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Lc 15,1-32

La miséricorde (latin miseris cor dare « donner son cœur au pauvre »), miséricorde paternelle, miséricorde divine avec toute sa force, son étendue, sa gratuité et la confiance qui la précède … il nous faut bien toutes ces lectures : l’Exode, Saint-Paul, l’évangile, pour que chacune et chacun d’entre nous ne doutent pas de cette énergie, cette bonté et cette douceur de Dieu ! Jésus va même nous offrir trois paraboles pour que, en fonction de notre personnalité, notre sensibilité, de ce qui nous interpelle ou nous touche, nous puissions tous : vous comme moi, votre voisine, mon voisin, tous être convaincus que la miséricorde, manifestation d’un amour infini et gratuit d’un Père qui nous aime profondément, intensément, que cette miséricorde, est bien pour moi, pour toi, toi et toi … pour tous… miséricorde librement offerte dans une confiance sans faille. Cette disposition, cette orientation, cet agir reste pour nous un modèle, un exemple que nous sommes invités à vivre, à notre tour, avec ceux qui nous entourent : famille, paroisse, travail, société… tous ceux que je croise au milieu du monde. Agir qui m’engage aussi avec tous ceux que juge… peut-être un peu trop vite, ceux qui m’agacent et m’exaspèrent et même ceux qui me tourmentent car « la miséricorde l’emporte sur le jugement » écrit Saint-Jacques dans sa lettre.

Impatients, soupçonneux, imbus de leur petit pouvoir, doutant même de ce Dieu qui leur a pourtant rendu la liberté, les hébreux coulent or et argent, en une statue de veau qu’ils vont adorer, comble de l’idolâtrie les renvoyant aux anciennes croyances barbares et mortifères. Dieu pourrait, légitimement, s’enflammer contre eux ! Mais Moïse, leur guide, se fait médiateur et donne à Dieu de révéler sa miséricorde. Et ce Père qui aime…… pardonne. Aujourd’hui encore il continue d’accompagner et de soutenir ce peuple mais aussi nous et tous ceux qui l’appellent.

 Pour moi aujourd’hui, quelle est mon idole, où sont mes démons : le temps, l’argent, le travail, les réseaux-sociaux, la dépendance, le sectarisme ?

……..

Dans un face-à-face passionné avec Jésus, Paul va vivre une étonnante conversion. Lui qui se reconnaît profondément pécheur, la miséricorde gracieusement et abondamment reçue, le révèle apôtre du Christ dévoilant la force de son Esprit-Saint vivant en lui comme il l’est en nous. Libre de vivre le péché oui mais libre de recevoir la miséricorde pour la vie à venir !

 Suis-je assez humble avec assez de foi pour repousser le doute et vivre pleinement cette miséricorde qui m’est offerte, en recevoir la joie et la célébrer ?

…….

Enfin, cet évangile : pris à partie par des pharisiens et des scribes pour ses relations avec des personnes ordinaires, Jésus dévoile trois paraboles. 

Celle du berger qui laisse en plan tout le troupeau pour chercher celle qui lui manque… et qui manquent inévitablement aux autres. 

 Suis-je convaincu que, moi, si petit, si insignifiant, je peux manquer à Dieu mon père pour qu’il soit pleinement heureux …mai aussi à mes sœurs et mes frères ?

 

Celle de cette femme qui retourne toute sa maison pour retrouver cette pièce, une petite fortune pour elle et partage sa joie quand elle la retrouve.  

 Mon Dieu, ce Père aimant, m’a donné sa vie, ne fait-il pas tout : rencontres, signes, appel de l’Esprit, des hommes, de l’Église pour manifester son besoin de moi ?

……

Et enfin, pour finir celle du fils prodigue et du père prodigue. Car autant le fils va perdre rapidement l’héritage, autant son père offrira les gestes du pardon et sa miséricorde va au-delà de la vie dissolue. Tout faire… tout faire pour dire que son amour n’est pas ébréché et qu’il reste toujours aussi intense !

Magnifique parabole où chacun de nous peut y trouver sa place, révélant notre faiblesse humaine et notre ambivalence mais aussi les forces qui m’habitent quand j’ose ne pas compter que sur moi.

 Ne suis-je pas parfois, ce jeune fils demandant à Dieu, mon père, tout son amour et l’instant d’après refuser de le partager avec des personnes que je n’en juge pas digne ? Ou bien ce fils aîné blessé parce que je juge injuste de ne pas être mieux traité que l’autre… alors que je fais tout dans les règles ? Mais en même temps, cette mère, ce père, qui, sans hésiter, accueille et chérit celui qui l’a blessé et revient à lui ? 

Cet accueil, ce pardon, cette miséricorde ne doivent pas rester au niveau paternel ou filial cela doit déjà se vivre fraternellement, ici, entre nous. 

Mais il reste une dimension de la miséricorde …celle de vivre la miséricorde pour soi-même… en ouvrant mon cœur au pauvre que moi je suis ! Évidemment, il ne s’agit pas de s’auto-juger pour s’auto-pardonner, mais d’accepter de se pardonner, de se réconcilier avec soi. Bien sûr ça ne se vit pas seul mais accompagné (homme, femme, prêtre…) pour, avec celui ou celle qui m’accompagne, plonger, ensemble, gratuitement dans la miséricorde libératrice, bienfaitrice, de ce Père tendre et sensible. 

Rappelons-nous, enfin que Dieu nous a fait un son image, capable d’aimer, d’être aimé et de vivre la miséricorde si l’on a l’humilité de s’appuyer sur son Esprit, de s’ajuster à Jésus notre frère et l’audace de reconnaître que l’Esprit travaille en nous pour un monde meilleur.

Pitié pour moi mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde efface mon péché. Lave-moi de ma faute et purifie-moi de mon offense. Crée en moi un cœur pur et ma bouche annoncera ta louange.


Patrick DOUEZ, diacre permanent

le 11 septembre 2022



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