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3° dimanche de Pâques

Ac 3, 13-15. 17-19 ; Ps 4 ;  1 Jn 2, 1-5a  ;  Lc 24, 35-48

     Les disciples d’Emmaüs sont donc allés retrouver les apôtres à Jérusalem pour leur raconter ce qui s’était passé sur la route, comment un inconnu leur avait fait relire les évènements passés, et comment ils avaient reconnus le Seigneur à la fraction du pain. C’est alors que le Christ ressuscité leur apparait en compagnie des apôtres et se fait reconnaître avec ses mains et ses pieds marqués par le supplice de la croix. « Les disciples n’osaient pas encore y croire et restaient saisis d’étonnement » ; c’était tellement incroyable ! Pour montrer qu’il n’est pas un fantôme, Jésus prend un repas avec eux, le temps de renouer des liens, et « il leur ouvre l’esprit à l’intelligence des Ecritures et en leur montrant que ce qui était annoncé s’est produit : les souffrances du Messie et sa résurrection d’entre les morts. Ceci bien posé, il leur dit d’emblée qu’ils en sont les témoins. Il envoie ses apôtres en mission.

    Aujourd’hui, à la suite des disciples, c’est nous qui sommes envoyés pour témoigner, c’est à nous de relire nos vies pour y voir comment l’Esprit du seigneur est à l’œuvre dans ce monde.
    Ce travail de relecture de nos vies, beaucoup l’ont fait à travers la démarche Diaconia 2013, servons la fraternité. Je suis émerveillé de tous les récits, des témoignages qui figurent dans les livres des merveilles et des fragilités de la paroisse et des quatre associations d’aide aux démunis…. De très beaux témoignages et des phrases relatives au service du frère, qui sont des perles à lire et à savourer. N’hésitez pas à consulter ces livres. Ce sont les actes des apôtres d’aujourd’hui.
Voici trois témoignages pris dans ces livres :
Tout engagement est une réponse à un appel, qui, en général, bouscule : Une personne qui accueille maintenant les gens de la rue à « Brin de causette » témoigne ainsi :

Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : «Abraham !» Celui-ci répondit : «Me voici !»

«Luc, peux-tu accompagner les étudiants de  « Solidarité Dans la Rue » qui distribuent aux SDF à la gare, dimanche ?»

J’avais 54 ans, le père Girard, aumônier des étudiants, me demandait d’aller à la rencontre des SDF que je voyais quotidiennement en centre ville, pouvais-je dire NON ?
À vrai dire, j’étais mal à l’aise avec ‘ces gens là, sales, alcoolisés parfois drogués, psychiatriques. Ils m’interpellaient en générant dans mon for intérieur un double sentiment partagé entre le rejet et la compassion. Je n’avais pas réglé le paradoxe et je ne souhaitais pas le régler, c’était plus facile comme ça.
Lorsque les conversations familiales ou amicales abordaient le sujet, je me défaussais sur la responsabilité des pouvoirs publics, sur la délinquance chronique de ces populations auxquelles il est inutile de porter une assistance sans effet, allant même jusqu’à me poser des questions sur leur réelle pauvreté. N’avaient-ils pas des téléphones portables ?  En bref ne profitaient-ils pas du système?
La demande du père Philippe était vraiment inattendue.
«En disant OUI, j’allais être confronté à tout ce que j’avais enfermé dans un coin de mon cœur par peur d’y toucher.»

