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21° dimanche du Temps Ordinaire

«Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui soient sauvés?» Question pour un champion!  Cette question inquiète, d’un anonyme dans la foule d’un village que Jésus traverse en faisant route vers Jérusalem, vers sa Passion, c’est aussi une interrogation personnelle pour chacun de nous - pas forcément chaque matin en se rasant - mais une question essentielle, existentielle : Est-ce que moi je serai sauvé? Est-ce que je serai de ce nombre ?

Autrement dit: est-ce qu’on ira tous au Paradis ? Ou seulement un petit nombre d’élusC’est ce que pensent encore aujourd’hui certaines sectes : selon une lecture littérale de l’Apocalypse,  il n’y aurait que 144 000 élus : 12 000 de chacune des 12 tribus d’Israël. Uniquement des saints, des purs, des irréprochables. 12 000 élus... pour 8 milliards d’êtres humains aujourd’hui sur la planète, ça ne fait pas beaucoup !

Et quand j’entends Jésus dire à la foule, c’est à dire à nous tous: «je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas»… Je me dis que c’est pas gagné d’avance, même en venant à la messe tous les dimanche, et en passant par la porte étroite de l’église St Luc à Nantes !

Cette réponse de Jésus paraît dure et sévère ; elle rappelle la parabole de séparation des boucs et des brebis au temps du Jugement final, quand le maître de maison aura fermé la porte : certains sont destinés à entrer dans la vie éternelle, et les autres seront jetés dehors, dans les ténèbres.

En quoi est-ce que ces paroles de Jésus sont une Bonne nouvelle?

C’est plus agréable d’entendre à longueur d’Évangile que Dieu a un cœur LARGE et miséricordieux : Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Jean 3, 16

Ou ce que proclamait déjà Isaïe (66,18) dans la 1ère lecture de ce dimanche : «Moi, je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire : Je mettrai chez elles un signe! »

 

Pour nous, Chrétiens, ce signe du Salut, c’est Jésus – crucifié et ressuscité.

Le Salut, c’est Jésus – puisque son nom même signifie «Dieu sauve».

C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage: si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Rom 10, 9. Est-ce que nous y croyons vraiment ?

A chaque eucharistie, nous faisons mémoire du sacrifice du Christ : «pour la gloire de Dieu et le Salut du monde». Alors OUI, le projet de Dieu est que tous les hommes soient sauvés.


Être être sauvé, qu’est-ce que ça veut dire pour nous ?

Difficile à exprimer : nous aspirons tous au bonheur, pas un p’tit bonheur, mais un GRAND bonheur,  une vie éternelle de fraternité, d’amour partagé, une vie plus grande que notre petite vie...

Mais chacun se rend compte que nous sommes des êtres limités, avec nos blessures, nos petitesses, nos étroitesses. Nous sommes limités dans notre capacité d’amour, et personne- pas même Dieu - ne peut nous forcer à aimer ; ça n’aurait pas de sens. L’amour véritable est un acte libre, une volonté de chaque instant de notre vie. Et c’est parfois très difficile dans la vie quotidienne : nous le savons! Pardonner, partager, écouter vraiment les autres, servir avec générosité. Abandonner nos rancunes, nos mesquineries, nos petits calculs…Nous faisons tous l’expérience chaque jour que nous ne pouvons pas réaliser cette aspiration profonde à aimer et à être aimé, par nos propres moyens.

 

Alors, est-ce que c’est vraiment possible? «Qui donc peut être sauvé?» demandent les disciples à Jésus. Jésus posa sur eux son regard et dit: «Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible.» (Mat 19,26)

La Bonne nouvelle, c’est que Jésus nous encourage : «Efforcez-vous d’entrer !»

Il ne veut pas que nous restions dehors, dans le ténèbres. Il nous encourage, et il nous montre le chemin : nous l’avons entendu au cours des derniers dimanches de ce mois d’Août : ne vous encombrez pas de richesses périssables, restez en tenue de service, tenez votre lampe allumée...

Déjà dans l’Ancienne Alliance, le Livre du Deutéronome disait : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie.

Il faut choisir ! Choisir la vie: ce n’est pas un acte magique qui s’impose à nous, en restant sur place, et sans contribution de notre part, voire à l’insu de notre plein gré ! Il faut faire un pas, franchir un seuil, une porte étroite.

Pour Jésus, la porte étroite c’est le chemin qui mène à Jérusalem, vers sa Passion, sa mort et sa résurrection : la porte étroite aura la forme de la Croix sur le mot Golgotha. Est-ce qu’il me demande d’en faire autant ?

Jésus EST la porte. Je crois qu’il demande à chacun de trouver la porte étroite à franchir avec Lui. Passer une porte, c’est faire l’effort de passer d’un lieu à un autre, d’un état à un autre, c’est un appel à la  CONVERSION pour quitter les ténèbres du dehors, et entrer au festin du Royaume.

Alors : quelle est la porte étroite qui est devant moi cette semaine? La petite porte que me montre Jésus ? Il n’y a que moi qui puisse répondre : Pour l’un, ce sera  un PARDON à donner, à demander, ou à accepter ; Pour un autre : ce sera le don de la patience ou de la persévérance à demander ; pour un autre encore cette semaine : aimer le « mal aimable » dans mon entourage de travail ; ou alors : s’engager dans une action de générosité, ouvrir mon agenda ou mon portefeuille...

OUI, Jésus me met au pied de la porte, il m’invite à passer par la porte étroite qui est devant moi ici et maintenant. Parce que c’est  seulement dans cette vie que je peux faire des choix libres et libérants - avant que le maître de maison ne referme la porte de ma vie.

Finalement, ce n’est rien d’autre que la voie de la sainteté. Saint Bernard que nous fêtions hier parlait de «la conversion du désir».

Je termine en vous laissant cette prière de Sainte Térésa de Calcuta, un hymne à la vie :

La vie est un défi, relève-le.

La vie est un combat, accepte-le.

La vie est une tragédie, lutte avec elle

La vie est une aventure, ose-la.

La vie est bonheur, mérite-le.

La vie est la vie, défends-la.

Amen


Emmanuel MERIAUX, diacre permanent

21 août 2022


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