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2° dimanche de l'Avent



 Le livre d’Isaïe a été écrit environ 500 ans avant la naissance du Christ alors que le peuple juif (ou du moins l’élite intellectuelle, politique et religieuse) avait été déporté à Babylone.
Cet exil qui a duré 49 ans a permis aux juifs, une certaine purification de leur Foi par l’éloignement de Jérusalem, et de prendre conscience d’avoir déplu au Seigneur. D’une certaine manière ne plus vivre à proximité du Temple de Jérusalem, lieu de la présence de Dieu avec son peuple, c’est un peu comme se sentir abandonné de Dieu.
Cette partie du livre d’Isaïe a certainement été écrite au moment du retour des exilés sous le règne du roi Cyrus II, un roi perse qui a vaincu les Assyriens.
A cette époque après une conquête, les vaincus devaient, en punition, construire une route plane pour permettre au conquérant et à ses idoles d’entrer dans le royaume conquis en manifestant sa puissance et la défaite des vaincus : c’est la signification de la phrase : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits et les escarpements seront changés en plaine ». C’est peut être ce qu’ont vécu les déportés en arrivant à Babylone.
Mais ici dans le texte la formule est passive et ce ne sont pas les juifs qui ont à aplanir les montagnes et les collines, mais le prophète leur annonce qu’ils vont faire une entrée triomphale dans le pays de leurs pères.

Cette partie du livre d’Isaïe s'ouvre par l'invitation « Consolez, consolez mon peuple » (40,1) et a reçu le nom de « Livre de la consolation d’Israël ». Le ton des chapitres suivants est très différent de la première partie car il se consacre davantage à l’attachement indéfectible de Dieu pour son peuple ; l’ensemble est placé sous le signe de promesses de bonheur.
Cela fait 49 ans que vous croyez être abandonnés par Dieu mais c’est faux : « Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance […]. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son coeur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. »

Pourtant nous aussi nous pensons parfois que Dieu nous a abandonné : le monde dans lequel nous vivons ou le dieu « argent » et le dieu « pouvoir » rivalisent pour devenir les nouvelles divinités de tous, peuvent nous faire croire que nous sommes un peu seuls à vouloir la justice.
Le psalmiste regarde vers le ciel avec nous : Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut, mais il faut garder espoir : « Le Seigneur donnera ses bienfaits, […] La justice marchera devant lui ». Mais nous voudrions cela tout de suite !

Alors nous entendons Saint Pierre nous demander d’être patients ; Dieu ne raisonne pas comme vous : « c’est pour vous qu’il patiente : car il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir »
Et Saint Marc nous dit : « Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. » (Entre parenthèses, c’est ici le tout début de l’Evangile de Marc qui ne nous raconte pas la nativité mais va tout de suite vers Jean-Baptiste).

Vous imaginez un gars barbu qui se ballade vêtu de peaux de chameaux, qui mange des sauterelles et vocifère des appels à la conversion ?
 Pourtant les foules viennent de Jérusalem ; cela peut paraître étonnant. Mais les juifs se souvenaient que le prophète Elie avait ce même vêtement et le même discours radical d’appel à la conversion et d’une certaine manière ils se déplacent en foule car ils ont besoin de ce rappel à l’ordre : eux aussi attendaient un sauveur car leur situation n’était pas plus enviable que la nôtre : un pays occupé, les plus anciens parmi nous se souviennent encore de ce que cela signifie !
Il y a juste un mois, je suis allé écouter le Père Guy Gilbert qui donnait une conférence à Sainte Pazanne. D’une certaine manière c’est la même chose : un prêtre chevelu, habillé d’un blouson de cuir, bardé de pin’s et dont le discours n’a pas été rédigé à l’académie française : le vocabulaire est fleuri ! Et pourtant l’église était comble : un autre fou qui déplace les foules !
Mais le message, quel est-il ?

D’abord - Prenez du temps les uns avec les autres : parents avec vos jeunes et vos ados, voisins et voisines, du temps pour s’écouter, se comprendre, car le temps c’est ce que Dieu nous donne non pas pour remplir nos portefeuilles de billets ou d’actions spéculatives, mais pour cheminer les uns avec les autres, nous encourager, nous soutenir, en un mot pour vivre la fraternité (c’est d’ailleurs le slogan de DIACONIA 2013 auquel nous invite nos évêques)
Et puis - Vivez de l’Eucharistie ; cette présence de Jésus parmi nous en Eglise, et qui nous donne la force d’aller vers les autres, tous les autres : les enfants ou les jeunes sans famille, sans espoir qui vivent avec la drogue, l’alcool et la violence : çà c’est pour Guy Gilbert.
Et pour nous ? Pour chacun ce sera différent : porter l’espérance à mon voisin isolé, à mon collègue de travail, à mon conjoint, à mon frère ou à ma sœur collégienne qui rame sur son devoir de math : OSER LA FRATERNITE pour porter l’espérance.
Cette période de l’Avent que nous donne l’Eglise c’est du temps : qu’allons nous en faire ?

« Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici notre Dieu. »


Philippe ARRIVÉ, diacre permanent.
4 Décembre 2011

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