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Vendredi Saint


La Passion de Jésus-Christ

        Crucifié. Cloué sur une croix, comme un malfaiteur, celui qui faisait le Bien. Mis à mort, celui qui portait la Vie. Mort, le Fils du Dieu immortel. Il s’est fait faible et vulnérable, Celui qui est la Toute-Puissance. Il a rejoint le plus bas de notre condition d’homme, celui qui est le Très-Haut. Il a subi la haine, celui qui est l’Amour.
Quel est donc ce Dieu si mystérieux, que nous adorons, nous autres chrétiens ? Quel est ce Dieu si étonnant, dont nous célébrons la victoire en vénérant la croix de la défaite la plus complète, la plus totale ? Dieu de tous les paradoxes, qui se perd pour sauver le monde, innocent qui porte nos culpabilités ; « compté avec les pécheurs, alors qu’il intercédait pour les pécheurs », à l’image du Serviteur Souffrant dont nous parle Isaïe…

        Mais nous, frères et sœurs humains, ne sommes-nous pas, nous aussi, des êtres de paradoxes, pétris de contradictions ?
Nous qui, à la fête des rameaux, avons acclamé Jésus comme un roi à son entrée à Jérusalem, et qui le condamnons à la croix, quelques jours plus tard ?
Nous qui jurions, avec Pierre : « Non, jamais je ne t’abandonnerai ! » et qui, avant le chant du coq, l’avons renié trois fois ?
Nous qui relâchons Barabbas, le criminel, et qui condamnons Jésus, l’innocent ?
Nous proclamons notre foi à la messe, et nous ne voyons pas le visage du Christ dans nos frères, dans les plus petits, les plus humbles.
Nous partageons le repas de l’eucharistie, et nous ne pensons pas à ouvrir notre propre table à l’étranger, au pauvre, au démuni.
Nous faisons le signe de la croix sur nous-mêmes, et nous ignorons la croix que portent les chrétiens persécutés.

        Oui, le cœur de l’homme est complexe. Les contradictions qui nous traversent nous poussent trop souvent au péché. Mais c’est cet homme complexe, paradoxal, contradictoire et partagé que Dieu aime. C’est cet homme pécheur qu’il veut rejoindre en s’incarnant par Jésus, en venant partager notre condition d’homme. C’est pour cet homme si imparfait, si partagé entre son désir de faire le bien et sa faiblesse qui le pousse à faire le mal, que Jésus donne sa vie par amour.
Par sa croix, non-seulement il donne sa vie, non seulement il accepte la souffrance pour l’homme, mais en plus, il le sauve ! Et l’instrument de ce salut est bien paradoxal, lui aussi : la croix, instrument de torture, instrument de mort. Ce poteau de bois, cet arbre d’infamie, devient l’arbre du salut, l’instrument de notre délivrance, comme l’arbre du jardin d’Eden était celui de notre aliénation au péché originel.
Le bois de la croix ; bois de l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal profané par Adam ; bois du charpentier de Nazareth ; le bois, matériau renouvelable à l’infini, signe de l’éternité, signe lui aussi de contradiction s’il devient pont pour relier les hommes ou s’il devient arme de guerre pour les diviser ; ou s’il devient croix pour les sauver.
 
        « Voici le bois de la croix qui a porté le salut du monde. Venez, adorons ! »



Daniel BICHET, diacre permanent
30 mars 2018
Gétigné


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