« La
moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc
le maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson »
Il
y a pénurie de main d’œuvre, et il y a urgence : on imagine bien ce
que serait le drame de laisser la moisson sur pied, dans un pays en guerre
comme l’Ukraine, alors que tous les moissonneurs sont partis à la guerre…
Il
y a pénurie de main d’œuvre déjà au temps de Jésus et, plutôt que
faire appel à Pôle emploi, Jésus se tourne vers son Père par la prière,
pour envoyer des ouvriers pour sa moisson. Parce que la
moisson est abondante !
Aujourd’hui, notre évêque a ouvert une Année de l’Appel. Et nous aurons l’occasion d’en parler à la
Rentrée. Ce sera une année pour que chaque baptisé s’interroge : où
et comment Dieu m’appelle-t-il à servir ?
Il avait commencé) en
envoyant les douze apôtres – c’est au Chapitre précédent de l’Evangile
de St Luc- exactement dans les mêmes termes. Les 12 apôtres
symbolisaient les douze Tribus d’Israël.
Dans le passage de ce
dimanche, il en envoie 6 fois
plus : 72 ! Certains exégètes nous disent que 72, c’est
le nombre de Nations païennes alors connues dans le monde ;
c’est les représentants de l’ONU de l’époque.
Il ne lésine pas
sur la quantité pour
cette 2ème vague : les 72 sont désignés parmi le tout-venant
de ses auditeurs. Pas uniquement ceux qui vont avoir le BAC avec mention
TRES BIEN la semaine prochaine! Et
pourtant ces 72 laïcs sont bel et bien envoyés en mission pour porter la
paix, pour guérir, et pour chasser les esprits mauvais. En un mot : pour
Evangéliser au nom de Jésus. C’est pas rien !
La mission n’est donc pas confiée uniquement à quelques-uns avec un
statut, ou un rôle particulier.
Elle est l’affaire de tous, on nous le répète sur tous les tons !
Il s'agit de préparer la venue
du Seigneur : c’est bien trop sérieux, et trop important, pour
laisser faire uniquement les Q-rés et les bonnes sœurs !
Que pouvons-nous pouvons faire, nous, concrètement ? On essaie
de vivre notre foi au quotidien, nous sommes fidèles au rassemblement
dominical, c’est déjà pas si mal. Nous sommes déjà des disciples, mais de
là à devenir missionnaires, c’est une autre histoire ! Et puis, il
faudrait du temps pour aller de ville en ville !
Pas de temps ? Ça me fait penser aux enfants qui viennent à
l’éveil à la foi pendant la messe. Vous savez, on les emmène dans une
petite salle, et on leur propose un temps de prière adapté à leur
âge ; on finit souvent avec une illustration sur l’évangile, un
dessin à colorier. Et alors, à la fin, au moment où il faut revenir à la
célébration avec les parents, il y a toujours un enfant qui dit « z’ai
pas
fini de colorier mon dessin ! »
Alors, Régine lui
répond : ce n’est pas grave; tu vas emporter ton dessin, et tu
pourras le reprendre après la
messe. En rentrant à la maison, tu auras toute la semaine pour le
colorier, et l’offrir à ta maman!
Eh bien nous c’est exactement pareil !
Le temps de la messe, c’est bien trop court pour colorier toute
notre vie de chrétiens!
On y vient comme disciples
pour se nourrir de la Parole et de l’Eucharistie, et il y a ensuite toute
la semaine pour être missionnaires
de ce qu’on a reçu, pour l’offrir aux autres…et pour se préparer au
dimanche suivant.
Qu’est-ce que ça veut dire
être missionnaire à Saint-Herblain ?
Eh bien, Jésus le dit aux 72
qu’il envoie : ils leur donne 3 missions qui peuvent aussi être les
nôtres
-
Apporter
la paix,
-
Guérir
les
malades,
-
Chasser
les
esprits mauvais
1)
Apporter
la paix : où ça ? Dans notre propre maison, dans notre
entourage, avec nos proches, nos collègues du travail, et toutes les
personnes que nous rencontrons. Ça veut dire : éviter les bisbilles,
éteindre les petites jalousies, bâillonner les mesquineries…Pas si facile
d’être OUVRIER de paix à domicile; on
devrait dire : être ARTISAN de paix au quotidien. C’est tout un art,
et il faut s’y reprendre chaque jour, avec beaucoup de patience…
C’est une belle mission qu’on peut réaliser en soi, chez soi, et autour de soi !
2)
Guérir
les
malades : il y a tant de personnes blessées par la vie dans
notre entourage si on regarde de près, et si on écoute un peu. Guérir,
pour nous aujourd’hui, ça veut dire « prendre
soin » : donner un peu de temps, d’écoute, et d’attention
véritable, pour accompagner ceux qui peinent sous des fardeaux trop
lourds, et tenter de les soulager par un regard, un sourire, une parole,
par un geste de soutien, d’entraide, de solidarité… C’est la meilleure des
mutuelles, et c’est gratuit !
3)
Chasser
les
esprits mauvais - Traduisons : essayer de prendre le dessus sur
toutes les tentations de domination, de manipulation, de nous servir des
autres ; chasser le petit diablotin de notre orgueil, de notre
impatience, de nos agacements, chasser les illusions de suivre d’autres
dieux…
Chacun s’y
retrouvera !
Alors, nous dit Jésus :
« Réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans
les cieux »
Pas pour la gloriole :
les moissonneurs, ne sont pas les semeurs, et encore moins les
propriétaires du champ.
Ils sont la « classe
ouvrière du Royaume », mais Jésus leur demande de participer
à sa propre mission à Lui !
Dans l’Evangile, les
disciples ont été envoyés en avant
de Jésus, comme des brebis au milieu des loups : et on ne dit
pas que les loups les ont mangées. Au contraire, les disciples sont
revenus tout heureux, parce qu’ils ont chassé les démons ; peut-être
que
les brebis ont converti certains loups ?
Aujourd’hui, nous savons que
c’est Jésus qui nous précède,
puisqu'il a déjà traversé la mort. Nous sommes des envoyés spéciaux à sa suite. Pour partager ce que nous avons reçu, et plutôt par une simple attitude
évangélique, que par des paroles, ou par des actes héroïques.
La réponse des destinataires
ne dépend pas des envoyés. C’est la
liberté de chaque personne qui fait sa dignité : ouvrir la
porte, ou ne pas l’ouvrir, accueillir le message, ou fermer son cœur… pour
le moment. Dans tous les cas : «
le règne de Dieu s’est approché ».
Alors, nous qui sommes le
peuple de Dieu rassemblé chaque dimanche, nous sommes heureux lorsque la
famille s’agrandit avec l’accueil de nouveaux baptisés. Par le baptême,
nous sommes tous « configurés
au Christ ». Saint Augustin disait : « Ecoutez
bien mes frères, et comprenez : nous n’avons pas été faits
Chrétiens, nous avons été faits Christ ».
Nous n’avons pas vocation à
rester entre nous dans l’église. Après la messe, c’est encore la
messe ! Alors, pendant toute la semaine, colorions un très beau
dessin : soyons des artistes de la Foi en Jésus !
La moisson est abondante, et les ouvriers vont être très nombreux !
Amen
Emmanuel MERIAUX, diacre permanent
3 juillet 2022