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22° dimanche du Temps Ordinaire

Si 3, 17-18.20.28-29 ; Ps 67 ; He 12, 18-19.22-24a ; Lc 14, 1a.7-14

L’Evangile de ce dimanche, nous montre Jésus participant à un repas. Il serait intéressant de relever dans les Evangiles, tous les repas auxquels le Seigneur a participé jusqu’à l’ultime repas, celui de la dernière Cène, par lequel il institue le sacrement de l’Eucharistie. Nous pourrions aussi relever toutes les paraboles qui mettent en scène un festin, et croyez-moi, ils sont nombreux… Que ce soit dans l’Ancien testament, les Evangiles synoptiques ou apocryphes et les Actes des Apôtres !!!

Cependant, le repas de cet Evangile n’est pas ordinaire ; c’est celui du Sabbat, c’est-à-dire un repas de fête et il ne se déroule pas chez un homme  « quelconque », mais chez un personnage important, un chef des pharisiens, un « grand monsieur » de la société religieuse de l’époque.

Pour les érudits des écritures Saintes, c’est souvent à l’occasion de ces repas en société, que le Seigneur avait l’habitude d’enseigner. Évidemment, il ne le faisait pas à la manière d’un cours théorique mais plutôt en partant de situations concrètes.

Dans cet évangile d’aujourd’hui, on nous rapporte que Jésus commence d’abord à observer les invités, un par un, et remarque que ceux-ci choisissent tous la meilleure place, c’est à dire les premières. C’est en partant de ce constat, que le Seigneur va nous enseigner.

Si nous ne tenons pas compte de sa conclusion, « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ». Cette parabole n’est qu’un enseignement empli de sagesse, de bon sens et même quelque part de calcul humain. Jésus n’invente rien. La tradition de la sagesse dans l’Ancien Testament donnait déjà des conseils similaires, notamment dans le livre des Proverbes au chapitre 25, je cite : « Ne fais pas l’important devant le roi, ne te mets pas au milieu des grands : mieux vaut qu’on te dise : « Monte ici ! Que de te voir rabaissé en présence du prince ».

Par conséquent, on peut se demander où réside la nouveauté du propos de Jésus ? Et bien, je pense qu’elle réside, en ce que Jésus situe sa réflexion dans le contexte d’un repas de Noces. En d’autres termes, Jésus se rapporte à l’eschatologie, c’est-à-dire à la fin des temps, cette règle de convenance exprimés dans le livre des Proverbes.

De fait, quand nous nous présenterons devant le Seigneur, il sera pour nous inutile, de prétendre nous revêtir d’un quelconque mérite, pour prétendre à une place dans le Royaume de Dieu. Car l’amour de Dieu est gratuit.

Finalement, participer au festin des Noces du Seigneur, cela signifie pour nous de participer à la vie de Dieu, qui est un don gratuit de sa part pour nous ; autrement dit, tout savant calcul pour prendre la dernière place, en vue d’être admis à s’avancer, se révélerait inutile ce jour-là, car il reposerait sur la conviction dissimulée d’une quelconque dignité de notre part qui nous donnerait un éventuel « droit d’entrée dans le Royaume ».

« Prendre la dernière place », comme nous y invite Jésus, signifie d’être en totale vérité devant le Seigneur. La vérité, c’est que nous ne serons jamais dignes d’entrer dans le Royaume et de prendre part au festin des Noces de l’Agneau, à cause du péché... Dieu seul, en nous faisant miséricorde, nous permettra de nous y avancer afin d’y être admis !!!

Cela nous rappelle d’ailleurs ce que nous avons entendus dans l’évangile de dimanche dernier : « il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ». Alors oui, cette parabole peut devenir une exhortation à cultiver en nous la vertu de l’humilité. Vertu nécessaire pour celui et celle qui veut devenir disciple de Jésus-Christ.

Sainte Thérèse d’Avila disait « l’humilité, c’est la vérité ». En effet, l’humilité naît du regard que je porte sur moi-même, et qui me fait connaître aux autres, ce que je suis dans ma condition de pécheur et de créature, par rapport à Dieu Créateur mais aussi par rapport à mes frères et sœurs en humanité.

Il est évident, que je suis « homme » et non pas « Dieu », même si je suis à l’image de Dieu, puisque j’ai été créé par Lui, cependant, je suis pécheur et j’ai besoin d’être sauvé par Dieu mon Sauveur.

Une telle vérité, loin de nous écraser, nous libère pour mieux aimer et nous élève jusqu’à la charité qui est la vie même de Dieu.

Saint Augustin, l’un des Pères de l’Église, dont c’est la fête aujourd’hui disait : « Où est l’humilité, là est la charité » ; Ce qui signifie que ceux qui revêtent l’humilité dans leurs rapports humains cherchent d’abord le bien de leurs frères et prennent la dernière place. À la suite du Christ, ils entrent dans la dynamique du don qui est le moteur même de la vie divine : « Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes ».

Je pense que l’enjeu de cette parabole, n’est pas tant la recherche ou non de la première place, mais bien de l’attitude de disponibilité du coeur de chacun et celle à adopter pour être digne de celui qui nous invite.

Que chacun d’entre-nous puisse trouver sa véritable place sans s’interroger sur ce qu’il aura à rendre ; c’est déjà entrer dans une dynamique de la gratuité de la rencontre qui rejaillit sur tous les invités, et qui permette de nous ouvrir à de nouvelles façons de concevoir la réponse, à une invitation qui nous aient faite, et à la compréhension des intentions de notre hôte.

Chers amis, la fin de l’été et la rentrée toute proche offrent bien des occasions pour des moments conviviaux, en particulier, la fête de la paroisse que nous partagerons ici-même, le 11 septembre prochain ; Il est donc primordial que les hiérarchies s’effacent au profit de la fraternité à vivre entre-tous.

Amen.


Fabrice TACONNET, diacre permanent

Le 28 août 2022






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