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     « Ne songez plus au passé, voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? » disait Dieu dans le livre d’Isaïe. Avec la guérison du paralytique, Jésus redonne vie, guérit son âme et son corps. Pour cet homme, c’est une vie nouvelle qui commence. « L’homme se leva, prit son brancard et sortit devant tout le monde », nous dit Saint Marc. A chaque fois que Jésus fait un acte de guérison,  cet acte est associé à une parole qui relève, et le Royaume de Diau naît, un nouvel ordre des choses apparaît : les boiteux marchent, les aveugles voient, la Bonne Nouvelle est annoncée. Parole, sanctification, relèvement de l’homme et avènement du royaume sont liés.
    En équipe pastorale, notre curé, Philippe, a invité les diacres à témoigner de leur mission devant la communauté. Le texte d’évangile que nous venons d’entendre s’y prête bien, car le diacre est ordonné au service de l’Eglise pour les hommes, à la suite du Christ serviteur que l’on voit ici guérir l’âme et le corps du paralytique.

L’Evêque de Nantes m’a confié la mission d’animer le Comité Diocésain Vigilance et Solidarité. Il regroupe les services d’Eglise et associations qui travaillent auprès des plus démunis, comme le Secours catholique, Saint Vincent de Paul, le CCFD, les aumôneries des prisons et des gens du voyage, la pastorale des migrants, l’Ecoute de la Rue, le NID etc…  Ce comité est un lieu de vigilance et d’initiatives attentif aux situations où la dignité de l’homme est en jeu. « Il n’y a pas de Charité sans justice » nous dit Benoît XVI dans son encyclique Veritas in Caritate. Ce comité est un lieu d’échanges fraternels avec le souci de faire advenir un monde plus humain et plus juste, et au-delà, de travailler au Royaume de Dieu. Ce travail en commun, qui respecte les charismes des uns et des autres, est signe de l’Eglise au service de l’humanité, et particulièrement des plus fragiles. Dans la ligne de la doctrine sociale de l’Eglise, le comité diocésain s’est impliqué sur les questions actuelles de notre société : le logement, la façon dont sont traités les immigrés, la discrimination de minorités, l’exclusion de plus en plus massive… car l’Evangile est indissociable d’un vivre ensemble et d’une fraternité qui n’est pas facultative. Nous sommes tous appelés à vivre en  frères, car fils d’un même Père. L’Evangile, interroge notre vie personnelle comme notre vie en société.

Dans ma mission, je suis également co-président de l’Accueil d’Abord… une association des Eglises chrétiennes qui accompagne les familles migrantes déboutées du droit d’asile, en très grande précarité. Dans ces accompagnements au long cours, je suis témoin des cruelles épreuves que vivent ces migrants que nous accueillons, des pauvretés, des sévices et persécutions subies dans leur pays du fait de régimes politiques dictatoriaux ou de mafia… Certains sont marqués à vie dans leur corps et dans leur cœur. En France, terre réputée terre d’asile traditionnellement, leur parcours est devenu une suite d’obstacles très difficiles à franchir. Souvent, dépouillés de leurs papiers et n’ont plus les preuves qui les aideraient à être régularisés. Il s’en suit des galères qui durent des années. Sans papiers, sans logements, sans travail, ces hommes et ces femmes ont la volonté de s’intégrer et ne veulent en aucun cas rentrer dans leur pays. L’accueil que nous proposons est à titre humanitaire, dans des logements mis à disposition par les villes, avec la contribution financière du Conseil Général pour le gaz et l’électricité. Le partenariat avec les instances politiques locales est essentiel à nos yeux, car cet accueil est un problème de société. Au bout de plusieurs années, après de multiples procédures et démarches, ces personnes arrivent à être régularisées. Alors, elles ne sont plus sans avenir, elles peuvent se remettre à faire des projets, à travailler, à penser à l’avenir de leurs enfants. Ces familles qui ont vécues des années terribles là-bas dans leur pays et en France tiennent bon, travaillent et s’épanouissent. Plusieurs familles catholiques ou orthodoxes que nous accompagnons, envisagent actuellement le baptême de leurs enfants. « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? » Nous sommes émerveillés de voir comment ces familles rebondissent et nous rendons grâce à Dieu.

Plusieurs groupes et services de la paroisse sont entrés dans la démarche de l’Eglise de France « Diaconia 2013, servons la fraternité ».  Diaconia est un mot grec qui signifie « service du frère ».  On peut appeler diaconie tout acte de présence, d’accueil, de soutien, de fraternité, principalement envers les plus démunis. Comme le rappelle Benoît XVI, « La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu (martyria), célébration des sacrements (leitourgia), service de la charité (diakonia). Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre.  Le service du frère n’est pas facultatif et la démarche Diaconia 2013 vise à mettre le service de l’humanité au cœur de la vie chrétienne, en lien avec l’annonce de la Parole et la célébration ; à faire apparaître ce qui se vit déjà, les fragilités et les merveilles rencontrées… toujours en référence au Christ serviteur. Le diacre, lui est ordonné, à l’image du Christ serviteur, au service de l’Eglise pour les hommes, il est signe de cette diaconie. C’est de son rôle d’aider la communauté à devenir toute entière diaconale, c'est-à-dire accueillante aux petits, tournée vers les plus démunis, ceux de la rue, des prisons, les malades ou les personnes âgées… Je sais qu’un bon nombre d’entre vous vivent ce service, cette diaconie, sans que la communauté dans son ensemble le sache et le partage. Je souhaite que cette démarche Diaconia 2013 fasse apparaître tout cela au grand jour dans notre paroisse. Pour moi, ordonné au service, je deviens un peu plus chrétien en vivant le service et la charité à la suite de Jésus serviteur, comme je le deviens en célébrant et en annonçant aujourd’hui la Parole.

Yves Michonneau, diacre permanent.
le 22 février 2009                      
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault                                                                             



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