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7° dimanche de Pâques



Ce dimanche 16 mai est, d’une part, celui de la Saint Honoré, Saint patron des boulangers et pâtissiers, et d’autre part la 55ème journée mondiale des communications sociales. Cette journée est marquée, depuis le concile Vatican II, le dimanche situé entre l’Ascension et la Pentecôte. Cette année, le thème que notre Pape François nous propose pour cette journée est cette phrase tirée de l’Evangile de Jean, qu’adresse Philippe, tout nouvellement disciple du Christ, à son ami Nathanaël, qui affiche son scepticisme : « Viens et vois ». La foi chrétienne commence ainsi. Elle est faite de venues : celle des bergers, puis des rois-mages autour de la crèche, des foules tout au long des 3 ans de ministère de Jésus, des disciples qui rejoignent Jésus après sa résurrection, et qui, lorsqu’ils voient, se mettent à croire. Dans son message à l’occasion de ce cette journée, le Pape François écrit que « l'invitation à « venir et voir », est la démarche de toute authentique communication humaine. Pour raconter la vérité de la vie qui devient histoire, il est nécessaire de sortir de la présomption commode de « déjà savoir » et de se mettre en marche, aller voir, être avec les personnes, les écouter, recueillir les suggestions de la réalité qui nous surprendra toujours par l'un ou l’autre de ses aspects ».
L’Evangile de ce jour nous rappelle que, pour nous chrétiens, tout s’est révélé lorsque notre Dieu a osé la rencontre, en s’incarnant en son Fils Jésus, né Homme parmi les hommes et ayant vécu parmi nous en ne cessant d’aller à la rencontre de ses contemporains et de partager leur condition. Dieu, en Jésus, est venu pour être avec nous, et pour nous inviter, à sa suite à aller à la rencontre de nos frères, envoyés dans le monde, comme nous le dit le texte d’Evangile que nous venons d’entendre.
Venir et voir. Je ne peux m’empêcher de m’arrêter sur ce verbe « Venir ». Il est différent de celui de « Aller ». Venir signifie qu’on arrive, qu’on a fait un chemin, que l’on vise un but, que l’on a cheminé vers. Jésus l’utilise dans ce texte d’Evangile lorsqu’il dit à son Père « Et maintenant que je viens à toi ». Il est beau ce verbe. Il porte le sens d’une rencontre authentique, d’un accueil, précurseur d’un partage. Il me fait penser à la visitation, lorsque Marie vient à la rencontre de sa cousine Elisabeth, enceinte de celui qui dira « celui qui vient après moi ». Il me rappelle aussi ce que j’avais entendu, il y a quelques années, de 2 membres du groupe proximité et solidarité de notre paroisse. Ils racontaient qu’alors ils allaient à la rencontre d’un sans-abri qui squattait près de l’Eglise St Paul à Rezé, pour lui donner un poste transistor, celui-ci, en leur montrant les cartons et couvertures étendus au sol autour de lui, leur avait dit « si vous voulez bien venir chez moi ». Ils avaient accepté, touchés de cette invitation surprenante et avaient vécu là, sur le sol de la précarité, un grand moment d’humanité. Venir à l’autre, c’est le reconnaître et reconnaître son prochain, est le 1er pas qui permet de l’aimer. Et comme le dit Saint Jean dans sa lettre lue en 2ème lecture, « Si nous nous aimons les uns les autres, alors Dieu demeure en nous et, en nous, son amour atteint la perfection ».
Le verbe voir nous aide aussi, c’est le cas de le dire, à ouvrir notre regard. Voir, ce n’est pas regarder sans but. C’est discerner dans ce que nos yeux perçoivent, ce qui peut parler à notre esprit, à notre cœur, à notre âme. L’Evangile du jour commence par la phrase « les yeux levés au Ciel ». Jésus, qui s’apprête à rejoindre le Père qui l’avait envoyé, tourne son regard vers celui auprès de qui il revient. Voir, c’est aussi accepter de regarder ce que nous voulons garder. Ne dit-on pas « voir la vérité en face », « voir pour le croire » ? En tant que disciples du Christ, il nous faut voir, pour croire, et ensuite pouvoir être témoin ; voir (et entendre) la parole de Dieu, celle que Jésus nous a donné, et que nous sommes invités à porter dans le monde. C’est un chemin dangereux, et Jésus nous en avertit « Moi je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine, parce qu’ils n’appartiennent pas au monde ».  Dans le monde d’aujourd’hui, comme dans celui d’hier, d’ailleurs, être témoin de la parole du Christ, du message chrétien, n’est jamais facile et peut nous placer en butte à l’hostilité. Les messages de tolérance, d’accueil, de pardon, que porte l’Evangile, sonnent bien comme cela, mais sont ô combien difficiles lorsqu’il s’agit de les mettre en pratique. La tolérance pour les personnes qui vivent dans la différence. Nous sommes d’ailleurs aujourd’hui invités à prier pour que recule l’homophobie et progresse l’accueil, notamment dans notre Eglise, des personnes homosexuelles. L’accueil pour les migrants et réfugiés, que nous voyons si facilement comme une menace et plus difficilement comme des sœurs et frères en humanité à qui nous pouvons accorder la charité chrétienne que nous professons. Le pardon, y compris pour les pires criminels, et la mort cette semaine de Michel Fourniret, ou le procès de Nordhal Lelandais nous en donne de sinistres et d’abominables exemples. Judas, le traître qui a livré Jésus, celui qui a commis l’impardonnable, Pierre, lui-même le rappelle dans la 1ère lecture « Il était l’un de nous ». Il ne s’agit pas de pardonner les actes, mais de prier pour l’âme de ceux que le malin a poussé à les commettre. Jésus ne prie pas pour que « Dieu retire du monde ceux qui ont reçu sa parole, mais pour que Dieu, son père, les garde du Mauvais ». Sachons nous associer à cette prière.

Enfin, je retiens que le début de la prière du Christ que nous rapporte cet Evangile parle d’unité. « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes ».  L’unité est d’ailleurs la devise de notre Evêque « Afin que tous soient un ». Le défi est immense de maintenir une unité alors que nous sommes tous, et c’est normal, de convictions différentes, d’opinions parfois contraires, et d’horizons si divers. Mais l’unité n’est pas l’uniformité. C’est l’acceptation de la différence, non pas comme une menace, mais comme une richesse. C’est faire résonner cette autre phrase de la prière de Jésus « je les gardais unis dans ton nom, j’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu ». En ce jour où nous célébrons la journée mondiale des communications sociales, et en une époque où internet et les réseaux sociaux sont trop souvent vecteurs de discorde, de cacophonie et de haine, sachons ne pas nous éloigner de l’essentiel. Sachons garder et mettre en pratique la parole de Vérité que nous a donné le Christ. Celle qui invite à l’Amour entre les Hommes. Et soyons dignes de la mission à laquelle nous envoie le Christ auprès de nos sœurs et frères en humanité. Invitons-les à partager cette communication essentielle. Et s’ils sont sceptiques, s’ils craignent qu’il ne s’agisse d’une Fake-News, n’ayons pas peur de répondre, nous aussi : « Venez et croyez ».
Amen.

Olivier RABILLOUD, diacre permanent
Les Sorinières
15 Mai 2021


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