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Lc 16,19-31

Journée mondiale du migrant et du réfugié

En préparant cette homélie, je n’ai cessé d’être habité par cette terrible photo, prise sur une plage turque, le 02 septembre 2015, du petit Aylan, enfant syrien de 3 ans, gisant sans vie face contre le sable, dans ces vêtements de petit garçon. Il vient d’être retrouvé non loin d’autres corps, dont celui de Galip, son frère de 5 ans, et celui de sa mère, Rehan. Seul Abdullah, son père, a été retrouvé vivant. Celui-ci vient de vivre, dans sa chair, ce que peut être l’enfer sur terre.

Cette année, notre pape François, qui, on le sait eut le courage d’effectuer en avril 2016 un déplacement bouleversant au milieu d’un camp de réfugiés sur l’île de Lesbos, a souhaité donner comme thème à cette journée « Construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés ». Il souhaite, en cette journée 2022, souligner l’implication que nous sommes tous appelés, en tant que chrétiens, à avoir dans la construction d’un avenir qui réponde au projet de Dieu sans exclure personne. Sans doute a-t-il encore en tête les mots qu’il avait prononcés en 2016 en revenant de Lesbos « Puissent tous nos frères et sœurs en ce continent européen, comme le bon samaritain, venir à votre aide dans l'esprit de fraternité, de solidarité et de respect pour la dignité humaine, qui a caractérisé sa longue histoire.» Car, conclut-il «il est facile à certains d'ignorer la souffrance des autres ». Et sans aucun doute, en parlant du risque qu’il y a à ignorer la souffrance des autres, fait-il une référence explicite au texte de l’Evangile de ce jour.

Dans ce texte, il est question de Lazare. Pauvre parmi les pauvres, dépouillé de tout, mais couvert d’ulcères, que seuls les chiens osent encore approcher. Il est aussi question d’un « homme riche », comblé de biens matériels, mais démuni de toute attention pour ce pauvre hère qui git devant son portail. Mais vous l’aurez peut-être remarqué, dans ce texte, Lazare, qui ne possède rien, a un nom. Et le riche, qui dispose de tout, n’en n’a pas. Et je crois qu’on peut y voir une indication très claire, de ce qui trouve grâce aux yeux de Dieu.

Cet Evangile, que la Liturgie nous propose en ce dimanche journée mondiale du migrant et du réfugié, nous donne, par la parabole de Lazare et de l’Homme riche un double enseignement que nous pouvons méditer.

Le 1er, est dans ce que Jésus souligne de l’attitude de l’Homme riche. Là aussi il faut noter que ce n’est pas son opulence que le Christ reproche à cet Homme. Il la décrit, non pour la critiquer, mais pour mettre en évidence la manière dont celui qui en bénéficie, en dispose. Et il nous montre l’égoïste indifférence de celui qui fait des festins somptueux alors qu’à quelques mètres de lui, à son propre portail, un être humain miséreux se meurt de faim, et de saleté. Il fait écho aux paroles du prophète Amos entendu en 1ère lecture : « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion, vautrés sur leurs divans, qui ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ». L’enseignement du Christ, comme celui du prophète, est clair : Ce n’est pas la richesse qui fait le mal, mais l’usage qu’on choisit d’en faire. L’opulence n’est pas un péché, mais l’indifférence à la souffrance de l’autre, conduit l’homme à sa perte, à la souffrance éternelle.

Le 2ème, est dans ce que représente Lazare. Sa pauvreté, nous n’en connaissons pas l’origine. Qui était-il avant, nous ne le savons pas. Est-il un Homme de bien ? Cela ne nous ait pas dit. Lazare est seulement un être humain, qui vit une situation d’extrême précarité et qui, par les hasards de l’existence, et le destin de ses propres migrations, se trouve gisant au pied d’un portail. Mais Lazare, celui qui n’a rien, a pourtant quelque chose d’essentiel à donner à l’Homme riche : une occasion de salut. Ce qu’il est, ce qu’il vit, aurait pu donner à celui qui croit n’avoir besoin de rien, la clé qui lui aurait ouvert les portes de la Joie éternelle. Pour peu qu’il ait simplement accepté d’entrouvrir les yeux, et d’ouvrir son cœur. 

Le message du pape en cette journée du migrant et du réfugié est « Construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés ». Le message de ce texte d’Evangile pourrait être « construire notre avenir, en ce monde et en celui d’après, en sachant ouvrir nos bras et nos cœurs pour nos sœurs et frères qui aujourd’hui, sont contraints de migrer et de se réfugier ». Au sein de nos quartiers, de nos paroisses, au sein du diocèse, par exemple en lien avec les acteurs de la pastorale des migrants qui lancent et portent tant d’initiatives de fraternité et de solidarité, nous en avons de multiples occasions.

Je voudrais conclure en vous partageant une prière que notre Pape nous propose pour cette journée :

« Seigneur, fais de nous des porteurs d’espoir afin que, là où sont les ténèbres, règne ta lumière, et que, là où il y a résignation, renaisse la confiance dans l’avenir.

Seigneur, fais de nous des instruments de ta justice, afin que, là où il y a exclusion, fleurisse la fraternité, et que, là où il y a de la cupidité, prospère le partage.

Seigneur, fais de nous des bâtisseurs de ton Royaume, ensemble avec les migrants, les réfugiés et avec tous les habitants des périphéries.

Seigneur, fais-nous apprendre combien il est beau de vivre tous comme des frères et sœurs »

 

Puisse cette prière nous aider, quelques soient nos richesses, nos opulences et nos conforts, à ne jamais fermer les yeux sur la misère qui peut frapper à nos portes. La porte de nos pays, la porte de nos paroisses, la porte de nos maisons, la porte de nos cœurs. Et qu’elle nous donne cette énergie de la charité chrétienne qui nous fera tendre la main à tous les Lazare couchés sur le pas de nos portes.

 

Olivier RABILLOUD, diacre permanent

Paroisse Mère Teresa En Sud Loire – 25 Aout 2022

 

 




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