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23° dimanche ordinaire

Sg 9, 13-18 ; PS 89 ; Phi (1, 9b-10.12-17) ; Lc (14, 25-33)


Frères & Soeurs,
Luc nous rapporte aujourd’hui que : « Celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. ». Etonnantes paroles de Jésus, qui nous soulageraient bien si elles étaient adressées aux seuls apôtres, mais c’est bien « tourné vers la foule » que Jésus parle ainsi. Il n’y a donc pas d’équivoque, ce message s’adresse bien à tous ceux qui veulent devenir chrétiens.
Oh ! bien sûr, il serait facile d’adoucir le propos en précisant que renoncer à tout ne signifie pas rejeter son père, sa mère, son mari, sa femme et ses enfants, mais plutôt préférer Jésus à tout, par-dessus tout le reste, pour que son amour inonde nos amours, que sa façon d'aimer colore l’amour que nous portons à nos parents, enfants, conjoint et frères et sœurs. Ceci est évidemment très juste, mais alors que veulent nous dire ces deux paraboles ?
Pour entrer dans la profondeur d’un texte biblique, il est toujours intéressant de le remettre dans son contexte littéraire ; le texte que nous venons d’entendre fait immédiatement suite à la parabole des invités au festin qui trouvent des excuses pour ne pas y participer (Luc 14, 16 -24). Les invitations sont alors élargies aux pauvres, estropiés de la vie et malheureux. Mais si tous sont invités au repas, c’est à chacun d’y répondre personnellement car Jésus a besoin de notre consentement personnel pour pouvoir nous servir, chacun notre tour, comme le rappelle Luc au chapitre 12. Et c’est là que ça se corse et que nous retrouvons l’Evangile de ce jour ! En effet, il est relativement simple de suivre Jésus au sein d’une foule, cela n’engage pas trop. Mais être son disciple est une autre paire de manche ! Il s’agit d’une affaire personnelle.
C’est pourquoi dans le passage d’aujourd’hui, Jésus répète trois fois l’expression « … ne peut pas être mon disciple » et qu’il ajoute la parabole de la tour, histoire de nous inviter à prendre le temps d’en évaluer l’investissement. Si Jésus nous invite ainsi à cette prudence avant d’envisager le projet de le suivre, c’est qu’il veut que nous prenions bien conscience, nous aussi, de la hauteur que constitue l'entreprise d’être son disciple. Parce que c’est avant tout une affaire de cœur ! C’est bien ce qu’il reprochait aux personnes qu’il a invité à son festin et qui ne venaient pas : ils n’ont pas perçu que c’est une histoire de relation avec lui ! C’est comme s’il nous disait à chacun : "Regarde où l'amour te mène, oui assieds-toi pour en évaluer les conséquences, mais ne t'effraye pas de la dépense, et laisse toi emporter par mon élan, car celui qui me suit, ne marchera pas dans les ténèbres". C’est une histoire de cœur et de confiance en Lui. Voilà ce qui nous fera sortir de l’anonymat de la foule pour devenir de véritables disciples de Jésus.
Or, nous sommes aujourd’hui le 8 septembre et, même si l’on ne connait pas la date exacte de la naissance de Marie, on la fête aujourd’hui et il m’a semblé intéressant de nous pencher un instant sur sa vie. Cette fête de la Nativité de Marie est importante car elle nous parle de l’enracinement de Jésus dans notre humanité. Marie est Mère de Dieu, mais elle est aussi notre Mère, et c’est dans ce double rôle de mère que nous la connaissons tous, et que nous l’aimons tous, chacun à notre manière. 
Regardons ensemble Marie car elle a vécu comme nous et surtout comme la plupart d’entre vous mesdames, une vie de femme et de mère. Et c’est justement cela qui nous fascine : Marie est une femme ordinaire, une fille d’Israël qui a vécu ces deux vocations : Fille de Dieu et Mère de Dieu.
 
