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Jeudi Saint


Le lavement des pieds… on vient de le voir… un geste si simple ! Accompagné, éclairé par les mots de Jésus, ce moment atteint une profondeur et une vérité lui donnant une dimension sacramentelle, celle du sacrement du frère, qui nous ouvre un autre sacrement celui de l’eucharistie, source et ce sommet de notre foi. Mais que serait notre eucharistie sans l’amour fraternel ?
Au temps de Jésus, Le lavement des pieds à une dimension culturelle et historique dans la foi des hébreux. Quand Abraham reçoit les trois étrangers qui marchent dans le désert, à l’heure la plus chaude du jour, il leur offre qu’on leur lave les pieds. Signe d’accueil et de respect. Comme le font la plupart des peuples sémites qui marchent dans le désert : accueillir, respecter, soulager, soigner le voyageur.
Quand Jésus commence à laver les pieds, ses apôtres reconnaissent cette référence, à la différence qu’il est lui-même le maître, celui qui les a choisis et qui les guide. Depuis Abraham, c’est le travail de l’esclave, celui qui ne choisit pas mais qui exécute. Aujourd’hui, Jésus, lui le maître choisit de poser ce geste. Il ne se fait pas esclave, il pose ce geste en signe d’amour en pleine conscience, en pleine volonté. Un geste et une posture empreints d’humilité. À genoux, les yeux levés vers ses apôtres, ceux qui ont accepté de se mettre au service de Jésus, de ceux qu’il rencontre et qui le suivent… comme aujourd’hui, nos sœurs et nos frères qui, ce soir, se sont laissés laver les pieds, choisis parce qu’ils sont au service de notre communauté fraternelle ou bien qui se préparent à vivre un sacrement.
Le regard, la main soutenant un pied lavé tendrement, délicatement, relation forte, entre l’apôtre et son maître et si le disciple laisse faire il ne comprend pas encore totalement ce qui se passe. D’ailleurs Pierre se rebiffe : « Toi Seigneur, me laver les pieds… Jamais ! Tu n’es pas un esclave, je ne suis pas digne…» est Jésus de lui répondre : « mais si tu n’accepte pas, tu n’auras pas part avec moi ! » Quelle est cette part ? Celle de l’amour et de la Vie avec Jésus ! Si Jésus leur lave les pieds c’est pour que ce geste soi le signe et le symbole de l’amour du fils de Dieu pour chaque personne, d’un amour partagé à partager. Ce geste n’est pas exécuté comme esclave mais comme un homme libre. Un acte qui ne se vit pas par devoir ou par contrainte mais par amour. Il faut oser accepter de vivre et de recevoir cet amour pour, à son retour, pouvoir le partager. La fraternité ouverte par Jésus ne peut se vivre en plénitude que si on accepte d’abord d’être aimés tels que l’on est, petit, faible, fragile, imparfait, par le Père de Jésus, notre Dieu, un Père plein de miséricorde pour chacun de ses enfants !
Aimé et être aimé, en toute humilité, en toute simplicité. À l’image de Jésus nous ne sommes pas venus pour être servis mais pour servir et le faire dans la vérité, la joie et la paix de Jésus. C’est un exemple qu’il nous a donné, à nous de le porter au milieu du monde ! à nous d’inventer, si besoin, le geste qui criera au monde notre amour fraternel de l’humanité.
Jésus qui se fait humble, humilité de Dieu au milieu des hommes, petit, tout petit d’ailleurs, ce même soir, quelque temps plus tard, il leur dira en prenant un morceau de pain qu’il aura béni, ceci est mon corps et en prenant la coupe ceci est mon sang. La grandeur, la puissance et tout l’amour de notre Dieu dans ce bout de pain, cette coupe de vin.
Vous les enfants qui allez bientôt faire votre première communion souvenez vous que c’est ce pain, cette hostie, qui fait notre communion. C’est Jésus par son hostie, par sa vie, qui nous permet d’être en union les uns avec les autres, fraternellement ! C’est ce tout petit bout de pain consacré qui nous donne d’être en communion avec lui, Jésus, notre guide, notre exemple, notre frère aîné. La simplicité d’un bout de pain consacré par l’Esprit d’amour de Dieu donne à chacun d’être en communion avec notre Père pour vivre, ensemble, de l’amour donné et reçu de lui.

Patrick DOUEZ, diacre permanent                                                                               
le 29 mars 2018


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