«Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui soient sauvés?»
Question pour un
champion! Cette question
inquiète, d’un
anonyme dans la foule d’un village que Jésus traverse en faisant route
vers
Jérusalem, vers sa Passion, c’est aussi une interrogation personnelle
pour
chacun de nous - pas forcément chaque matin en se rasant - mais une
question
essentielle, existentielle : Est-ce
que moi je serai sauvé? Est-ce que je serai de ce nombre ?
Autrement
dit: est-ce qu’on ira tous
au Paradis ? Ou seulement un petit nombre d’élus
? C’est ce que pensent encore
aujourd’hui certaines sectes : selon une lecture littérale de
l’Apocalypse, il n’y aurait
que 144 000 élus : 12 000 de
chacune des 12 tribus d’Israël.
Et quand j’entends Jésus dire à la foule, c’est à dire à nous tous: «je
vous
le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas»…
Je
me dis que c’est pas gagné d’avance, même en venant à la messe tous les
dimanche, et en passant par la porte étroite de l’église St Luc à Nantes
!
Cette réponse de Jésus paraît dure et sévère ; elle rappelle la
parabole de séparation des boucs et des brebis au temps du Jugement
final,
quand le maître de maison aura fermé la porte : certains sont destinés à
entrer
dans la vie éternelle, et les autres seront jetés dehors, dans les
ténèbres.
En quoi est-ce que ces paroles de Jésus sont une Bonne nouvelle?
C’est plus agréable d’entendre à longueur d’Évangile que Dieu a un cœur
LARGE et miséricordieux : Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non
pas pour
juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Jean
3, 16
Ou ce que proclamait déjà Isaïe (66,18) dans la 1ère lecture de ce
dimanche : «Moi, je viens rassembler toutes les
nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire :
Je mettrai chez elles un signe! »
Pour nous, Chrétiens, ce signe du Salut, c’est Jésus – crucifié et
ressuscité.
Le Salut, c’est Jésus – puisque son nom même signifie «Dieu sauve».
C’est
à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage: si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur,
tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras
sauvé. Rom
10, 9.
A chaque eucharistie, nous faisons mémoire du sacrifice du Christ : «pour
la gloire de Dieu et le Salut du monde».
Être être sauvé, qu’est-ce que ça veut dire pour nous ?
Difficile à exprimer : nous aspirons tous au bonheur, pas un p’tit
bonheur, mais un GRAND bonheur, une
vie
éternelle de fraternité, d’amour partagé, une vie plus grande que notre
petite
vie...
Mais chacun se rend compte que nous sommes des êtres limités, avec nos
blessures, nos petitesses, nos étroitesses. Nous sommes limités dans
notre
capacité d’amour, et personne- pas même Dieu - ne peut nous forcer à
aimer ; ça n’aurait pas de sens.
Alors, est-ce que c’est vraiment
possible? «Qui donc peut être sauvé?» demandent les disciples à
Jésus. Jésus
posa sur eux son regard et dit: «Pour les hommes, c’est impossible,
mais pour
Dieu tout est possible.» (Mat 19,26)
La Bonne nouvelle, c’est que Jésus nous encourage : «Efforcez-vous d’entrer !»
Il ne veut pas que nous restions dehors,
dans le ténèbres. Il nous encourage, et il nous montre le chemin : nous l’avons
entendu au cours des derniers dimanches de ce mois d’Août : ne vous
encombrez
pas de richesses périssables, restez en tenue de service, tenez votre
lampe
allumée...
Déjà dans l’Ancienne Alliance, le Livre du Deutéronome disait : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la
malédiction. Choisis donc la vie.
Il faut choisir ! Choisir la vie: ce n’est pas un acte magique qui
s’impose
à nous, en restant sur place, et sans contribution de notre part, voire
à
l’insu de notre plein gré ! Il faut faire un pas, franchir un seuil, une
porte
étroite.
Pour Jésus, la porte étroite c’est le chemin qui mène à Jérusalem, vers
sa Passion, sa mort et sa résurrection : la porte étroite aura la forme
de la
Croix sur le mot Golgotha.
Jésus EST la porte. Je crois qu’il demande à chacun de trouver la porte
étroite à franchir avec Lui. Passer une porte, c’est faire l’effort de
passer
d’un lieu à un autre, d’un état à un autre, c’est un appel à la
CONVERSION pour quitter les ténèbres du
dehors, et entrer au festin du Royaume.
Alors : quelle est la porte étroite qui est
devant moi cette semaine? La
petite porte que me montre Jésus ?
Il n’y a que moi qui puisse répondre : Pour l’un, ce sera
un PARDON à donner, à demander, ou à
accepter ; Pour un autre : ce sera le don de la
patience ou de la persévérance à demander ; pour un autre encore cette
semaine : aimer
le « mal aimable » dans mon entourage de travail ; ou alors :
s’engager dans une action de
générosité, ouvrir mon agenda ou mon portefeuille...
Finalement, ce n’est rien d’autre que la voie de la sainteté. Saint
Bernard que nous fêtions hier parlait de «la
conversion du désir».
Je termine en vous laissant cette prière de Sainte Térésa de Calcuta, un
hymne à la vie :
La vie est un défi, relève-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.
Amen
Emmanuel MERIAUX, diacre permanent
21 août 2022