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28° dimanche du Temps Ordinaire


Alors que notre année liturgique avance vers la fin de l’année de la Miséricorde qui nous était proposée et dont nous pouvons encore  vivre pleinement, nous cheminons  tout au long de l’évangile de Saint Luc avec Jésus qui se rend à Jérusalem. Nous, chrétiens, savons ce que signifie cette démarche. Jésus l’accomplit, il ne doute pas de l’issue, mais réalise avec cœur la mission que son  Père lui a confiée.
Nous savons que Jésus, contrairement à la plupart de ses contemporains juifs n’hésite pas à s’approcher de la Samarie, cette province “excommuniée“ depuis des siècles par les autorités du Temple de Jérusalem car elle fut une “colonie de peuplement“, selon le langage d’aujourd’hui, au moment de la grande déportation, et est toujours demeurée hérétique aux yeux des cercles religieux dudit temple.
Jésus ne crains pas d’y être présent. Souvenons-nous du bel épisode de la Samaritaine où il va entamer un dialogue avec elle, à la grande surprise de la femme elle-même, ce qui va amener sa conversion du cœur.
     Jésus nous montre ainsi qu’il faut aussi sortir de nos cercles habituels pour être d’authentiques évangélisateurs. Rappelons nous qu’à la fin de l’évangile de Marc, les disciples sont envoyés aux extrémités de la terre, ces extrémités, qui avec les moyens de communications actuels, sont désormais à notre porte.
Alors, pour moi, quelles sont les “samaries“ où je n’ose pas m’aventurer ?
     Près de cette terre hostile de Samarie voici que s’avancent vers Jésus des  proscrits parmi les proscrits, des lépreux. Si la lèpre est une maladie physique, dans la Bible elle est souvent présentée comme une conséquence du péché. Souvenons-nous d’un autre épisode de la vie de Jésus où son entourage lui demande si c’est le malade de la lèpre qu’il vient de guérir ou ses parents qui ont péché.
Le lépreux du fait de la contagion possible est exclu de la vie communautaire. Il vit à l’écart, hors du village, s’annonce par une sonnette ou par des cris et se nourrit de ce que l’on veut bien lui donner..Bref il est le plus exclu des exclus, le plus pauvre des pauvres.
Ce sont dix de ces proscrits qui s’avancent vers Jésus. Comme il se doit ils se tiennent à distance mais crient vers lui “prends pitié de nous “.Ce n’est même pas la demande explicite de leur guérison mais d’avoir  pitié de leur état détestable. Mélange à la fois d’une demande concernant leur cœur et leur corps.
Nous aussi nous répétons souvent cette expression pour demander à Dieu de nous venir en aide sous divers motifs.
Les moines orthodoxes, et beaucoup d’autres après eux, en ont fait une prière que l’on appelle la “prière de Jesus“ et qui consiste à redire sans cesse “Seigneur Jésus prend pitié de moi pécheur“ en égrenant une sorte de chapelet en laine ou en cordon appelé tchotki en russe. Ils demandent donc en permanence l’aide du Seigneur.
En apparence, Jésus ne répond pas à la demande des lépreux, “allez vous montrer aux prêtres“. Bien sûr ces hommes savent que c’est auprès de ceux-ci qu’ils doivent passer pour constater qu’ils sont aptes à être réintégrés dans la société s’ils sont guéris physiquement. Un rituel très précis est énoncé dans le livre du Lévitique au chapitre  14 qui relève à la fois de la purification  physique.et du pardon du péché.
Sur ce dernier point on parle parfois de la lèpre du péché dans notre vie. Pas facile de la reconnaître ou de l’admettre, pourtant quelque fois elle est présente dans notre vie et se sont les paroles de Dieu par le ministère du prêtre  dans le Sacrement de Réconciliation qui peuvent nous purifier pleinement et nous rendre à nouveau en pleine communion avec notre Dieu si riche en tendresse et fidélité.
Tous les lépreux vont donc poursuivre leur route, sans doute vers les prêtres, mais l’un d’eux découvre qu’il est guéri et rebrousse chemin en chantant la gloire de Dieu. Il vient rendre grâce
Jésus a exaucé, Jésus a guéri  mais finalement dans la discrétion, durant leur cheminement. C’est par la Parole de Dieu qu’ils ont été guéris comme Naaman l’avait été par l’action de Dieu à travers le Prophète Elisée.
Souvent nous présentons à Dieu des demandes de tous ordres et nous souhaiterions que sa réponse soit immédiate voire même spectaculaire. Cela arrive parfois mais le plus souvent Dieu fait son œuvre  avec beaucoup de discrétion et dans le temps. Il nous demande la fidélité, il nous demande la patience mais il ne nous oublie pas et si sa réponse n’est pas toujours celle attendue .Saint Paul nous a dit que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. C’est un grand mystère mais la logique  de Dieu par son Esprit dépasse infiniment la nôtre.
Le lépreux, le Samaritain, rend grâce pour la guérison reçue. Rendre grâce, est-ce ma première attitude lorsque je reçois de Dieu, mais aussi à travers l’un  ou l’autre, une aide, un conseil, un secours.
Rendre grâce c’est-à-dire remercier. Le Pape François a une formule à proposer pour que la vie en famille soit bonne, mais cela s’applique plus globalement dans la vie en société,“s’il vous plait, merci ,pardon “Vous l’avez certainement déjà entendue énoncée mais elle est tellement fondamentale pour que la vie collective soit meilleure, que la vie spirituelle se fortifie. Savoir  remercier Dieu mais aussi savoir le faire dans la vie courante à l’égard de l’autre. Chaque expression, s’il te plait, merci, pardon est une marque de l’attention que l’on porte à la personne et nous conduit sur le chemin pour apprendre à aimer.
Rendre grâce à Dieu c’est lui dire que l’on l’aime. Remercier quelqu’un c’est le considérer en bienfaiteur qui mérite considération comme il nous a considéré.
Jésus ne peut s’empêcher de remarquer que les neuf autres lépreux ne sont pas revenus dire merci. Bien sûr on pourrait les incriminer mais pouvons-nous leur jeter le première pierre ? Quand quelque chose d’heureux m’arrive ne suis-je pas tenté d’abord de m’en attribuer le mérite et d’oublier que j’ai demandé, voire supplié l’Esprit saint, de me venir en aide.
Alors pourquoi ne pas  faire  nôtre cette prière de St Bernard de Clairvaux :
“Heureux celui qui remercie du fond  du cœur, même pour les moindres bienfaits, dans la pensée que tout ce qu’il reçoit est un don purement gratuit. Il prépare une plus large place à la grâce en son âme“(sermon 27).
En ce dimanche, dans la foi, celle qui a sauvé le lépreux, demandons, à ce Dieu qui reste fidèle comme nous le rappelle Saint Paul, oui demandons  au cours de cette eucharistie, qui est une action de grâce, que nos cœurs s’ouvrent encore davantage pour accueillir le don de l’Amour de Dieu pour le partager avec nos frères et sœurs en humanité.

(sources diverses)     
         
Georges RENOUX, diacre Permanent
Basilique du Sacré Cœur de Marseille
Le 09 octobre 2016

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