiée.
Jésus,
contrairement à la plupart de ses contemporains
juifs n’hésite pas à s’approcher de la Samarie, cette province
“excommuniée“
depuis des siècles par les autorités du Temple de Jérusalem car elle fut
une “colonie
de peuplement“, selon le langage d’aujourd’hui, au moment de la grande
déportation,
et est toujours demeurée hérétique aux yeux des cercles religieux dudit
temple.
Jésus ne crains pas
d’y être présent. Souvenons-nous du bel
épisode de la rencontre avec la Samaritaine où il va entamer un dialogue
avec
elle, à la grande surprise de la femme elle-même, ce qui va amener
celle-ci à
convertir son cœur.
Jésus
nous montre ainsi qu’il faut aussi sortir de nos cercles habituels pour
être
d’authentiques évangélisateurs. Rappelons nous qu’à la fin de l’évangile
de Marc,
les disciples sont envoyés aux extrémités de la terre, ces extrémités,
qui avec
les moyens de communications actuels, sont désormais à notre porte.
Interrogeons-nous, pour moi, quelles
sont les “samaries“ où je n’ose pas m’aventurer pour
transmettre
le message évangélique ?
Voici
que s’avancent vers Jésus des proscrits
parmi
les proscrits, des lépreux. Si la lèpre est une maladie physique, dans
la
Bible elle est souvent présentée comme une conséquence du péché mais
Jésus
surpassera cette interprétation.
Le lépreux du fait
de la contagion possible est exclu de la
vie communautaire. Il vit à l’écart, hors du village, s’annonce par une
sonnette ou par des cris et se nourrit de ce que l’on veut bien lui
donner..Bref il est le plus exclu des exclus, le plus pauvre des
pauvres.
Ce sont dix de ces
proscrits qui s’avancent vers Jésus.
Comme il se doit ils se tiennent à distance mais crient vers lui “
Jésus,
maitre, prends pitié de nous “.Ce n’est même pas la demande explicite de
leur
guérison mais d’avoir pitié
de leur état
détestable. Ils mêlent à la fois une demande concernant leur cœur et
leur corps.
Nous
aussi
nous reprenons parfois cette expression pour demander à Dieu de nous
venir en aide quand c’est difficile.
Les moines
orthodoxes, et beaucoup d’autres après eux, en
ont fait une prière que l’on appelle la “prière de Jesus“ et qui
consiste à
redire sans cesse “Seigneur Jésus prend pitié de moi pécheur“ en
égrenant une sorte
de chapelet en laine ou en cordon appelé tchotki en russe. Ils demandent
donc
en permanence l’aide du Seigneur.
En
apparence,
Jésus ne répond pas à la demande des lépreux, “allez vous montrer
aux prêtres“. Bien sûr ces hommes savent que c’est auprès de ceux-ci
qu’ils doivent
passer pour constater qu’ils sont aptes à être réintégrés dans la
société s’ils
sont guéris physiquement. Un rituel très précis est énoncé dans le livre
du
Lévitique au chapitre 14
qui relève à la
fois de la purification physique
et du
pardon du péché.
Sur
ce
dernier point, on parle parfois de la lèpre du péché dans notre vie. Pas
facile
de la reconnaître ou de l’admettre, pourtant le péché est présent dans
notre
vie et se sont les paroles de Dieu par le ministère du prêtre dans
le Sacrement de Réconciliation qui
peuvent nous purifier pleinement et nous rendre à nouveau en pleine
communion
avec notre Dieu si riche en tendresse et fidélité.
Tous
les
lépreux vont donc poursuivre leur route, sans doute vers les prêtres,
mais
l’un d’eux découvre qu’il est guéri et rebrousse chemin en chantant la
gloire
de Dieu. Il vient rendre grâce. C’est un Samaritain.
Jésus a exaucé,
Jésus a guéri mais
finalement dans la discrétion, durant
leur cheminement. C’est par la Parole de Dieu qu’ils ont été guéris
comme Naaman
l’avait été par l’action de Dieu à travers le Prophète Elisée. (notre
première
lecture)
Souvent
nous
présentons à Dieu des demandes de tous ordres et nous souhaiterions que
sa
réponse soit immédiate voire même spectaculaire.
En
ce
dimanche où nous rendons grâce à Dieu pour les 45 ans de la Communauté
du
Cœur de Jésus qu’avec mon épouse nous créions à l’automne 1977, je peux
et je
veux affirmer qu’à travers la prière, Dieu apporte beaucoup de guérisons
du cœur,
de l’esprit mais aussi du corps. Oui Dieu manifeste encore aujourd’hui
son
Amour Misericordieux.Osons le prier, osons le supplier, et si nous le
pouvons,
faisons le avec des frères et sœurs dans un accompagnement et un soutien
réciproque.
. C’est un grand mystère mais la logique
de Dieu par son Esprit dépasse infiniment la nôtre.
Le
lépreux,
le Samaritain, rend grâce pour la guérison reçue. Rendre grâce,
devrait être la première attitude lorsque je reçois de Dieu, mais aussi
à
travers l’un ou l’autre,
une aide, un conseil,
un secours.
Rendre grâce
c’est-à-dire remercier. Le Pape François a une formule
à proposer pour que la vie en famille soit bonne, mais cela s’applique
plus
globalement dans la vie en société,“s’il vous plait, merci ,pardon “Vous
l’avez
certainement déjà entendue énoncée mais elle est tellement fondamentale
pour
que la vie collective soit meilleure, que la vie spirituelle se
fortifie.
Savoir remercier Dieu mais
aussi savoir
le faire dans la vie courante à l’égard de l’autre. Chaque expression,
s’il te
plait, merci, pardon, est une marque de l’attention que l’on porte à la
personne et nous conduit sur le chemin pour apprendre à aimer.
Rendre grâce à Dieu
c’est lui dire que nous l’aimons. Remercier
quelqu’un c’est le considérer en bienfaiteur qui mérite considération
comme il
nous a considéré.
A
la vue du seul Samaritain, Jésus ne peut s’empêcher de remarquer que les
neuf
autres lépreux ne sont pas revenus dire merci. Bien sûr nous pourrions
les incriminer
mais pouvons-nous leur jeter la première pierre ? Quand quelque
chose
d’heureux nous arrive ne sommes-nous pas tentés d’abord de nous en
attribuer le
mérite et d’oublier que nous avons demandé,
voire supplié l’Esprit saint, de nous
venir en aide.
Alors
pourquoi
ne pas faire nôtre
cette prière de St Bernard de Clairvaux :
“Heureux celui qui
remercie
du fond du cœur, même pour
les moindres bienfaits,
dans la pensée que tout ce qu’il reçoit est un don purement gratuit. Il
prépare
une plus large place à la grâce en son âme“(sermon 27).
En ce dimanche,
demandons à la Sainte Vierge Marie de nous
accompagner. Dans la foi, celle qui a sauvé le lépreux, demandons, à ce
Dieu
qui reste fidèle comme nous le rappelle Saint Paul, oui demandons
au cours de cette eucharistie, qui est une
action de grâce, que nos cœurs s’ouvrent encore davantage pour
accueillir le
don de l’Amour de Dieu pour le partager avec nos frères et sœurs en
humanité.
(Sources diverses)
Georges RENOUX, Diacre
Permanent
Basilique du Sacré Cœur
de
Marseille
Le 09 octobre 2022