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3° dimanche ordinaire


Jean-baptiste a été arrêté. Celui qui proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés termine ainsi sa mission, brutalement. Mais le précurseur avait bien fait son travail : de nombreuses foules le suivaient et l’écoutaient. L’évangile de St Marc nous dit, juste avant le passage que nous venons de lire : « Toute la Judée, tout Jérusalem venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. » Jean a bien préparé le chemin pour celui qui doit venir. C’est alors que Jésus, après être allé, lui aussi, écouter Jean et se faire baptiser par lui, peut à son tour prêcher pour les foules qui le suivaient. Comme un passage de témoin : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Jésus continue ce que Jean avait commencé : préparer les cœurs à la Bonne Nouvelle de ce Dieu qui vient à la rencontre des hommes pour les sauver. Car cette Bonne Nouvelle ne peut être bonne que si elle est annoncée à tous, si elle est proclamée pour se répandre dans le monde entier. On ne garde pas pour soi une aussi bonne nouvelle !…
…Facile à dire ! Nous le savons bien, nous le vivons sans doute au quotidien, il n’est pas si facile de proclamer cette bonne nouvelle ! Pas facile de dire sa foi autour de soi, dans ce monde « sécularisé » comme on dit, qui ne connaît pas Dieu, et qui souvent cherche son salut dans des valeurs illusoires, dans des idéologies vides et qui ne sauvent pas. Ce monde qui, pourtant, est en attente. Ce monde qui, malgré les apparences peut-être, sent bien qu’il fait fausse route, et cherche une issue pour être sauvé de ce non-sens qu’il perçoit. Il y a près de trois mille ans déjà, en écrivant le psaume 24, le psalmiste disait sa soif de Dieu, son désir d’être sauvé :
« Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route ; dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. » On le voit, de tout temps, le monde a désiré connaître Dieu, même sans oser le nommer. Et pourtant, malgré cette soif du monde, qu’il est difficile d’annoncer la Bonne Nouvelle ! Jonas ne me contredirait pas !
Jonas, vous savez, celui de la baleine. Ce Jonas dont la première lecture d’aujourd’hui nous livre une partie des aventures. Dans ce conte de la Bible, Jonas a le rôle de l’anti-héros : Il est appelé par Dieu pour annoncer sa parole aux habitants de Ninive, la ville païenne, mais surtout, à l’époque du conte, la ville de l’envahisseur, de l’ennemi. Aussitôt, il se lève pour partir… dans la direction opposée ! Il veut fuir le plus loin possible pour échapper à l’appel de Dieu. Il s’embarque sur un navire, fait naufrage, se retrouve à la mer, est avalé par un grand poisson, puis est rejeté sur le rivage… Mais Dieu appelle à nouveau Jonas, et c’est le passage que nous lisons aujourd’hui. Cette fois-ci, Jonas obéit, mais de quelle manière ! il parcourt à peine un tiers de la ville. Il bâcle le travail, il fait le minimum syndical, pour être tranquille. Et que dit-il ? proclame-t-il la Bonne Nouvelle dont nous parlions tout à l’heure ? « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! » C’est un peu court ! Et ça ne ressemble pas vraiment à une bonne nouvelle ! Quel drôle d’apôtre que ce Jonas ! Eh bien, malgré tout cela, malgré le fait que Jonas soit un bien piètre prêcheur, malgré son manque de courage, son manque de sérieux, aussitôt les gens de Ninive ont cru en Dieu, et ont changé leur comportement ! Autrement dit, même à travers de mauvais messagers, la parole de Dieu passe dans le cœur des hommes. Même à travers de mauvais apôtres, de mauvais prêcheurs, même à travers les faiblesses et les défauts de personnes que Dieu nous envoie, Sa Parole est efficace. Elle produit son effet. L’Evangile que je viens de lire nous raconte l’appel des premiers disciples. Eux non plus ne sont pas des super héros : De simples pécheurs du lac. Et on connaît le courage avec lequel ils prendront eux aussi la fuite au moment de l’arrestation de Jésus, et comment ils resteront cachés, morts de trouille, après sa crucifixion ! Les serviteurs de Dieu ne sont pas des héros, des hommes ou des femmes extraordinaires. Ils ne sont pas nécessairement des gens particulièrement vertueux. Ce sont des gens ordinaires, ce sont nos semblables. Car Dieu a besoin de chacun de nous, quelles que soient nos qualités et nos défauts. Saint Paul lui-même, le plus grand des apôtres, et dont l’Eglise fête aujourd’hui la conversion, celui qui a laissé le plus de traces de son évangélisation dans tout le bassin méditerranéen, se qualifiait lui-même d’avorton. Il a même écrit dans sa lettre aux Romains : « Je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas. » et c’est encore St Paul qui nous confie être taraudé par cette mystérieuse « écharde dans sa chair ». On est loin de l’homme parfait.
Alors, frères et sœurs, que conclure de tout cela ? Il me semble entendre à travers ces textes mis en relation, un appel à l’humilité, à une grande modestie, et à la miséricorde fraternelle. Si Dieu, pour répandre sa Bonne Nouvelle à travers l’Histoire, a choisi des hommes tout à fait ordinaires, pourquoi attendre de ceux qu’il nous donne aujourd’hui une perfection impossible ? Accueillons tels qu’ils sont les pasteurs qui nous sont donnés, même s’ils n’ont pas le profil que nous aurions souhaité. Accueillons les prêcheurs que l’Eglise nous envoie aujourd’hui. Car Dieu est plus grand que nos jugements parfois trop rapides. Et souvenons-nous que même Jonas, dans sa médiocrité, a permis à la parole de Dieu de se répandre dans toute la ville de Ninive, pour conduire à la conversion de tous ses habitants.
Amen !

Daniel Bichet, diacre permanent.
25 janvier 2009





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