Année B
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retour vers l'accueil7° dimanche de Pâques
Frères et sœurs,
Cela ne vous a pas échappé : nous sommes au milieu du gué ! Nous sommes
dans l’attente : Jésus a rejoint le Père et nous vivons, comme les
disciples, l’attente de l’Esprit qu’il nous a promis. Et comme je le
dis régulièrement aux parents de jeunes enfants que je prépare au
baptême : quand Dieu fait une promesse, il la tient ! Soyons donc dans
l’espérance, dans la joie, dans la gaité ! Certes nous n’avons pas
toujours le cœur à rire quand nous venons à la messe, chacun vient avec
ses joies et ses peines, ses inquiétudes, ses déceptions… et pourtant,
pourquoi sommes-nous là ce matin ?
N’est-ce pas pour partager ce que nous sommes ? Avec le christ notre
frère bien sûr, mais aussi entre nous, frères et sœurs ici rassemblés
pour faire Corps, pour reconstituer Son corps, en Eglise, maintenant
qu’il est auprès du Père et qu’il a disparu à nos yeux incrédules.
Ne sommes-nous pas ici pour nous mettre, dans l’espérance, en quête de
son Esprit, qu’il nous partage sans compter dès lors que nous lui
ouvrons en confiance notre cœur et le laissons nous habiter et nous
transformer... ?
Ne sommes-nous pas venu l’écouter nous parler, nous ressourcer à la
proclamation des textes de l’écriture sainte, la Bonne Nouvelle reçue
hier, pour aujourd’hui et pour demain ?
Justement, que nous dit-elle ?
Jean nous rapporte la grande prière de Jésus : « Consacre-les dans la
vérité ». Jésus, le soir du dernier repas, demande à son Père de
sanctifier ses disciples : s’ils veulent suivre le chemin du Christ,
les disciples – vous et moi – vont être des Saints… et oui : nous
sommes tous en chemin vers la Sainteté ! Mais à quoi cela nous
engage-t-il ? Dans toute l’Ecriture, le mot « saint » veut dire tout
simplement « différent de… ». Et bien Jésus demande à son Père de faire
de nous, personnellement des gens différents, et collectivement un
peuple différent. Nous sommes les « saints » qui habitent et vivent
ici, dans notre quartier, au milieu de nos frères… dans le monde ! A
une condition, c’est que nous acceptions de nous sanctifier, et donc de
marquer notre différence dans tous nos comportements. Mais,
entendons-nous bien sur le sens du terme : être saint ne veut pas dire
prier, aller à la messe et multiplier les dévotions ; être différent ne
veut pas dire non plus être un original. Etre saint, c’est vivre
quotidiennement les valeurs de l’Evangile, dans la mesure où elles sont
en opposition avec les valeurs qui émergent dans notre société, dans
notre monde d’aujourd’hui : pouvoir de l’argent, violence et esprit de
domination, désir de paraître, quête du pouvoir, volonté de puissance,
vengeance et oppression des faibles…. C’est donc ne jamais se « couler
dans le moule », ni dans nos manières d’être, ni dans nos manières de
penser, mais au contraire, être vrais, en paroles et dans tous nos
comportements ; être « dans le monde » pour témoigner du projet de
Dieu, sans être « du monde » tel qu’il se présente à nous.
Oui mais alors, y-a-t-il une façon chrétienne d’être du monde ? Dans sa
première lettre, le même saint Jean nous fournit les clés de
compréhension :
Première clé : « Dieu est Amour ». Nous connaissons si bien par coeur
cette phrase que peut-être nous ne réalisons plus à quel point elle est
fondamentale. Pour Jean, les deux mots " Dieu" et "Amour" sont deux
synonymes. On peut toujours remplacer l'un par l'autre ! Dieu est
Amour... et l'Amour est Dieu. Cela veut dire que tout amour véritable
vient de Dieu, aucun amour humain ne vient de l'homme seulement. Tout
amour humain est dans l'homme une parcelle, une manifestation de
l'amour de Dieu. Dimanche dernier, nous lisions déjà dans cette même
lettre de Jean : « l'amour vient de Dieu et quiconque aime est né de
Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n aime pas n'a pas
découvert Dieu, puisque Dieu est Amour » (1 Jn 4,8).
