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4° dimanche de carême



Si nous sommes rassemblés dans cette église, c’est bien parce que nous nous disons « chrétiens ».
Il n’est pourtant pas inutile, de temps en temps, de nous poser cette question : « Être chrétien … Qu’est-ce que cela veut dire ? En quoi un chrétien croit-il ? » et des non-croyants peuvent légitimement nous  poser également cette question.
Reconnaissons qu’il n’est pas évident d’y répondre simplement, d’autant plus en cette période troublée par tout ce que la presse ou la télévision rapportent, avec plus ou moins d’objectivité, sur l’Eglise et sa hiérarchie.

Et si nous prenions un peu de temps pour nous interroger nous-mêmes :
« Je suis chrétien. En quoi est-ce que je crois ? Bien sûr, tout à l’heure, je vais proclamer la Foi des chrétiens, ce qu’on appelle le Credo. Je le connais même par cœur mais est-ce que j’ai bien saisi le cœur de ce message transmis depuis deux mille ans ? »

Pour cela il nous faut aller au coeur de notre Foi, à l’essentiel. En fait, c’est un message très bref, que nous n’aurons pourtant jamais fini de méditer. C’est d’ailleurs à l’intériorisation toujours plus grande de ce message que l’Eglise nous invite en ce temps de Carême : Ce message, on l’appelle « le kérygme » d’un mot grec qui signifie la proclamation solennelle. C’est le noyau de la première prédication des apôtres, par exemple du premier discours de Pierre, le jour de la Pentecôte, bien avant tous les développements théologiques qui suivront au cours des siècles.
Dans le livre des Actes des Apôtres, au chapitre 2, à la foule rassemblée à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte, Pierre dit en substance que lui et les apôtres sont témoins d’un certain Jésus qui a été mis à mort, qui est mort pour le pardon de nos péchés et pour nous sauver et que ce Jésus, Dieu l’a  ressuscité et qu’il est vivant a jamais.

Nous nous préparons à fêter Pâques et c’est précisément cela le message pascal :

Jésus, le Christ, fils de Dieu, est mort et ressuscité pour le pardon de nos péchés et pour notre salut. Nous devons en être les témoins.

Les lectures de ce jour rejoignent pleinement ce message pascal :
Elles visent précisément à nous faire prendre humblement conscience de notre faiblesse et de nos limites, ceci non pas pour nous décourager ou nous pousser à un dépassement orgueilleux de nous-mêmes, mais au contraire pour nous inviter à accueillir sans réserve la miséricorde infinie de notre Dieu en Jésus mort et ressuscité pour nous conduire à la vie éternelle.

Le passage du livre des Chroniques et le psaume que nous venons d’entendre nous rappellent l’exil du peuple juif à Babylone, au 6e siècle avant Jésus-Christ. L’auteur du livre des Chroniques y voit l’accomplissement d’une prophétie faite par Jérémie et une punition de Dieu due aux infidélités répétées des chefs des prêtres et du peuple juif. Mais il précise que, quelque 70 ans plus tard, le roi de Perse, Cyrus inspiré par Dieu, invita le peuple juif à revenir  à Jérusalem et fit reconstruire le Temple.
Comment concilier l’image d’un Dieu qui punit et l’image d’un Dieu qui aime ? C’est une image copiée sur le comportement humain. Regardons comment nous nous comportons nous-mêmes. Lorsque des parents estiment nécessaire de punir leur enfant, ils ne doivent pas le faire par esprit de vengeance mais, au contraire, par amour pour leur enfant, pour l’aider à se corriger de ses défauts. Le Seigneur sait beaucoup mieux aimer que nous et Jésus nous le révèlera.

Dans sa lettre aux Ephésiens Paul nous dit : «  Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par suite de nos fautes, il nous fait revivre avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. » et il ajoute : «  C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil. »
Comme Pierre, Paul annonce que nous étions morts à cause de nos péchés mais que Dieu, qui est riche en miséricorde, du grand amour dont il nous a aimés,  nous a fait revivre avec le Christ.
Il insiste pour nous dire que le salut ne vient pas de nous, de nos actes, mais uniquement de Dieu. Ce qu’il veut nous faire comprendre c’est que c’est Dieu qui nous aime en premier et qu’il attend notre foi en réponse à son amour. Le salut ne vient pas de nos mérites, il est un don gratuit du Père. Personne ne peut donc se vanter du bien qu’il trouve en lui-même et personne ne doit mépriser ceux qui n'ont pas encore ouvert leur coeur à la grâce.
C’est Dieu qui nous sauve et n’oublions pas que, si nous croyons en ce Dieu Amour, dont devons en être les témoins. Et « si  notre foi ne se manifeste pas par des actes est n’est qu’une chose morte » nous dit St Jacques.
Oui, les bonnes actions sont une réponse nécessaire à l’amour que Dieu a pour nous. « Dieu nous a créé en Jésus-Christ, pour que nos actes soient vraiment bons » nous dit encore St Paul,  mais nous ne devons aucunement en tirer orgueil.
Concrètement, que faire? Par exemple, entendre une proposition nous est faite chaque année, pendant le carême, et qui nous sera expliquée plus longuement dimanche prochain. L’Eglise de France nous invite, en lien avec le CCFD à aider matériellement les plus pauvres à sortir de leur misère et à se prendre en charge. Voilà une proposition très concrète.

Dans l'évangile d’aujourd’hui, Jésus nous dit que Dieu aime d’amour passionné tous les hommes. Cet amour du Père va jusqu'au don de son Fils bien aimé. Son grand désir, c'est que le monde soit sauvé. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son  Fils unique : ainsi tout homme qui croira en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. »

Et, pourtant, dans ce monde dans lequel nous vivons, nombreuses sont les victimes des guerres, des pollutions, des maladies comme le sida – ils sont plus de 33 millions - , du chômage, de la pauvreté, de la misère ( plus de 900 millions des habitants de notre planète souffrent de la faim). Tous ces malheurs ne sont pas le fruit de la punition de Dieu  mais bien plutôt du péché de l’humanité. « Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière » dit Jésus à Nicodème.
C’est pourquoi saint Jean nous invite à tourner notre regard vers le Christ élevé en croix. Ce regard vers notre sauveur est un regard de foi et de confiance, un regard d'amour qui nous attache à lui.

Voilà l'enjeu de notre carême : Lever les yeux vers le Seigneur en croix alors que si souvent, nous regardons ailleurs, attirés par tout ce qui nous tente et nous aveugle.
La croix n’est pas signe de mort mais signe que Dieu nous a tout donné pour que le monde soit sauvé. Il attend de nous que nous agissions selon la vérité, que nous luttions activement contre le mensonge et le mal pour que la Lumière de la Vie brille en nous et dans le monde.
Demandons-nous sincèrement : « Est-ce que je crois vraiment que Jésus est mort et ressuscité pour que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ?  Et, si j’y crois vraiment, est-ce que j’en suis témoin ? »

André ROUL, diacre permanent
  
                                                                                
22 mars 2009


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