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18° dimanche du Temps Ordinaire


Qo 1, 2 ; 2, 21-23 ; Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc ; Col 3, 1-5.9-11 ; Lc 12, 13-21)

« Vanité des vanités, tout est vanité » nous dit l’auteur du livre de Qohèleth, d’autres traductions plus littérales disent : « Buées des buées » ce qui souligne l’évanescence et l’éphémère des comportements humains, lorsque ceux-ci sont centrés sur soi et ne visent qu’à « posséder » et accaparer. Dans les Pyrénées, d’où je reviens, j’ai pu admirer des paysages magnifiques, mais quelle débauche de selfies, photos de « moi » devant ces églises, ces lacs et ces montagnes que l’on devine derrière ces visages qui prennent toute la place ! comme si j’étais le centre du monde ! Vanité des vanités… dans cette société de l’image et de l’éphémère qui promet tout, et où il faut se montrer le plus beau, le plus fort…  Les textes de ce jour fustigent ceux qui amassent, centrés sur eux-mêmes et sur leurs richesses. Ils nous amènent à réfléchir sur ce qui fait la richesse de nos jours. Ils nous invitent à construire l’homme nouveau, conforme à son créateur.

La parabole que nous venons de lire, raconte l’histoire d’un homme qui réussit bien en affaires. Il met à l’abri son blé et tout ce qu’il possède, il se croit tranquille. Alors, il se dit à lui-même : « Te voilà donc avec de nombreux biens… pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. » Mais cet homme a oublié une chose : que la vie ne dépend pas de lui. Et il meurt subitement.

Qohèleth, lui, donne, dans le texte du jour, un tableau sombre de notre vie d’homme : peine, travail, souffrance. Mais au-delà de ce pessimisme ambiant, il y a des lueurs d’espérance pour qui met sa confiance en Dieu et vit selon sa Sagesse : Poursuivons la lecture du texte que nous venons d’entendre : « Dieu donne à qui lui plaît sagesse et savoir et joie. » Et au chapitre 3, après une réflexion sur le temps qui passe : un temps pour enfanter et un temps pour mourir, un temps pour planter et un temps pour arracher »… il termine : « quand on mange et boit, et se donne du bon temps dans son labeur, c’est un don de Dieu. »

Le livre de Qohèleth, la parabole, le psaume nous incitent à vivre selon la sagesse de Dieu : « apprends-nous la vraie mesure de nos jours » ; c’est dire être lucide sur notre condition d’homme fragile qui reçoit sa vie de Dieu. Oui, notre vie d’homme et de femme est un cadeau à goûter avec humilité. La vraie sagesse c’est de nous tenir à notre place devant Dieu et de nous appuyer sur Lui ; C’est alors que l’homme peut être heureux et goûter les plaisirs simples de la vie.

Saint Paul nous dit aussi qu’il y a deux manières de vivre : « Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. » Si je ne me réfère qu’aux réalités terrestres, à l’esprit du monde, le risque est grand de rechercher la richesse, la sécurité, les plaisirs immédiats, et tout ce qu’énumère Saint Paul : débauche, désirs mauvais, soif de posséder…etc. Au contraire, il nous invite à penser aux réalités d’en haut, c’est-à-dire, regarder le Christ pour qu’il éclaire nos vies de la lumière de sa résurrection, avec des comportements inspirés par l’Esprit Saint. Autrement dit, regarder notre vie et la vie des hommes en s’inspirant du regard de Jésus. Et cette manière de vivre, en chrétien, selon notre baptême, c’est la bienveillance, la bonté, la miséricorde, la vérité, la patience, la douceur, bref, la mise en œuvre les béatitudes.

Se revêtir de l’homme nouveau, se renouveler, c’est un défi personnel, et c’est aussi un défi collectif. Notre mode de vie en société est marqué par un productivisme et un consumérisme sans frein qui interroge notre conscience de chrétiens. Car aujourd’hui, je cite Laudato si : « l’harmonie entre le créateur, l’humanité et l’ensemble de la création a été détruit par le fait d’avoir voulu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées. » N° 66. Le Pape ainsi invite l’homme - et particulièrement ceux qui ont le pouvoir économique et politique - à l’humilité, à travailler au bien commun, à respecter la nature, à renforcer les liens sociaux, à être au service de l’humanité. Ce message s’adresse aussi à chacun d’entre nous quelle que soit notre situation, je cite : « Le moment est venu de prêter de nouveau attention à la réalité avec les limites qu’elle impose, et qui offrent à leur tour la possibilité d’un développement humain et social plus sain et plus fécond. » N°116. Construire l’homme nouveau, une humanité renouvelée est un défi pour les hommes, et en particulier pour l’Eglise et les chrétiens ; car si les forces qui ont comme moteur la richesse, le pouvoir, les armes, l’emportent, l’avenir du monde est compromis. L’Eglise doit faire surgir l’homme nouveau, et cette humanité nouvelle, prémices du royaume de Dieu, et ainsi « protéger l’homme de sa propre destruction. » (Caritas in véritate N° 21). Par exemple, la canicule, la sècheresse, les incendies de forêt que nous subissons cet été nous obligent à réfléchir et à reconsidérer nos modes de vie personnels et collectifs pour faire face au réchauffement climatique.

         Concrètement, pendant ces vacances, retrouvons notre place au sein de la création, reconnaissons nos limites, et remercions Dieu pour ce temps qu’il nous est donné de vivre. Même si nous ne quittons pas Orvault ou Sautron, goûtons le changement de rythme, le repos bienfaisant, les rencontres familiales ou amicales, la joie de se retrouver entre générations et de resserrer les liens. Goûtons le plaisir des sens, le soleil, la nature, la musique… Ouvrons nos yeux, nos oreilles et notre cœur pour percevoir ce qui nous est donné, pour les beaux fruits de la nature et du travail des hommes, pour nous en réjouir et rendre grâce à Dieu.

         Chaque matin il est bon de confier au Seigneur la journée qui vient, avec ses joies et les difficultés à affronter. Alors, avec le psalmiste, nous pouvons dire :

"Rassasie-nous de ton amour au matin,

Que nous passions nos jours dans la joie et les chants,

Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu,

Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains."

Ainsi nos journées ne seront pas vaines !


Yves MICHONNEAU, diacre permanent
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault (44)
31 juillet 2022


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