Cela revient à dire que l'amour dépasse les limites humaines, qu'il est
surhumain, ce que nous expérimentons tous les jours en mesurant notre
difficulté à aimer vraiment. Mais ce texte de Jean devrait nous
déculpabiliser : si l'amour est la caractéristique de Dieu, rien
d'étonnant à ce qu'il ne nous soit pas naturel. Donc cessons d'avoir
honte de ne pas savoir aimer; simplement, il suffit de puiser dans
l'amour de Dieu pour le donner aux autres. Nous ne pouvons aimer que
dans la mesure où nous sommes habités par Dieu.
Deuxième clé : « le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. » Suivez-moi, le raisonnement de Jean est le suivant :
1. Jésus est venu dans le monde pour révéler aux hommes le visage d'amour du Père ;
2. ceux qui croient en lui, reçoivent l'Esprit de
Dieu et entrent dans la communion d'amour du Père, du Fils et de
l'Esprit ;
3. remplis de l'Esprit d'amour, ils deviennent à leur tour des sources d'amour, comme leur Père.
C’est pourquoi, à la suite de Jean, nous pouvons proclamer que Jésus
est le sauveur du monde. C'est-à-dire qu'il est celui qui va permettre
au monde d'accomplir sa vocation. Il est clair pour nous que le monde
est perdu parce qu'il ne vit pas dans l'amour, ou -si vous préférez
-qu'il ne vit pas d'amour. Jésus est venu habiter parmi nous pour nous
transformer, pour nous faire découvrir que Dieu est Amour, et nous
permettre de vivre de cet amour. Ainsi nous pouvons dire que les hommes
sont sauvés, car enfin, ils deviennent ce pour quoi ils sont créés, «
image et ressemblance de Dieu » et donc, si Dieu est Amour, nous sommes
faits pour aimer : « Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés,
nous devons aussi nous aimer les uns les autres ».
Cela ne serait-il pas au dessus de nos forces ?
Depuis le jour de notre baptême, nous avons reçu cette force de
l’Esprit Saint, Esprit de force et de vérité que nous allons fêter dans
la joie dimanche prochain. C’est lui, l’Esprit Saint qui nous permet de
croire et de prier, de dire avec confiance cette prière du Notre Père,
de croire que c’est bien Jésus qui est véritablement présent sur
l’autel, de rendre témoignage à Celui qui est Amour. C’est Lui qui me
permet de reconnaître qu’avant de pouvoir aimer, j’ai été moi-même,
librement et gratuitement aimé. C’est Lui qui nous guide, avec la
Parole, pour comprendre ce que Dieu vient insuffler en chacun de nous.
Prions-Le, afin que nous puissions à notre tour, humblement, avec ce
que nous sommes, oser dire, non seulement que Dieu aime ce monde, que
nous aimons ce monde, mais aussi que nous sommes faits pour cette
solidarité, pour cet amour les uns, les autres.
Certes en progressant ainsi sur notre chemin de sainteté nous risquons,
effectivement, de détonner, parce que nous ne serons plus en phase avec
les idées reçues qui sont celles de Monsieur ou Madame-tout-le-monde.
Pourtant Jésus nous promet la joie. Pas n’importe quelle joie : sa
joie. Et il dit cela à quelques heures de son arrestation, de son
procès, de la torture et de la crucifixion. Il ose dire : « maintenant
que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu'ils aient en
eux ma joie, et qu'ils en soient comblés. » C’est que cette joie est
plus profonde, plus intérieure qu’une simple gaité, qu’un simple
sentiment de bonheur. Sa joie !
Comme je vous y invitais en commençant cette homélie : puissions-nous
vivre et partager cette joie tout au long de cette semaine. « Jésus,
que ma joie demeure. »
Amen
Patrick JAVANAUD, diacre permanent
(avec la complicité de Léon Paillot, de Marie-Noëlle Thabut et de l’Esprit-Saint)
20 et 21 mai 2012
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