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7° dimanche de Pâques


Frères et sœurs,

Tout au long de ces dimanches après Pâques, nous lisons des passages de l'Evangile de St Jean, passages souvent difficiles à accueillir dans notre esprit, et même dans notre cœur, tellement ils sont riches et denses. Le passage d'aujourd'hui nous parle de la place du chrétien « dans le monde ». Il est extrait de ce qu'on appelle ‘’le discours après la Cène’’ : Jésus va être arrêté dans quelques heures, il parle librement à ses amis, réunis autour de la table pour le dernier repas, il leur livre comme son testament ; mais les paroles ne suffisent plus, et la conversation se change en prière… Jésus prie pour ses amis, pour nous aujourd'hui, pour les disciples de tous les temps… Et dans sa prière, Jésus demande à son Père de sanctifier ses disciples : « Sanctifie-les dans la vérité ». S’ils veulent suivre le chemin du Christ, les disciples – vous et moi – vont être des Saints… oui F&S, nous sommes tous appelés à la Sainteté !

Mais à quoi cela nous engage-t-il ?

Dans toute l’Ecriture, le mot « saint » veut dire tout simplement « différent de… ». Oui, Jésus demande à son Père de faire de nous, personnellement des gens différents, et collectivement un peuple différent. Nous sommes les « saints » qui habitent et vivent ici : dans notre quartier, au milieu de nos frères… dans le monde ! A une condition : que nous acceptions de nous sanctifier, et donc de marquer notre différence dans tous nos comportements. Mais, entendons-nous bien sur le sens des termes : « être saint » ne veut pas dire prier, aller à la messe et multiplier les dévotions ; « être différent » ne veut pas dire non plus être un original ! Etre saint, c’est vivre quotidiennement les valeurs de l’Evangile, dont nous constatons chaque jour qu’elles sont en opposition avec les valeurs qui émergent dans notre société, dans notre monde d’aujourd’hui : pouvoir de l’argent, violence et esprit de domination, désir de paraître, quête du pouvoir, volonté de puissance, vengeance et oppression des faibles…. Devenir saint, c’est donc ne jamais se « couler dans le moule », ni dans nos manières d’être, ni dans nos manières de penser, mais au contraire, être vrais, en paroles et dans tous nos comportements ; être « dans le monde » pour témoigner du projet de Dieu, sans être « du monde » tel qu’il se présente à nous.

Oui mais alors, y-a-t-il une façon chrétienne d’être du monde ? Dans sa première lettre, saint Jean nous fournit les clés de compréhension :

Première clé : « Dieu est Amour ». Nous connaissons si bien par cœur cette phrase que peut-être nous ne réalisons plus à quel point elle est fondamentale. Pour Jean, les deux mots " Dieu" et "Amour" sont deux synonymes. On peut toujours remplacer l'un par l'autre ! Dieu est Amour... et l'Amour est Dieu. Cela veut dire que tout amour véritable vient de Dieu, aucun amour humain ne vient de l'homme seulement. Tout amour humain est dans l'homme une parcelle, une manifestation de l'amour de Dieu. Dimanche dernier, nous lisions déjà dans cette même lettre de St Jean : « l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.» (1 Jn 4,8). Cela revient à dire que l'amour dépasse les limites humaines, qu'il est surhumain, ce que nous expérimentons tous les jours en mesurant notre difficulté à aimer vraiment. Mais ce texte de Jean devrait nous déculpabiliser : si l'amour est la caractéristique de Dieu, rien d'étonnant à ce qu'il ne nous soit pas naturel. Nous pouvons donc cesser de nous accuser de ne pas savoir aimer ! Simplement, il suffit de puiser dans l'amour de Dieu pour le donner aux autres. Nous ne pouvons aimer que dans la mesure où nous sommes habités par Dieu.

Deuxième clé : « le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. » Reprenons ensemble le raisonnement de Saint Jean :
1.    Jésus est venu dans le monde pour révéler aux hommes le visage d'amour du Père ;
2.    ceux qui croient en lui, reçoivent l'Esprit de Dieu et entrent dans la communion d'amour du Père, du Fils et de l'Esprit ;
3.    remplis de l'Esprit d'amour, ils deviennent à leur tour des sources d'amour, comme leur Père.
C’est pour cela qu’à la suite de St Jean, nous pouvons proclamer que Jésus est le sauveur du monde. C'est-à-dire qu'il est celui qui va permettre au monde d'accomplir sa vocation. Nous avons bien conscience que le monde est en danger parce qu'il ne vit pas dans l'amour, ou plus exactement, qu'il ne vit pas d'amour. Jésus est venu habiter parmi nous pour nous transformer, pour nous faire découvrir que Dieu est Amour, et nous permettre de vivre de cet amour. C’est pourquoi nous pouvons dire que les hommes sont sauvés, car enfin, ils deviennent ce pour quoi ils sont créés, « image et ressemblance de Dieu » et donc, si Dieu est Amour, nous sommes faits pour aimer : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres ». F&S, si vous ne l’avez pas encore lue, je vous conseille ardemment l’encyclique « Fratelli Tutti » par laquelle notre Pape François nous exhorte à vivre ce commandement !

Mais peut-être redoutons-nous que cela soit au dessus de nos forces ?

Si c’est le cas, il est alors urgent de nous remémorer deux choses essentielles :
1.    la Foi est un don ;
2.    Dieu n’appelle pas ceux qui sont capables, Il rend capable ceux qu’il a appelés.
Comment ? Et bien, rappelons-nous que le jour de notre baptême, nous avons reçu cette force de l’Esprit Saint, Esprit de force et de vérité que nous allons fêter dans la joie dimanche prochain. C’est lui, l’Esprit Saint qui nous permet de croire et de prier, de dire avec confiance cette prière du Notre Père, de croire que c’est bien Jésus qui est véritablement présent sur l’autel, de rendre témoignage à Celui qui est Amour. C’est Lui qui me permet de reconnaître qu’avant de pouvoir aimer, j’ai été moi-même, librement et gratuitement aimé. C’est Lui qui nous guide, avec la Parole, pour comprendre ce que Dieu vient insuffler en chacun de nous. Prions-Le, afin que nous puissions à notre tour, humblement, avec ce que nous sommes, oser dire, non seulement que Dieu aime ce monde, que nous aimons ce monde, mais aussi que nous sommes faits pour cette solidarité, pour cet amour les uns, les autres.

Certes en progressant ainsi sur notre chemin de sainteté nous risquons, effectivement, de détonner, parce que nous ne serons plus en phase avec les idées reçues qui sont celles de Monsieur ou Madame-tout-le-monde. Pourtant Jésus nous promet la joie. Pas n’importe quelle joie : Sa joie. Et il dit cela à quelques heures de son arrestation, de son procès, de la torture et de la crucifixion. Il ose dire : « maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. » C’est que cette joie est plus profonde, plus intérieure qu’une simple gaité, qu’un simple sentiment de bonheur. Sa joie !

F&S, sur notre chemin vers la sainteté, en aimant le Père et notre prochain, puissions-nous déjà vivre et partager cette joie tout au long de la semaine afin de préparer nos cœurs à accueillir l’effusion de l’Esprit Saint qui fera de nous, dans le monde, des témoins de l’Amour de Dieu ! « Jésus, que ma joie demeure. »

Amen.

Patrick JAVANAUD, diacre permanent
16 Mai 2021


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