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Paul termine le passage de sa lettre aux Galates par
ces mots : "Si c'est par la Loi qu'on devient juste, alors le Christ
est mort pour rien."
Pour nous faire comprendre cela, l'Eglise nous offre
deux textes, le premier de Samuel qui relate cette abominable histoire
de David, qui a fait mourir Urie, le Hittite, un de ses vaillants
soldats pour lui prendre sa femme. Transgression de la Loi, qui mérite
punition, mais lorsque David reconnait avoir "péché contre le
Seigneur." Natan lui apprend que "Le Seigneur a pardonné son péché."
Le second nous apprend l'histoire de la femme
pécheresse, de cette femme, on sait peu de choses, elle vient, ne
demande rien, se tient derrière Jésus, elle lavait ses pieds de ses
larmes, les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y
versait du parfum. Les seules choses que l'on sache, ce sont les avis
de Simon le pharisien qui ne sait que reconnaître une pécheresse, et de
Jésus qui reconnait en elle celle à qui ses péchés seront pardonnés à
cause de son grand amour.
Ces textes nous apprennent beaucoup sur le pardon
des péchés, ils nous apprennent une chose essentielle, l'important
c'est une prise de conscience d'avoir "péché contre le Seigneur".
Remarquons le bien, ce n’est pas une supplique, une demande de l’un ou
de l’autre, c’est la reconnaissance de l’état de pécheur devant le
Seigneur qui entraîne le pardon.
Il est évident que notre état est souvent, de près
ou de loin, comparable à celui des David ou des femmes pécheresses,
mais savons-nous encore nous reconnaître pécheurs.
« Le péché de ce siècle » disait Pie XII, « est la
perte du sens du péché » et Jean Paul II ajoute : « on tend à reporter
sur la société toutes les fautes dont l’individu est déclaré innocent.
Toute la Bible affirme au contraire que l’homme est responsable, qu’au
delà des circonstances particulières sa responsabilité est engagée. »
Et pourtant, j'ai milité un temps dans le mouvement
ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) et j'ai
découvert que si l'action principale était de faire libérer des
prisonniers, pour ce mouvement chrétien, il était aussi important, au
nom du Christ, de faire découvrir aux tortionnaires la situation dans
laquelle ils se mettaient, en quelque sorte d’être Natan pour David.
Dans le film « Schoah », je me souviens d'une
séquence où un allemand ayant participé à la solution finale à
l’égard des juifs, découvrant l'horreur de ce qu'il avait fait,
répétait inlassablement « nous ne savions pas ce que nous faisions. ».
Notre société aussi pose ce genre de questions,
rappelez-vous, Il y a quelques années, un débat a eu lieu sur
l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays, il en ressortait,
pour la conscience du monde, l'importance que des individus, des
nations, disent à d’autres que ce qu’ils font n’est pas conforme au
respect de l’humanité...
Dans l'Evangile, Jésus nous parle de la correction
fraternelle, nous en avons besoin pour découvrir notre état de pécheur,
le jugement de Simon le pharisien en est un exemple, comme tout
pharisien, il respectait sûrement la loi de très près, c’était sûrement
un homme bien, respectable, et pourtant, on a l’impression que c’est
lui qui sort perdant, parce que son regard sur cette femme est un
jugement de ses actes, c’est lui qui reçoit la réprimande pour son
manque de compassion de la pécheresse.
Quelle leçon pour nous, quelle façon aussi d’aborder
le texte de Paul qui nous donne la clé : ce n’est pas en respectant la
loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en
Jésus-Christ. »
La foi, c’est à dire la confiance, la fidélité en l’amour de Jésus-Christ.
Ce texte de Paul, je me le répète souvent lorsque
j’approche le sacrement de réconciliation, parce qu’un jour, il y a
déjà quelques années, j’avais à avouer un de ces péchés dont on
n’arrive pas à se défaire qui vous font penser qu’on y arrivera jamais,
qu’on est incapable de s’en sortir, qui sont, comme disait Luther :
comme la barbe, ils repoussent, ces péchés qui pourraient nous amener à
croire que nous sommes seuls devant ce qui est mal... avec notre simple
bonne volonté.
Le prêtre qui recevait ma confession m’a dit alors
une phrase qui m’a semblé un peu mystérieuse à ce moment-là : «
attention à ce que cela ne soit pas l’arbre qui cache la forêt. »
J’ai beaucoup réfléchi à cette phrase, ne
voulait-elle pas me montrer que plus que la gène d’aller raconter
encore une fois de plus la même chose, plus qu’un combat et qu’une
chute personnelle, plus que la participation à une enquête légale qui
me demanderait : telle chose, oh, là la, une fois, deux fois, plus…
plus que tout cela qui serait l’arbre, j’ai à me reconnaître pécheur,
reconnaître ne pas avoir fait confiance au Seigneur, reconnaître avoir
péché contre Lui, c’est cela la forêt, c’est ma possibilité toute
entière de refuser la foi en Jésus-Christ.
Le sacrement de réconciliation, c’est aller dire au
Christ, malgré mes doutes, mes échecs, mes chutes nombreuses, malgré
tout cela, je sais que tu m’aimes, je sais que tu as donné ta vie pour
moi, je sais que ton amour est infini, je sais que ton pardon me sera
donné pour peu que je fasse comme David ou cette femme pécheresse que
je reconnaisse avoir péché contre le Seigneur.
Michel NOROY, diacre permanent
16 juin 2013
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