Marie a été proclamée Mère de Dieu par le concile d’Ephese en 431. Tous les chrétiens du monde, qu’ils soient protestants, orthodoxes, ou catholiques proclament Marie mère de Dieu ; ceci n’est pas d’abord un sujet de gloire pour elle-même, mais une reconnaissance de la divinité de Jésus, que le plus grand concile de l’antiquité chrétienne a proclamé.
C’est parce que Marie a dit « Oui » tout simplement à l’envoyé de Dieu le jour de l’annonciation qu’elle est devenue la mère de Jésus, sans trop savoir tout ce qui l’attendait ; mais quelle maman aujourd’hui sait d’avance ce que sera son enfant ?
Marie a fait confiance en l’avenir en se disant que si Dieu voulait qu’elle soit mère, elle pouvait l’accepter afin que le projet de Dieu se réalise. C’est une histoire de cœur et de confiance en Lui. 
Pour comprendre Marie comme femme, comme épouse, puis comme mère, il faut lire l’évangile et admirer tout ce que nous en disent les apôtres.
Joseph et Marie furent ensemble de simples parents responsables, qui ont voulu faire de leur fils un homme, celui qui sauvera le monde ; c’est une histoire de cœur et de confiance en Lui.
Pendant des années Marie joue son rôle de mère attentive qui éduque son enfant, elle l’élève pour faire de Jésus un adulte, comme chaque maman ici présente a fait avec son enfant : elle lui apprend à lire, elle lui apprend à prier, elle lui apprend à écouter les besoins et les désirs des autres, bref elle lui apprend la vie ; c’est une histoire de cœur et de confiance en Lui.
Au début de la vie publique de Jésus, Jean nous présente Marie aux noces de Cana : pour la première fois elle intervient et demande à Jésus de faire ce qu’il peut pour aider ses amis ; Marie ne fait pas de miracle, elle intervient seulement pour demander et intercéder, et Jésus obéit à sa Mère. C’est à cette occasion, qu’elle prononce l’une des phrases, qui me semble des plus importantes, quand elle s’adresse au serviteur, comme à moi aujourd’hui, en disant au nom de Jésus : « Fais tout ce qu’il te dira »…
Mais l’évangile d’aujourd’hui nous propose une deuxième parabole : celle des deux rois ! Si la parabole de la tour nous invite à bien évaluer les coûts pour devenir le disciple de Jésus, la parabole des deux rois nous enseigne combien il est important d’évaluer le « contre coût » qu’il y aurait à ne pas devenir Son disciple.
Jésus ne laisse planer aucun doute sur le fait que l’autre roi est plus puissant que nous. Être disciple du Christ peut signifier le renoncement à de nombreuses choses / idées qui nous sont chères, mais ne pas être disciple du Christ peut entrainer la perte de beaucoup plus encore. C’est en particulier la possibilité de passer à côté de sa vie parce que nous aurons abdiqué devant l’adversaire et que nous lui aurons rendu les armes. Or, au fond de nous chacun connaît les adversaires qu’il doit combattre ; reste à déterminer si nous pouvons remporter le combat ? C’est une histoire de cœur et de confiance en Lui.
Et bien Jésus nous assure que ce combat ne se gagne qu’avec Lui, que par Lui et en Lui… C’est Lui qui se donne à chaque eucharistie pour nous aider à construire la tour de notre vie et qui combat avec nous pour faire reculer le mal. Chaque jour, Marie nous dit : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Aujourd’hui nous nous sommes assis pour réfléchir, pour calculer, pour faire des choix qui engagent durablement l’avenir. Saurons-nous entendre cet appel et accepter l’invitation de Jésus à sortir de la foule et à devenir son disciple ? À chacun de répondre personnellement, c’est une histoire de cœur et de confiance en Lui !
Amen.

Patrick JAVANAUD diacre permanent
(avec la complicité de mes frères prêtres, diacres et de l’Esprit-Saint)
8 septembre 2019



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