Année B
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retour vers l'accueil7° dimanche de Pâques
Ce passage d’évangile que je viens de lire se situe dans le discours
après la Cène, on est au dernier moment de la vie de Jésus. Il a parlé
d’unité (qu’ils soient uns), de joie et maintenant il rassemble tout
dans la Vérité. Tout à l’heure il dira : Quand il viendra, lui,
l’Esprit de vérité (celui que nous attendons, entre Ascension et
Pentecôte), il vous conduira dans la vérité tout entière.
Et plus tard il répondra à Pilate : Moi je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.
La vérité est un thème central pour Jésus ("Je suis la vérité").
Pour nous, il s’agit donc de vivre avec nos frères des rapports vrais,
orientés par l’amour ("amour et vérité se rencontrent" dit un psaume )
et d’abord entre nous, chrétiens, membres de notre communauté
paroissiale.
Jusqu’ici, dit comme ça, à ce niveau un peu théorique, cela paraît
facile, mais on voit bien que cela se complique dès qu’on veut mettre
les choses en application :
- Il n’est pas toujours facile savoir ce qui est vrai, de démêler le
vrai du faux. Par exemple, comment s’y retrouver dans tous les discours
actuels sur l’épidémie ?
- Et puis "Toute vérité n’est pas bonne à dire" dit la sagesse populaire …
Et puis j’en étais là de ma réflexion, quand je suis tombé sur un
texte de Soljenitsyne (1974) sur le refus du mensonge. Et si nous
commencions par là : refuser de mentir, ne jamais dire quelque chose
que nous savons faux …
- Vérifier avant de colporter une rumeur de la repartager sur les réseaux
- Refuser de mentir par convenance sociale : pas
toujours simple (Cf. dans le passage d’évangile d’aujourd’hui : le
monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde),
- Refuser de mentir par intérêt (pour plaire à son chef, diminuer ses impôts …)
- - Accepter le débat et changer d’avis si manifestement on me montre que je me suis trompé
- Etc.
C’est simple, exigeant, mais sans doute moins difficile que d’aller dire la vérité.
En effet, Soljenitsyne, que nous savons si courageux explique dans son
texte : "Nous ne sommes pas mûrs pour aller sur la place publique et
proclamer à grands cris la vérité, et dire tout haut ce que nous
pensons tout bas. Ce n’est pas pour nous, cela fait peur." Même lui dit
cela !
En poursuivant mes recherches, je suis allé dans le Catéchisme de
l’Eglise Catholique (CEC), dans son développement sur le 8ème
commandement : tu ne feras pas de faux témoignage.
On peut déjà remarquer que l’ambition du décalogue n’est pas si
différente de ce que propose Soljenitsyne avec le refus du mensonge …
Le CEC met en garde :
- Non seulement contre la calomnie : propager un mensonge sur quelqu’un,
- Contre la médisance : propager une rumeur exacte
pour faire du mal. Mais cette vérité est elle bonne et utile à
dire ?
- Mais aussi contre le jugement téméraire : "même
tacitement admettre comme vrai sans fondement suffisant un défaut moral
chez le prochain".
Pour l’éviter, il recommande de "veiller à interpréter autant que
possible dans un sens favorable les pensées, paroles et actions de son
prochain".
Éric, qui a été ordonné diacre avec moi, avait une expression pour cela : traquer le positif.
Alors traquons le positif chez nos frères, plutôt que de chercher leur défaut, même si nous sommes souvent très doués pour cela.
Cette attitude du cœur n’est elle pas nécessaire pour « être uns » comme Jésus le souhaite ?
N'est-ce pas de cette façon qu’Amour et Vérité se rencontrent ?
Pour finir, 3 pistes :
1. Eclairer sa conscience, par des lectures, des formations,
2. Prendre le temps de la réflexion avant de nous exprimer
Quand j’étais petit, il y avait une expression : tourner 7 fois sa langue dans sa bouche …
Sur certains sujets, c’est même un peu trop court, il faudrait faire 7 fois le tour du quartier, ou de la ville …
3. Et surtout, regarder nos frères avec le regard du
Seigneur : un regard aimant, positif sur chacun, Et le faire dans la
prière, avec le Seigneur, parce qu’à Lui, on ne peut pas raconter de
salades, on évite de s’abuser soi même …
Avec Lui, on ne peut qu’avoir un regard où "amour et vérité se rencontrent".
Philippe DUTHOIT, diacre permanent
16 Mai 2021
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