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20° dimanche du Temps Ordinaire

Jr 38, 4-6.8-10 ; Psaume : 39 ; He 12, 1-4 ; Lc 12, 49-53

Les mots de Jésus dans cet évangile peuvent nous déconcerter, peut-être même nous inquiéter. L’évangile est avant tout un message de paix, d’amour et de fraternité mais Jésus nous parle de divisions et aussi de son angoisse.

Mais, ce qui me touche, d’entrée, c’est le trouble, l’émotion que Jésus dévoile. Je m’imagine bien au milieu de ses disciples, réunis en cercle après une si chaude et si rude journée, dans un lieu où l’on peut, enfin, se retrouver, échanger et se livrer entre amis, entre frères et sœurs, dans la vérité et la confiance. Partager et accueillir ce qui a été vécu et ce tout, oui tout ce qui reste encore à vivre… Rappelez vous, il y a quelques semaines, Joseph nous parlait de l’intimité de Dieu. Eh bien, aujourd’hui encore, par Jésus, Dieu nous ouvre son intimité. Lui si puissant, nous partage son angoisse, sa vulnérabilité, qui ne perce que par la dimension infinie que son amour et de son cœur. Par amour pour l’humanité, ce Père, tout en tendresse, lui offre la liberté. Même s’il sait que nous n’en faisons pas toujours bon usage. Et ce baptême, ce plongeon, est celui de ce Dieu venu en Jésus qui plonge, à corps-perdu, dans notre humanité : si lumineuse et parfois si noire, ce lieu de la confrontation.

La confrontation du monde individualiste, brutal et de l’évangile amour et fraternité, la confrontation de notre vie d’enfants de Dieu - à l’image du Dieu qui est amour- né pour porter et partager sa vie, son amour… avec notre vie au monde actuel, au cœur de nos familles, de notre société et de cette humanité avec ses beautés et ses ombres… c’est là que va s'immiscer la division, c’est là que va s’infiltrer l’opposition.

Notre attachement à Jésus, notre foi au Christ ressuscité « origine et terme de notre foi », dit la lettre aux Hébreux, nous font porteurs de l’Évangile, de son message de paix, d’amour et de justice offert au monde. Héritiers de cet évangile et configurés au Christ, nous sommes appelés à vivre de sa vie à lui. Ce qui nous amène à connaître, nous aussi, la confrontation avec le monde au nom de cet évangile, parfois avec nos proches et même avec nos familles.

La parole de Dieu n’est pas toujours facile à vivre. Jérémie qui prêchait l’écoute du Seigneur en fait la cruelle expérience. Sa parole dérange les puissants alors… ils se liguent pour le mettre à mort ! La foi au Christ, suivre sa Parole au plus près, avec tout ce que cela implique, le monde n’est pas encore prêt à l’envisager. On pourrait même nous accuser de sectaires en créant divisions et conflits. Dans une même famille, il y a ceux qui adhèrent à sa Parole et ceux qui la rejettent par ce que cette Parole invite chacune et chacun, jeunes et vieux, à prendre position contre tout ce qui est contraire à l’amour, au sein de notre famille humaine, notre famille chrétienne y compris notre famille la plus proche.

Toutes les fois que l’amour est nié, que la paix est menacée, que la justice est méprisée, chaque fois que les droits des personnes sont bafoués, le pauvres humilié, le faible exploité, il y a confrontation de l’évangile avec le monde. Chaque fois que les violences, les guerres, les persécutions avilissent l’humain, il y a confrontation de l’évangile avec le monde. Jésus prend fait et cause pour les pauvres, les oubliés et les exclus et nous, ses disciples, sommes invités à soutenir son combat et souvent connaître la confrontation.

Apporter un feu ! Le feu…depuis des jours, l’actualité nous y plonge un peu plus chaque jour ! Le feu peut tout détruire végétation, habitations et même les vivants. Mais le feu a aussi des qualités : la flamme d’une simple bougie déchire la nuit la plus profonde. Le feu réchauffe les maisons et les cœurs. Même le feu accidentel de Notre-Dame a révélé les richesses et les incroyables qualités des ouvriers, des artisans et des artistes et appelés à reconstruire au cœur d’une mobilisation mondiale. Le feu peut même purifier en consumant tout ce qui est mauvais en le transformant en cendres fertilisant la terre. Le poète chantait : « il est des terres brûlées donnant plus de blé qu’un meilleur avril ! ».

Alors oui, il va falloir se laisser embraser mais par le feu du Christ, celui de l’amour et de l’Esprit, celui du buisson ardent, celui de l’Horeb et celui de la Pentecôte, celui de la Parole qui éclaire le croyant et réchauffe dans l’hiver du doute. Celui de la miséricorde qui brûle le péché en offrant le pardon et apporte consolation et réconfort. Le feu peut être destructeur mais aussi source de vie, lieu d’éveil et d’élévation s’il est alimenté par l’amour.

Le feu qu’inaugure Jésus, envoyant ses disciples au monde, va gagner les cœurs un à un au véritable sens du partage, de la paix, de la justice et de l’amour, en rappelant aux habitants de ce monde la commune et extraordinaire dignité de chaque personne parce qu’elle est née de Dieu. Ce feu brûle au coeur des disciples pour vivre l’audace de l’évangile avec une foi ardente, une espérance claire et une charité active. Cette Bonne Nouvelle rencontre souvent des résistances et rejets. Cela nous demande, à nous ses disciples, du courage, une confiance entière en Dieu, en son Fils en l’Esprit nous soutenant sans cesse mais aussi en nos sœurs et nos frères tous enfants aimés d’un même Père !

« Les yeux fixés sur Jésus » et comme l’écrit St Jean-Paul II « Allons, levons-nous et rallumons ce feu ! »

 

Patrick DOUEZ, diacre permanent

le 14 août 2022





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