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Une visite peut-elle changer le cours de l’Histoire ? Prétentieux de le dire, n’est-ce pas ? Et pourtant, ne serait-ce pas ce qui est arrivé dans ce petit port méditerranéen, Césarée ?
Cela nous est rapporté au chapitre dix du livre des Actes des Apôtres. Un extrait nous a été lu il y a un instant. L’événement est tellement important qu’il mérite que l’on s’y arrête quelques instants.

De quoi s’agit-il ?

La première communauté chrétienne vient de connaître une série d’actions visant à la réduire au silence : Etienne a été lapidé, Pierre emprisonné mais mystérieusement libéré. Par ailleurs, Paul, converti, a rejoint la communauté qu’il persécutait.

Et voilà qu’un centurion de l’armée romaine, homme juste, à la suite d’une vision, fait appel à Pierre. Ce dernier, lui aussi, a eu une étrange vision : lui, juif, on le contraignait à manger des viandes impures ! Et tandis qu’il s’interrogeait sur la signification de ce songe, arrive la délégation du centurion. A son invitation, Pierre, accompagné de quelques compagnons, se met en route et se rend à Césarée. Alors, c’est la scène qui nous a été partiellement racontée.
Je vous invite à lire ce passionnant chapitre 10 du livre des Actes des Apôtres.

En arrivant, Pierre réalise que cet homme, cet étranger, païen aux yeux des juifs, était accueilli par Dieu. Pierre comprend, selon le récit, « que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. » (Ac 10, 34).
L’Esprit Saint que les disciples avaient reçu, lors de la Pentecôte, s’empare de tous.
Devant ce signe extraordinaire, Pierre donne l’ordre de baptiser ces païens, au nom de Jésus Christ.

Et voilà que vole en éclat un ancestral séparatisme religieux, culturel, ethnique. Il n’est plus question de juifs et de païens. Ce qui était irréductible, impensable, devient possible : un officier de l’armée d’occupation et les siens rejoignent la première communauté chrétienne. L’Eglise naissante, sous la responsabilité de Pierre, notre pape premier, inaugure ce monde nouveau. Paul poursuivra inlassablement cette mission. Voilà que se traduisait en acte la volonté du Christ exprimée à ses disciples lorsqu’il leur disait : «mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15, 12) en ajoutant : « je vous ai  choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure. » (Jn 15, 16) Ces paroles nous les avons entendues dans l’évangile d’aujourd’hui. Elles sont aussi pour nous.


Alors, en quoi cet événement nous concerne-t-il ?

Il concerne notre Eglise. Il concerne la société civile. Et il nous concerne personnellement.

L’événement concerne notre Eglise.

L’ouverture au monde païen n’est pas d’aujourd’hui. C’est l’histoire des missions depuis les temps apostoliques. C’est l’effort, peut-être pas toujours réussi, de traduire le message dans des cultures éloignées de la culture d’origine. C’est depuis Vatican II, l’appel pressant à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux. Récemment, le rassemblement à Assise l’a signifié. Alors, comment ne pas se sentir blessé lorsque certains, qui se disent chrétiens, refusent cette ouverture au monde qui est à la racine même de l’Eglise. Car, ce n’est pas une question de stratégie, de prosélytisme, ou de récupération, ou de tout niveler ! Entendons cette parole du Christ : « C’est moi qui vous ai choisis et établis afin que nous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. » (Jn 15, 16).
L’ouverture au monde, à l’autre différent de nous est une mission.


L’événement concerne la société civile.

L’accueil de l’autre différent n’est pas l’exclusivité de la sphère religieuse. L’histoire est lourde du poids des violences et des guerres. Frontières géographiques, ethniques, culturelles, religieuses, économiques. C’est continuellement à l’ordre du jour, surtout dans les périodes de tensions économiques ou électorales. Il appartient aux politiques de prendre les décisions qui respectent la dignité des uns et des autres, surtout des plus fragilisés. Nous pensons à Pierre, ce pêcheur de Galilée, fidèle juif, Pierre qui rencontre un officier de l’armée d’occupation, qui l’accueille en s’écriant : « En vérité, je le comprends Dieu ne fait pas de différence entre les hommes, quelle que soit leur race… . » (Ac 10, 34)     Quel exemple !


L’événement nous concerne personnellement.

Il ne s’agit pas simplement d’accueillir, il s’agit de mettre en œuvre le commandement du Christ : «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15, 12). Ce « comme » est capital. L’amour dont nous parle le Christ, n’est pas, d’abord, une question de sentiment, il est de l’ordre existentiel !
Aimer, c’est faire exister, et jusqu’au-delà de la mort terrestre. Pourquoi ? Parce que le véritable amour a sa source en Dieu. Dieu, de qui vient toute vie et en qui toute vie aboutit.
Repérez bien cette chaîne de l’amour : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. » (Jn 15, 9). Là est l’amour existentiel : le Père, le Christ et nous, bénéficiaires et transmetteurs à notre tour. Aimez comme le Christ, c’est faire exister l’autre, ou bien alors ce n’est pas un véritable amour, qu’il soit : conjugal, filial, fraternel, familial, de voisinage, de l’étranger.

Frères et sœurs, que le Christ nous aide à accueillir et à aimer en vérité, comme LUI !

Amen.

Georges AILLET, prêtre.
12-13 mai 2012
Paroisse Ste Anne- St Clair, Nantes


 




                                                              



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