Année B
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Comme le peuple Hébreux, au temps de Moïse, dans le désert du Sinaï,
nous avons, nous aussi plus que jamais besoin d’entendre une Parole qui
ouvre un avenir et fonde la confiance en Dieu.
Comme ce peuple, dont le cœur était partagé entre l’émerveillement et
la peur, et qui a choisi la peur, notre temps a peur de l’avenir, peur
de la crise, peur de perdre ses acquis, son niveau de vie, son
confort…Y’en aura-t-il pour tout le monde: de la croissance, de la
santé, de l’éducation, de l’eau, du pétrole… Les pénuries, les
jalousies, le repli sur soi, les populismes ou nationalismes conduisent
à voir l’autre comme un ennemi : le Chinois, le Polonais, l’émigré, le
musulman, le rom… nous avons nous aussi besoin de prophète qui porte
une Parole en avant de nous…
Marc, dans l’Evangile nous parle du prophète annoncé : c’est Jésus qui
enseigne avec autorité dans la synagogue de Capharnaüm. Il touche le
cœur de ses auditeurs quand il annonce une bonne nouvelle pour les
pauvres, les malades, les prisonniers, les malheureux. Et Jésus ne se
contente pas de mots, de discours ; il dit et fait, joint la parole aux
actes, concrètement avec ce malheureux tourmenté par un esprit mauvais
: « Tais-toi. Sors de cet homme ! » - possédé car il n’est plus en
possession de lui-même, colonisé, occupé depuis qu’un envahisseur s’est
emparé de son pays, sa maison -. Il libère alors cet homme et le remet
debout. Il lui redonne sa dignité, le rétablit dans sa personne, il
l’aide à reprendre possession de son territoire !. C’est bien tout le
contraire de la parole des scribes qui écrase comme un fardeau,
moralisante, culpabilisante et devenue insupportable pour le petit
peuple…
Qu'est-ce que ça veut dire ? Qui est-Il ?
comment ça me parle aujourd’hui ? Qui sont aujourd’hui les prophètes ?
Suis-je moi-même prophète à ma façon ? Sommes-nous personnellement,
collectivement, en famille, en Eglise, porte parole de Dieu devant les
autres ?
Avons-nous des choses à dire, des gestes à faire, des actes concrets et
utiles en direction particulièrement de celles et ceux qui aujourd’hui
sont écrasés par le poids du malheur, de la souffrance et toutes sortes
d’autres épreuves ?
Pour suivre Jésus sur ce chemin du service, nous avons nous aussi
besoin d’une parole qui porte en avant ; d’une parole qui éclaire comme
l’étoile qui guidait les mages à Bethléem ; d’une parole d’espérance
qui nous fait croire en un avenir possible malgré toutes les
difficultés et les obstacles sur notre route. Ce malheureux,
aujourd’hui, quand notre monde va mal, n’est-ce pas l’humanité toute
entière que Jésus veut, par nos mains, remettre debout ?
Pourtant au cœur de ce monde qui va mal, qui souffre de beaucoup de
désordres, se déchire ; par delà les murs de séparation et de haine,
des jeunes prophètes se lèvent :
Ces lycéens de l’aumônerie, avec Cécile, ne le sont-ils pas à leur
façon quand ils se retrouvent au moment de l’Epiphanie, autour d’un
plat palestinien et d’une galette des rois, mais surtout quand il se
pose la question : « aujourd’hui en 2012, serait-ce possible aux mages
de se rendre et rentrer à Bethléem ? Et la paix dans le pays de Jésus ?
Et bien leur façon de dire et d’agir en prophète c’est d’écrire et
d’envoyer une carte avec une photo porteuse d’espoir aux lycéens
israéliens et palestiniens.
Je pourrai aussi vous parler de ces autres jeunes collégiens qui sont
allés à la rencontre des personnes âgées du Foyer des Noëlles célébrer
avec elles l’Epiphanie et partager un goûter qu’ils avaient
confectionné et préparé eux-mêmes. Des gestes, parfois bouleversants,
qui changent la vie… dont vous avez certainement été témoins
vous-mêmes. Il y en a eu beaucoup d’apportés au dernier pôle
solidarité, quand nous avons partagé ce qui se vivait comme situations
de fragilités mais aussi comme merveilles :
• des enfants écrasés par le poids de la situation
familiale. Il leur faut porter de nombreux problèmes et aussi apprendre
à vivre en société. Nécessité pour eux de rencontrer des personnes qui
peuvent les écouter, les aider à acquérir les codes qui leur
permettront de grandir sans se sentir jugés, eux et leurs familles.
• 30 demandes de soutien scolaire pour l'aide aux devoirs du soir ne sont pas satisfaites, faute de bénévoles.
• Des conditions de vie inhumaines pour plus de 50 familles Roms sur notre ville…
- cette femme remise debout, après 2 années de galère, grâce à une
rencontre un jour à la Pause. Elle dit merci pour l’écoute, le soutien
et l’aide reçus et tient à manifester sa reconnaissance, prête à son
tour, à rendre des services.
- La préparation du Repas palestinien un vrai moment de fraternité qui
permet à de nombreuses et nouvelles personnes seules de s'investir.
Diaconia 2013 nous invite tous à être de ces prophètes et les témoins
des fragilités et des merveilles vécues près de nous avec les autres à
l’image du Christ serviteur.
Croyons nous qu’aujourd’hui encore Jésus continue de nous parler, que
Jésus vient encore, dans nos Capharnaüm, nous libérer, nous remettre
debout par la voix de prophètes. Il nous suffit peut-être d’ouvrir les
yeux et les oreilles pour voir pointer leur visage et leur cri ?
Des lycéens encore, à la Joliverie, accueillent actuellement, dans le
cadre de leur Festival « Chrétiens aujourd’hui » des chrétiens,
peut-être prophètes à leur manière, qui se succèdent pour témoigner de
leur foi, de leur parcours au travers de leurs divers engagements et le
dialogue dans la société et l’Eglise.
Mais, vous aussi qui vous préparez à communier, je vous ai écouté, vous
nous avez partagé ce qui vous tient à cœur, ce que vous vivez en
famille, comment vous rencontriez déjà Jésus dans les autres : les
copains, ceux que vous aimez mais aussi ceux qui vous font du mal que
vous aimez moins. Vous êtes déjà témoins d’une parole que vous écoutez
au caté…et en famille
Oui Dieu cherche toujours des témoins passionnés pour actualiser sa Parole !!
Il appelle à bouger, à inventer, à retrousser nos manches, à nouer le
tablier pour s’engager dans la nouveauté inouï de notre quotidien et
réaliser avec Lui les merveilles qui transforment le monde… N’attendons
pas qu’il soit trop tard…
Je l’entends bien ce matin (ce soir) nous provoquer avec 2 questions :
- qui vas-tu libérer ?
- quel service es-tu prêt à rendre aux plus petits de tes frères ?
François CORBINEAU,
29 janvier 2012
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