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Alors que notre année liturgique avance vers la fin de l’année de la
Miséricorde qui nous était proposée et dont nous pouvons encore
vivre pleinement, nous cheminons tout au long de l’évangile de
Saint Luc avec Jésus qui se rend à Jérusalem. Nous, chrétiens, savons
ce que signifie cette démarche. Jésus l’accomplit, il ne doute pas de
l’issue, mais réalise avec cœur la mission que son Père lui a
confiée.
Nous savons que Jésus, contrairement à la plupart de ses contemporains
juifs n’hésite pas à s’approcher de la Samarie, cette province
“excommuniée“ depuis des siècles par les autorités du Temple de
Jérusalem car elle fut une “colonie de peuplement“, selon le langage
d’aujourd’hui, au moment de la grande déportation, et est toujours
demeurée hérétique aux yeux des cercles religieux dudit temple.
Jésus ne crains pas d’y être présent. Souvenons-nous du bel épisode de
la Samaritaine où il va entamer un dialogue avec elle, à la grande
surprise de la femme elle-même, ce qui va amener sa conversion du cœur.
Jésus nous montre ainsi qu’il faut aussi
sortir de nos cercles habituels pour être d’authentiques
évangélisateurs. Rappelons nous qu’à la fin de l’évangile de Marc, les
disciples sont envoyés aux extrémités de la terre, ces extrémités, qui
avec les moyens de communications actuels, sont désormais à notre porte.
Alors, pour moi, quelles sont les “samaries“ où je n’ose pas m’aventurer ?
Près de cette terre hostile de Samarie voici
que s’avancent vers Jésus des proscrits parmi les proscrits, des
lépreux. Si la lèpre est une maladie physique, dans la Bible elle est
souvent présentée comme une conséquence du péché. Souvenons-nous d’un
autre épisode de la vie de Jésus où son entourage lui demande si c’est
le malade de la lèpre qu’il vient de guérir ou ses parents qui ont
péché.
Le lépreux du fait de la contagion possible est exclu de la vie
communautaire. Il vit à l’écart, hors du village, s’annonce par une
sonnette ou par des cris et se nourrit de ce que l’on veut bien lui
donner..Bref il est le plus exclu des exclus, le plus pauvre des
pauvres.
Ce sont dix de ces proscrits qui s’avancent vers Jésus. Comme il se
doit ils se tiennent à distance mais crient vers lui “prends pitié de
nous “.Ce n’est même pas la demande explicite de leur guérison mais
d’avoir pitié de leur état détestable. Mélange à la fois d’une
demande concernant leur cœur et leur corps.
Nous aussi nous répétons souvent cette expression pour demander à Dieu de nous venir en aide sous divers motifs.
Les moines orthodoxes, et beaucoup d’autres après eux, en ont fait une
prière que l’on appelle la “prière de Jesus“ et qui consiste à redire
sans cesse “Seigneur Jésus prend pitié de moi pécheur“ en égrenant une
sorte de chapelet en laine ou en cordon appelé tchotki en russe. Ils
demandent donc en permanence l’aide du Seigneur.
En apparence, Jésus ne répond pas à la demande des lépreux, “allez vous
montrer aux prêtres“. Bien sûr ces hommes savent que c’est auprès de
ceux-ci qu’ils doivent passer pour constater qu’ils sont aptes à être
réintégrés dans la société s’ils sont guéris physiquement. Un rituel
très précis est énoncé dans le livre du Lévitique au chapitre 14
qui relève à la fois de la purification physique.et du pardon du
péché.
Sur ce dernier point on parle parfois de la lèpre du péché dans notre
vie. Pas facile de la reconnaître ou de l’admettre, pourtant quelque
fois elle est présente dans notre vie et se sont les paroles de Dieu
par le ministère du prêtre dans le Sacrement de Réconciliation
qui peuvent nous purifier pleinement et nous rendre à nouveau en pleine
communion avec notre Dieu si riche en tendresse et fidélité.
Tous les lépreux vont donc poursuivre leur route, sans doute vers les
prêtres, mais l’un d’eux découvre qu’il est guéri et rebrousse chemin
en chantant la gloire de Dieu. Il vient rendre grâce
Jésus a exaucé, Jésus a guéri mais finalement dans la discrétion,
durant leur cheminement. C’est par la Parole de Dieu qu’ils ont été
guéris comme Naaman l’avait été par l’action de Dieu à travers le
Prophète Elisée.
Souvent nous présentons à Dieu des demandes de tous ordres et nous
souhaiterions que sa réponse soit immédiate voire même spectaculaire.
Cela arrive parfois mais le plus souvent Dieu fait son œuvre avec
beaucoup de discrétion et dans le temps. Il nous demande la fidélité,
il nous demande la patience mais il ne nous oublie pas et si sa réponse
n’est pas toujours celle attendue .Saint Paul nous a dit que tout
concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. C’est un grand mystère mais
la logique de Dieu par son Esprit dépasse infiniment la nôtre.
Le lépreux, le Samaritain, rend grâce pour la guérison reçue. Rendre
grâce, est-ce ma première attitude lorsque je reçois de Dieu, mais
aussi à travers l’un ou l’autre, une aide, un conseil, un secours.
Rendre grâce c’est-à-dire remercier. Le Pape François a une formule à
proposer pour que la vie en famille soit bonne, mais cela s’applique
plus globalement dans la vie en société,“s’il vous plait, merci ,pardon
“Vous l’avez certainement déjà entendue énoncée mais elle est tellement
fondamentale pour que la vie collective soit meilleure, que la vie
spirituelle se fortifie. Savoir remercier Dieu mais aussi savoir
le faire dans la vie courante à l’égard de l’autre. Chaque expression,
s’il te plait, merci, pardon est une marque de l’attention que l’on
porte à la personne et nous conduit sur le chemin pour apprendre à
aimer.
Rendre grâce à Dieu c’est lui dire que l’on l’aime. Remercier quelqu’un
c’est le considérer en bienfaiteur qui mérite considération comme il
nous a considéré.
Jésus ne peut s’empêcher de remarquer que les neuf autres lépreux ne
sont pas revenus dire merci. Bien sûr on pourrait les incriminer mais
pouvons-nous leur jeter le première pierre ? Quand quelque chose
d’heureux m’arrive ne suis-je pas tenté d’abord de m’en attribuer le
mérite et d’oublier que j’ai demandé, voire supplié l’Esprit saint, de
me venir en aide.
Alors pourquoi ne pas faire nôtre cette prière de St Bernard de Clairvaux :
“Heureux celui qui remercie du fond du cœur, même pour les
moindres bienfaits, dans la pensée que tout ce qu’il reçoit est un don
purement gratuit. Il prépare une plus large place à la grâce en son
âme“(sermon 27).
En ce dimanche, dans la foi, celle qui a sauvé le lépreux, demandons, à
ce Dieu qui reste fidèle comme nous le rappelle Saint Paul, oui
demandons au cours de cette eucharistie, qui est une action de
grâce, que nos cœurs s’ouvrent encore davantage pour accueillir le don
de l’Amour de Dieu pour le partager avec nos frères et sœurs en
humanité.
(sources diverses)
Georges RENOUX, diacre Permanent
Basilique du Sacré Cœur de Marseille
Le 09 octobre 2016
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