2ème témoignage :
15 personnes d’Orvault accueillent des migrants au Logis Saint Jean, au cœur de Nantes dans un local de l’évêché, rue du Chapeau Rouge. L’étranger, dans sa différence, nous bouscule si nous savons l’écouter, tisser des liens, établir une relation de confiance :
Voici une situation parmi d’autres, rencontrée au « Logis St-Jean »
Il s’appelle Alfred, il a 49 ans.
Il vient de la République Démocratique du Congo.
Il était médecin là-bas… Il est chrétien.
En 2008, il a dû fuir son pays, car il était menacé et en danger.
(Son père venait d’être empoisonné par le pouvoir politique en place).
Il a laissé, là-bas, sa femme avec 8 enfants de 8 à 20 ans…
Alfred est demandeur d’asile depuis plus de 3 ans.
La situation administrative avance très lentement…
Il a résumé pour nous ses réactions :

« J’ai quitté brutalement une vie qui était pour nous assez confortable
Et je dois m’adapter à une vie précaire.
J’ai tout perdu là-bas !
La plus grande épreuve pour moi c’est le souci permanent de ma famille,
Être isolé, coupé des miens, ne pas pouvoir jouer mon rôle de père
Ni suivre l’évolution des enfants, ni seconder ma femme…
Le moral en prend un choc !
J’espère pouvoir exercer la médecine en France pour tenir, pour aider ma famille,
Mais les démarches sont longues et incertaines
L’essentiel pour moi, c’est de vivre, espérer, croire que demain, ça ira mieux.
Mais il faut aussi une prise en charge
Pour me sauver de cette solitude qui influe sur toute ma vie.
L’écoute, l’aide, le soutien… c’est primordial.
L’appui financier aussi pour les démarches interminables !
Pour permettre tout simplement d’appeler la famille au téléphone
Je n’oublierai jamais le soutien du « Logis St Jean »
De la Pastorale des migrants et de quelques amis précieux…
Que Dieu vous bénisse, vous êtes devenus mes frères, mes sœurs, grâce à Dieu. »

Livre des Merveilles


3ème témoignage :
Le service d’accompagnement des familles en deuil propose un service fraternel d’accueil et de compassion, au moment où la famille perd un être cher. Cette équipe témoigne de  l’Espérance chrétienne, en respectant les convictions de la famille. Elle célèbre les funérailles. Témoignages :

Nous admirons la confiance que nous donnent les familles dans le deuil, en nous confiant la cérémonie mais aussi beaucoup de leurs sentiments. Je suis souvent émerveillée de voir avec quel soin, quel sérieux, les gens choisissent des textes et des chants qui leur parlent réellement. Je rends grâce, quand au début, ils disent ne pas être capables de faire le mot d'évocation ou d'adieu, et qu'après avoir réfléchi, ils nous donnent des textes très personnels, qu'ils vont lire eux-mêmes avec une dignité remarquable.

Nous sommes parfois témoins de signes de réconciliation entre membres d'une famille. J'ai été émue plusieurs fois, quand deux personnes, plus ou moins fâchées,  s'attardent côte à côte devant le cercueil, avec parfois un geste d'affection.

C’est au cœur de cette rencontre et de cette célébration que s’exprime aussi notre foi chrétienne. Foi en un Dieu  qui aime chacun de nous, un Dieu qui aime les trésors d’amour que contient la vie ordinaire, sans faits exceptionnels mais vie riche dans sa simplicité quotidienne. Un Dieu  qui pardonne aussi. Un Dieu qui nous invite à entrer dans sa lumière. La certitude que nos défunts restent à nos côtés, que nous pouvons prier en union avec eux, qu’un jour à notre tour, nous les retrouverons.

L’équipe, aidée par l’Esprit Saint, essaie de donner le meilleur d‘elle-même mais en retour elle reçoit beaucoup et je peux attester combien rencontrer les familles est riche d’humanité. Et leurs remerciements très nombreux viennent nous encourager à poursuivre notre mission.

J’espère que ces trois témoignages vous donneront envie de lire les livres  et de partager tout ce vécu, de voir les signes de Dieu en nos vies et la richesse de notre communauté…  La diaconie, le service du frère, c’est la Foi en actes. Ces livres en témoignent.
« Les joies, les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout, et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et  les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. » (Vatican II, Gaudium et Spes).
 C’est à nous, aujourd’hui,  que le Christ dit : « Vous  êtes mes témoins ».



Yves Michonneau, diacre permanent.
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
le 22 avril 2012



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