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23° dimanche du Temps Ordinaire

Sg 9, 13-18 ; PS 89 ; Phi (1, 9b-10.12-17) ; Lc (14, 25-33)


    Les paroles du Christ peuvent nous surprendre voire nous choquer : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Jésus nous demande de Le préférer en premier. Jésus ne dit pas de ne pas aimer sa femme, son mari, son frère, ses parents. Lui-même n’a jamais manqué de tendresse et de respect à l’égard de ses parents, ni d’amitié pour ses disciples ; mais il a toujours donné la préférence à son Père, quitte à ne pas être compris sur le moment : A 12 ans, en revenant du temple de Jérusalem, n’a-t-il pas dit à ses parents qui l’avaient perdu et qui étaient dans l’inquiétude : « ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? » Et Marie gardait tout cela dans son cœur.
    Marcher à la suite de Jésus est un chemin exigeant. Sur ce chemin nous avons une lumière qui éclaire et donne sens à notre vie. Cette lumière c’est le Christ. Mais dans le brouhaha et les obscurités de nos vies, cette lumière devient parfois discrète, voire invisible. Alors discerner la volonté de Dieu n’a rien d’évident, pourtant les textes de ce jour nous y invitent…

    Préférer Jésus n’est pas la voie de la facilité. Ce chemin comporte la croix, mais il est d’une richesse incroyable quand on regarde Jésus lors de sa vie terrestre avec les hommes et les femmes de son temps. La plus grande partie des évangiles relate les relations de Jésus avec ses compatriotes juifs, les samaritains et les païens et le lien très particulier et très fort avec son Père. Ce lien avec son Père est premier et indispensable pour se faire proche des hommes et des femmes de son temps et leur annoncer la bonne nouvelle. Avant les moments cruciaux de sa vie terrestre, Jésus se met à l’écart pour prier son Père. Regarder, contempler, méditer les actes de la vie de Jésus nous donne la clé sur cette préférence exigée par Jésus.
Jésus ne nous demande pas de renoncer à l’amour filial ou conjugal, mais de marcher à sa suite en disciple. Ce chemin nécessite une préférence et des renoncements, car nos amours sont souvent entachés d’accaparement, d’égoïsme, de puissance… Le préférer, c’est se conformer davantage à lui, chaque jour, pour vivre un amour qui soit don à l’autre, aux autres… Suivre le Christ, c’est s’engager sur un chemin de conversion qui nous mène vers le haut ; c’est inventer sa propre route à la suite de Jésus qui est « Le chemin, la vérité et la Vie ». Préférer Jésus, c’est se référer à Lui, c’est marcher avec Lui pour qu’il nous éclaire, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs….  Préférer Jésus, donne sens à notre vie et nous procure de vrais moments de joie et de paix.

    Sur les chemins de nos vies, il y a des choix à faire. Discerner la volonté de Dieu, voilà la grande question abordée au livre de la Sagesse : « Et qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? ».
Accueillir L’Esprit Saint, c’est d’abord « Ouvrir nos cœurs à son amour, se laisser rassasier de son amour au matin » comme nous le dit le psaume. C'est-à-dire, se décentrer de nous-même, prendre du recul par rapport à nos soucis immédiats pour contempler Dieu. Prendre le temps de s’arrêter, de remettre les choses à leur place, dans la lumière du Seigneur, de prier. Se situer devant Dieu, humblement, se mettre à l’écoute de son Esprit n’est-ce pas l’attitude première pour discerner la volonté du Seigneur ? C’est le contraire de se laisser aller, et de croire, qu’avec le temps, tout s’arrangera sans rien faire. Voilà ce qui alourdit notre esprit, appesantit notre âme, nous dit le livre de la Sagesse.
    Suivre le Christ se construit dans le temps, et demande de la réflexion et de la prière. C’est à chacun de tracer son chemin, avec l’aide de son intelligence et de la lumière de l’Esprit Saint. L’Evangile nous rappelle qu’il faut s’asseoir, poser les fondations, mesurer nos possibilités et nos limites : le Christ ne nous demande rien d’impossible, rien au-dessus de nos forces, mais seulement de mettre nos charismes et nos dons au service de Dieu et des autres.... Mais nous savons tous que nos vies connaissent des épreuves et des moments difficiles. Le disciple du Christ sait que son chemin est un chemin de vie qui passe nécessairement par la croix. « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut pas être mon disciple. » dit Jésus.
    Enfin, sur le chemin du Christ, il y a inévitablement la rencontre de l’autre : Regarder l’autre avec le regard du Christ, en particulier s’il est différent par sa culture, son pays d’origine, sa couleur de peau, sa situation sociale ou sa religion. Ainsi saint Paul invite Philémon à considérer Onésime, non plus comme son esclave, mais comme un frère bien aimé… Avec le Christ, nous sommes frères dans notre diversité, nous ne formons qu’une seule famille humaine ; c’est ensemble que nous avançons vers le Royaume de Dieu.

 Dans la suite de nos jours, nous ne sommes, souvent, pas meilleurs que les disciples endormis à Gethsémani ou que Pierre qui a trahi… Mais nous savons que rien n’est perdu dans un parcours chrétien. Nous pouvons toujours nous remettre en route sur le chemin de Jésus, car la miséricorde du Père est infinie. Au fil des évènements heureux ou malheureux de notre vie, nous pouvons nous appuyer sur le Christ ; et si nous nous sommes éloignés de Lui, Il nous donne toujours la possibilité de revenir et choisir à nouveau son chemin.

Yves Michonneau, diacre permanent
8 septembre 2019
Paroisse St Léger Ste Bernadette d’Orvault



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