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3° dimanche de l'Avent


Is 61, 1-2a.10-11 / Magnificat / 1Th5, 16-24 / Jn 1, 6-8.19-28

En 1643, une terrible épidémie de peste montait du sud de la France et en septembre, elle menaçait Lyon. Les notables de la ville montèrent sur la colline de Fourvière pour demander à la Vierge Marie de protéger leur ville de la peste. Et le miracle se produisit. 200 ans plus tard, en mémoire de cet événement, Lyon s’apprête à inaugurer une statue de la vierge, sur la colline. Le jour venu, un 8 décembre, le mauvais temps contrarie les réjouissances et les autorités religieuses sont sur le point d'annuler l’inauguration. Quand soudain, le ciel se dégage... Spontanément, les Lyonnais disposent des bougies à leurs fenêtres, et à la nuit tombée, la ville entière est illuminée. Les autorités religieuses suivent le mouvement et la chapelle de Fourvière apparaît alors brillant dans la nuit. C’est cet événement que Lyon commémore chaque année, le 8 décembre, lors de la fête des lumières. Cette année, c’est une autre épidémie qui a obligé les lyonnais à revenir à une manière de fêter cet évènement, plus modeste que les années précédentes, plus proche des origines.
La lumière est un beau symbole de notre Foi. Les parrains et marraines se la voient remettre, pour le baptisé, avec cette recommandation « veillez à l’entretenir ». La nuit de Pâques, on la ravive au cierge pascal, symbole de la résurrection. La nuit de Noël on la fait briller comme l’étoile qui indiqua la crèche aux bergers.
Jean l’évangéliste, présente Jean le Baptiste, comme celui qui est venu en qualité de témoin, pour rendre témoignage à la lumière. Il n’est pas lui-même la lumière mais il est celui qui, en quelque sorte, va appuyer sur l’interrupteur. Un Homme simple, retiré dans le désert, dont on nous a dit dimanche dernier qu’il était vêtu d’une tunique en poil de chameau et qu’il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. C’est cet Homme qui annonce la venue du Sauveur que les juifs attendent, ce Roi qu’ils espèrent. Et c’est frappant de voir comment il fait cette annonce. Il pourrait, c’est le cas de le dire, se mettre sous les feux de la rampe, s’enivrer de l’éclat des projecteurs, en profiter pour briller auprès des siens. Et bien non, c’est tout le contraire. Il se présente comme un témoin, un passeur, un ouvreur de chemin, non pas comme une fin, mais comme un moyen. Et ce qu’il dit, la manière dont il le dit, nous délivre un certain nombre d’enseignements, dont je propose que nous en retenions 3 en particulier.

Le 1er, c’est cette humilité que je viens d’évoquer. Jean est celui qui s’apprête à baptiser Jésus. Il est celui qui vient faire la synthèse de ce qu’ont annoncé tous les prophètes, depuis des siècles. Celui, qui, dernier de cette longue lignée, aura l’immense honneur de voir ce qu’aucun n’a vu, et, celui, encore plus grand, de passer le témoin en baptisant dans l’eau du Jourdain le Messie qui baptisera dans l’Esprit et qui fera de sa mort et de sa résurrection le baptême qui sauve l’humanité. Cette humilité, qui marquera toute la vie de Jésus lui-même, est celle qui nous invite, en tant que chrétiens, à ne jamais oublier que la Vérité, nous ne la détenons pas, mais qu’elle nous a été donnée, gratuitement. Comme nous avons reçu, il nous faut savoir donner, mais gratuitement, sans imposer, sans éblouir, mais en nous faisant l’écho de cette petite voix dans le désert qui a su attirer parce qu’elle se faisait simple, humble et respectueuse de ceux à qui elle s’adressait.
Le 2ème, c’est que cette humilité ne se confond pas avec une forme de frilosité. Jean Le Baptiste ne se tait pas, il ne fuit pas les savants et les puissants qu’on lui envoie depuis Jérusalem. Il ne refuse pas de leur répondre. Il témoigne. Et pourtant, il sait bien ce qu’il risque. Peut être pressent il même la fin qui sera la sienne, la mort en martyr, décapité dans une geôle du roi Hérode, pour satisfaire le caprice d’une femme à qui il avait osé dire ses 4 vérités. Martyr, signifie justement « témoin », et Jean, du désert dans lequel il appelle jusqu’à la fin de sa vie, est celui qui ose témoigner. Il ne se défile pas à l’appel de celui qui l’a envoyé, comme le dit le prophète Elie dans la 1ère lecture, « annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération ». En tant que disciples du Christ, nous avons-nous aussi à répondre à ceux qui nous interpellent, en paroles, en actes, en attitudes. Nous avons à répondre, à témoigner, par notre vie, notre manière de vivre, attentifs aux autres, et au bien que nous sommes appelés à faire. Saint Paul nous y invite, comme il l’écrit aux Thessaloniciens : « Soyez toujours dans la joie, rendez grâce, n’éteignez pas l’Esprit, gardez ce qui est bien, éloignez vous de toute espèce de mal ». Être témoin, c’est aussi, et peut être surtout, essayer d’être exemple. Non pas en se prenant pour une lumière et s’en glorifiant, mais en étant veilleuse, en donnant le petit éclat qui parfois sait guider les pas de celui qui cherche.
Le 3ème c’est la mission qu’accepte Jean, celle d’être un précurseur, un ouvreur de chemin. Il en faut du courage pour oser se mettre en avant du Christ ! Pour le précéder, tracer son chemin ! Il y a bien peu d’honneurs à récolter, et tant de coups à prendre ! Il faut se lever tôt pour tracer la voie à Jésus, et accepter le risque que court celui qui est en tête de cordée. Il faut le courage de Jean, ou encore celui de Marie, la Maman de Jésus que nous avons fêté mardi et qui a risqué un « oui » inconditionnel. J’aime énormément ce chant aux si belles paroles : « La première en chemin, Marie tu nous entraînes À risquer notre "oui" aux imprévus de Dieu ; Et voici qu'est semée en l'argile incertaine De notre humanité, Jésus-Christ, Fils de Dieu ». Et bien, chers frères et sœurs en Christ, nous aussi nous sommes appelés à précéder Jésus sur les routes de nos vies. A œuvrer, la plupart du temps dans les petites choses du quotidien, à la construction du Royaume dont il nous a confié la responsabilité. A chaque geste de fraternité que nous faisons, à chaque parole de réconfort que nous offrons, à chaque regard bienveillant que nous posons sur celles et ceux qui, pourtant, nous semblent égarés, voire détestables, nous ouvrons la route à l’Amour de Dieu offert à tous les Hommes.
Alors osons avancer, sachons exprimer notre Foi par la charité qui éclaire et qui réchauffe, faisons-le avec humilité, non pas pour nous en sentir illuminés mais pour être nous aussi témoins de la Lumière. Tout cela au fond peut être facile si nous n’oublions pas que le Christ nous suit, que son Esprit est sur nous, sa Parole en nous, et cela éclaire notre chemin d’une lumière qui ne craint pas de s’éteindre.

Amen.


Olivier RABILLOUD, diacre permanent
Église Saint Vincent de Paul – 13 Décembre 2020



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