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14° dimanche du Temps Ordinaire



       « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez ! Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire.»
Frères et sœurs, ne pensez-vous pas que ce message, extrait de la première lecture et adressé aux exilés de Babylone aux alentours de 535 avant JC nous est adressé également aujourd’hui ? Ne sommes-nous pas dans le même état de déprime, de défaitisme, de nombrilisme qu’après un exil de 50 ans…il n’y a qu’à regarder l’actualité internationale de la semaine pour se convaincre que tout n’est pas rose dans notre monde : abus dans l’Eglise, dérèglement climatique menaçant, 80 migrants portés disparus en mer Méditerranée, douleurs de familles déchirées autour de l’histoire poignante de Vincent Lambert, féminicides dans l’actualité…notre Jérusalem s’effondre…encore…et nous aurions bien besoin d’un prophète pour nous remonter le moral…comme il y a 2500 ans !...et pourtant « Acclamez Dieu, toute la terre ; fêtez la gloire de son nom, glorifiez-le en célébrant sa louange », lit-on dans le psaume 65.
Alors devons-nous sombrer dans la sinistrose ou bien virer à l’Angélisme ? Sans doute ni l’un ni l’autre si j’en crois l’Evangile du jour…il nous faut inlassablement, porter la Paix autour de nous. Et cette paix est destinée à toutes les nations de la terre. Pour annoncer cette paix en vérité il ne faut ni regarder en arrière (Evangile de la semaine passée) ni trop se regarder…nous devons nous tourner uniquement vers le Père. On retrouve d’ailleurs cet abandon à la volonté du père dans la deuxième lecture : il ne s’agit pas avant tout d’obéir à des lois édictées par des hommes mais bien de se plonger dans la Foi en Jésus mort et ressuscité ; il faut se laisser porter… « par la croix, le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde » dit Paul…dans sa mort sur la croix le christ fait un avec nous…c’est une des grandes convictions de Paul : ne cherchons plus le Christ dans le temple…Il est d’abord en chacun de nous si nous le croyons vraiment ! Et si nous croyons que le Christ est en nous, et que l’on s’abandonne à Lui, alors ce qui nous semble impossible devient possible…
Vous avez également noté que les 72 sont envoyés deux par deux…notre Foi est une Foi de partage, d’échanges. La particularité de notre Foi est que notre relation à Dieu se vit aussi dans notre relation à l’autre. N’est-ce pas ce que dit l’incarnation, ce Dieu qui se fait homme jusque dans le partage de notre souffrance ? Oui, c’est dans le partage d’opinions que l’on s’enrichit, que l’on s’approche ensemble de la vérité…sans jamais l’atteindre car Seul le Christ est la vérité, le chemin, la vie !
Soyons donc des serviteurs inutiles de la paix…de cette paix qu’il nous appartient de donner à tous, au-delà de nos cercles convenus et confortables…Ayons l’humilité de nous effacer derrière « le maître de la moisson ». C’est Lui qui nous libère à chaque instant de notre esclavage, de nos prisons. Tous nos noms sont inscrits dans les cieux…pas uniquement celui des « purs », des « bien-pensants », vous savez ceux auxquels nous jouons parfois…Notre mérite n’y est pour rien du tout…c’est un don gratuit de Dieu à tous les hommes de tous les temps…même au fond des obscures prisons…même pour nos Evêques, prêtres et diacres imparfaits et pêcheurs…car oui nous sommes pêcheurs…mais des pêcheurs pardonnés ! Notre seule participation à cette œuvre de Salut c’est de l’accepter au plus profond de notre âme…de notre cœur…ce qui compte c’est d’Aimer beaucoup ; comme Marie-Madeleine, dans l’Evangile de Luc, à laquelle ses nombreux pêchés sont pardonnés tellement elle a aimé- (Luc (7, 36 – 47)).
Je voudrais finir sur cet extrait d’une homélie de St Augustin qui condense bien tout ce que je viens de dire :
« Ainsi voilà une fois pour toutes le court précepte qu’on te dicte : « Aime et fais ce que tu veux ! » Si tu te tais, tu te tais par amour ; si tu cries, tu cries par amour ; si tu corriges, tu corriges par amour ; si tu épargnes, tu épargnes par amour. Qu’au dedans se trouve la racine de la charité. De cette racine rien ne peut sortir que de bon. »
Amen.

Luc FROEHLY, diacre permanent
Diocèse de Besançon
le 7 juillet 2019


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