Année B
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retour vers l'accueilJeudi Saint
1ère des communions d’enfants en âge scolaire
Ce soir, nous faisons mémoire de la première eucharistie de tous les
temps, que Jésus a instituée lui-même devant ses apôtres. Aaron-Jules,
Camille, Clara, Jérémie, Loïck, pour vous aussi, c’est votre première
eucharistie, votre première communion. Ce soir, vous êtes comme les
apôtres. Vous avez entendu la lettre de Paul qui nous a transmis ce
qu’il a reçu, ce récit du dernier repas de Jésus. Ce soir, l’Eglise
vous transmet ce qu’elle a reçu et que vous transmettrez, un jour, à
vos enfants.
Mais de quoi s’agit-il ? Que recevons-nous ? Que transmettons-nous ? En
quoi est-ce si important, puisque cela fait environ 2000 ans, soit
environ 70 générations, que ces paroles ont été prononcées ? Quelles
autres paroles, aussi brèves, ont acquis dans l’histoire une telle
longévité sans être déformée ?
C’est la fin de la mission terrestre de Jésus qui a tout donné aux
femmes, aux hommes, aux enfants de son temps : l’écoute, l’attention,
la guérison, le réconfort, le sens de la vie, le pardon, l’amour.
Car Dieu, créateur de notre univers, du cosmos, de la vie, est amour,
et par Jésus il aime les siens jusqu’au bout. Aussi Dieu reste-t-il
avec nous et nous transmet deux gestes forts indissociables : le
lavement des pieds, et l’eucharistie.
Le lavement des pieds. Du temps de Jésus, les chemins étaient
poussiéreux. Lorsqu’un invité arrivait dans une maison, le premier
service était de lui laver les pieds. Chez les notables, c’était
l’esclave qui pratiquait ce geste. L’esclave, c’est celui qui n’avait
pas d’humanité, que l’on ne regardait pas. Dans la foi, nous en
percevons alors le sens inouï : Dieu lui-même, à l’origine de toute la
création, se met à genou devant l’homme pour l’accueillir dans sa
marche laborieuse, pour apaiser ses souffrances, pour lui offrir un peu
de repos avant de poursuivre la route. Par ce geste, Dieu est une
source d’apaisement, de détente, de régénération. C’est cela, le Dieu
de Jésus-Christ, le Dieu des chrétiens. Ce n’est pas un maître absolu
qui surveille d’en haut, avec condescendance, ce qui se passe chez les
hommes. C’est un Dieu qui choisit de vivre la condition humaine jusque
dans le service et le don total de lui-même.
Par ce geste, Dieu nous appelle à notre tour à servir, dans nos
familles, dans notre milieu de vie, dans notre fraternité Eglise, et
servir en particulier ceux qui sont dans une fragilité, quelle qu’en
soit la nature. C’est un exemple que je vous ai donné, afin que vous
fassiez vous aussi ce que j’ai fait pour vous. Dieu se révèle serviteur
de l’homme pour inviter les hommes à être serviteurs les uns des
autres. Il n’y a pas d’autres voies possibles pour faire grandir la
paix, la justice et la joie dans l’existence.
En grec, serviteur se dit diakonos, mot qui a donné en particulier
diacre. Avec mes frères diacres, je suis invité à rappeler que le
Christ est serviteur, non point pour avoir l’exclusivité du service,
mais pour nous inviter tous à être au service, tout simplement pour
rendre la vie plus humaine. Voilà très simplement le sens du lavement
des pieds, que le Père Jean-Marie va refaire à quelques uns parmi nous,
car dans la communauté chrétienne rassemblée, le prêtre préside d’abord
au nom du Christ serviteur.
Chez Jean, le lavement des pieds est associé au dernier repas de Jésus.
Quel est le lien entre les deux ? Et bien pour servir en plénitude,
Jésus se donne en plénitude. Jésus nous donne ce qu’il est, son corps
vivant, son sang symbole de vie. Il s’appuie pour cela sur une
tradition dont nous avons fait mémoire dans la première lecture : la
nuit où le peuple hébreu passa de l’esclavage à la liberté, de la mort
à la vie, chaque famille mangea un agneau dont le sang servi de signe
pour advenir à une nouvelle vie, celle de la liberté.
Manger du pain fait de farine et d’eau est déjà quelque chose pour
nourrir notre corps. Mais en chacun de nous, il y a une faim plus
forte, une faim d’aimer, de partager, de construire ensemble, d’aider
ceux qui sont en difficulté, d’aspirer au bonheur. Et en Dieu aussi, il
y a ce désir permanent de se communiquer à chacun pour combler cette
faim. La nourriture, c’est Jésus, Dieu lui-même, donné dans
l’Eucharistie. Les enfants, rendez-vous compte : en communiant, vous
laissez le créateur du monde, des étoiles, des planètes et des
galaxies, de la vie toute entière jusqu’à l’homme, vous laissez ce
créateur entrer en vous pour combler votre faim de vivre.
Communier invite à une attitude dans toute l’existence. C’est une
manière de recevoir le monde, les choses de la vie, les personnes qui
nous entourent. En communiant, on adopte une manière de vivre, de se
nourrir, de travailler, qui fait que l’on ne cherche pas à avoir un
rapport de domination sur les choses, sur les gens, mais qu’on est
prédisposé au partage, au service, à l’accueil, à la diaconie dans tous
les gestes du quotidien, aussi petits soient-ils. Voilà le lien entre
le lavement des pieds et l’eucharistie.
Dans quelques instants, le prêtre dira « heureux les invités au repas
du Seigneur ». Nous entendons cette parole à chaque messe, mais
peut-être sans l’écouter vraiment. Il y a des mots qui sont dits tout
le temps dans les rituels. Et un jour, ils entrent à l’intérieur. On ne
les entend plus, on les écoute en profondeur. On est touché. Et l’on se
sent réellement invité. Lorsqu’un ami vous invite, allons-nous refuser
? Non. Les enfants, le Christ est votre ami. Il vous invite ce soir à
son repas. Pour que votre joie de vivre grandisse encore. Vous avez dit
oui. Continuez, dans les mois et les années qui viennent, à dire oui à
l’invitation du repas du Seigneur.
Christophe DONNET, diacre
permanent
2 avril 2015
Diocèse de St-Etienne
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