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5° dimanche de Pâques




 « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit. » C’est la deuxième fois cette année que Jésus nous appelle à porter du fruit. La première fois, c’était avant Pâques, le 5ème Dimanche de Carême. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul… Mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. »  Ce sont les deux seuls passages du Nouveau Testament où l’on rencontre cette expression, et le fait de la rencontrer aujourd’hui dans le discours après la Cène peut nous inviter à approfondir le mystère de l’Eucharistie que nous vivons en ce moment ; le grain de blé et la vigne sont à la base des éléments essentiels à notre repas eucharistique : le Pain et le Vin .
Nous sommes invités à porter du fruit pour la gloire de Dieu, c’est à dire pour que son Règne d’Amour s’étende à toute la création, pour que son Nom soit connu et sanctifié. C’est tout le sens de la mission du Christ. « Les boiteux marchent, les aveugles voient, et les pauvres sont évangélisés. » C’est encore la mission de l’Eglise, cette vigne dont le Père est le vigneron et qui, petit à petit, étend ses sarments sur tous les continents.
Quels fruits sommes-nous donc appelés à porter ?  les fruits de la Charité et de l’amour fraternel. St Jean précise : « Mes enfants, nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. » Trop souvent, il nous arrive d’en rester au niveau des intentions, il faut bien le reconnaître. On devrait vivre dans l’obsession de Mt 25 :  « J’ai eu faim et vous  m’avez  donné à manger, j’étais étranger et vous m’avez accueilli, j’étais malade et vous m’avez  visité. » non par peur de l’enfer, mais par crainte d’être le grain de sable qui empêche la sève de circuler dans tous les sarments. La vie fraternelle n’a qu’un critère : les actes. Mais par lâcheté, par paresse, par peur, nous ne faisons pas toujours le bien que nous voudrions faire. Le verdict risque d’être sévère : « Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève. » Ce n’est pas une menace car notre Père est miséricordieux, c’est le constat attristé de Jésus devant des disciples qui ne sont pas  solidaires de leurs frères et qui vivent dans l’égoïsme.
Mais on peut aussi se démener et s’user dans l’action sans pour autant porter les fruits que le Vigneron attend. « La tentation de l’homme moderne, disait Claudel, c’est de montrer qu’on n’a pas besoin de Dieu pour faire le bien. » Même si nous accomplissons des actions brillantes, couronnées par la réussite professionnelle ou politique, si elles ne sont pas nourries par l’Amour,  la sève qui nous vient de la vraie vigne, elles ne seront que des fruits secs. « Demeurez-en moi, comme moi en vous…en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » En s’identifiant à la vraie vigne, Jésus se présente comme celui qui vient enfin répondre à l’attente de Dieu, en lui faisant une confiance absolue. Et si nous sommes ses sarments, nous devrons toujours chercher à nous conformer à sa manière d’être en relation avec son Père, à nous ajuster à sa volonté. Pour cela, nous avons à entrer dans une démarche de conversion permanente ; nous avons, en engageant pleinement notre liberté, à nous laisser émonder par le Père.
« Emondés, vous l’êtes déjà grâce à la Parole que je vous ai dite. » C’est la Parole de Dieu qui peut nous façonner et nous faire découvrir notre vocation personnelle. La Parole, nous la recevons chaque dimanche, mais nous arrive-t-il de la laisser s’enraciner dans notre cœur pendant des instants suffisamment longs au cours de la semaine pour qu’elle nous dise quelque chose de personnel ? Nous arrive-t-il de demeurer sous le regard de Jésus pour comprendre à quel point il nous aime, et combien il compte sur nous ? « Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit. » DEMEURER : ce verbe est répété dix fois par St Jean dans les textes de ce dimanche. C’est merveilleux, le Christ habite en nous ; mais quelle place lui laissons-nous pour agir dans notre vie et lui donner une valeur d’éternité ?
Il y a un moyen simple pour qu’une vie humaine devienne une vie chrétienne, c’est de demeurer en Jésus Christ. C’est à cela que nous sommes convoqués lors de chaque Eucharistie. Chaque dimanche, nous venons offrir notre vie, nos actions, nos relations pour qu’elles deviennent sa Vie, pour que sa Vie de ressuscité pénètre la nôtre. Nous lui présentons celle de la semaine écoulée pour que, par l’Esprit Saint, il la transfigure en son Corps et son Sang offerts au Père. Nous lui présentons aussi celle de la semaine à venir pour que sa volonté s’y accomplisse et que son amour pour chacun s’y révèle. C’est cela, vivre en communion. L’existence chrétienne comme la vie de l’Eglise se trouvent ainsi intégrées dans la dynamique des relations qui unissent le Père, le Fils et l’Esprit ; même les épreuves, les souffrances, les échecs qu’on déplore, deviennent ainsi des fruits dans le Royaume de Dieu, car « Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses » . De cet admirable échange, l’Eucharistie est le sacrement : le signe et le gage. Ne comptons donc pas sur nos seules forces pour porter du fruit, mais chaque dimanche, accueillons la sève de la Vraie Vigne.

Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.

Corsept, Paimboeuf et St Brévin
Le 10 mai 2009


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