Année B
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Dn 12, 1-3 ; Ps15, 5.8, 9-10, 1b.11 ; He 10, 11-14 ; Mc 13, 24-32
Que ce soit le livre de Daniel ou Jésus dans l’évangile, les scènes
apocalyptiques qu’ils nous décrivent peuvent effrayer et déstabiliser
notre Espérance chrétienne. Cette vie éternelle à laquelle on croit et
que l’on espère joyeuse dans un lieu où règnent l’amour et la paix.
Revenons sur le mot apocalypse. Une apocalypse n’est pas, comme dans
notre imaginaire collectif laïc ou chrétien, une succession de
catastrophes pires les unes que les autres. Non, une apocalypse est une
révélation ! Un fait, un texte, qui vient dévoiler quelque chose qui
nous était encore inconnu. La révélation d’une partie d’un mystère qui
nous faut continuer à découvrir. Un peu comme si l’on levait le coin
d’un voile pour découvrir petit à petit ce que nos yeux ne pouvaient
pas voir.
Aujourd’hui, les textes nous révèlent, dans leur vigueur, leur force et
leur démesure, la fin d’un monde ! La fin d’un monde limité, avec ses
violences, ses injustices, la haine, l’exclusion, la peur à la place de
la confiance, le rejet à la place de l’accueil. Un monde si dur qu’il
laisse s’infiltrer le péché au cœur de chacun et qui pourrait même
aller jusqu’à nous faire douter de l’amour. La fin d’un monde trop
matériel, trop individualiste, trop excessif qui doit s’effacer pour
laisser place au monde de Dieu, au royaume d’amour que ce cœur de père
offre à chacun de ses enfants.
Bien sûr, les soubresauts et les gémissements de notre terre, le cri de
ses habitants maltraités, souvent les plus fragiles et les plus
pauvres, le silence des exclus, les catastrophes climatiques,
écologiques, sanitaires et la façon dont l’information est transmise,
violemment et sans pudeur, pourraient nous faire croire que c’est le
monde d’aujourd’hui qui vient à passer... La terre ? sans doute pas !
Mais notre façon d’y vivre, sans aucun doute ! Si nous n’arrivons pas à
convertir nos façons de vivre, de traiter l’humain, de consommer, nous
avançons, sans hésiter, vers une catastrophe. Ce n’est pas une
révélation mais une constatation.
L’époque, l’image probable du monde à court terme, nous forcent à vivre
une véritable conversion : matérielle, humaine et spirituelle. Un
changement radical pour faire naître un monde juste et humain : le
respect de l’humain, de la nature et de la terre comme ancrages, la
charité et le partage comme fondements. Hors des discours
socio-politico-économiques, retrouvons l’éclairage chrétien sur notre
pouvoir de changer. Je cite François, notre pape, dans l’encyclique «
Laudato Si » : « il est fondamental de chercher des solutions
intégrales qui prennent en compte les interactions des systèmes
naturels entre eux avec les systèmes sociaux. Il n’y a pas de crise
séparée, l’une autre environnementale et l’autre sociale, mais une
seule et complexe crise socio-environnementale. La solution demande une
approche intégrale »
Un beau projet complet mais comment s’y inscrire ? Pour y souscrire, il
suffit d’agir humblement dans chaque lieu où je vis. Convertir mon
regard par l’amour que Dieu me donne, pour reconsidérer mes relations
humaines, ma consommation : nourriture, habillement, énergie,
déplacements, dépendances… avec cette réflexion de fond : « comment
puis-je rester le gardien de mon frère, de ma sœur ? » mais aussi le
gardien de la création, de ses merveilles, de ses ressources offertes
égalitairement à tous. Des ressources utilisées, parfois gaspillées,
par une minorité sans égard pour tous les autres. Ces autres qui,
qu’ils soient ici ou bien hors de cette église ou même à l’autre bout
de la terre, souffrent tout autant de toutes ces injustices.
Nos convictions de foi se retrouvent dans le premier livre de la Bible,
la Genèse. Chaque humain est créé par amour à l’image de Dieu son père
et cela donne à chaque personne son infinie dignité. Notre existence
repose sur trois relations intimement liées : relation à Dieu, relation
au prochain et relation à l’univers …et enfin la venue de Dieu, par
Jésus, dans notre fragile humanité. Ces certitudes doivent nous aider à
vivre notre conversion en prenant conscience de la valeur unique de
chaque être vivant dans son environnement et nous rappellent, à tous,
ce bien commun qu’est la Vie. Fort de l’Esprit-Saint qui est en nous et
de l’amour qui nous est donné, empruntons, ensemble, ce chemin de
changement, chemin de croyant à la suite de Jésus, le Christ, avec nos
richesses et nos faiblesses, avec nos immenses capacités dans nos
fragiles limites, pour simplement porter chaque jour, en frère, en
sœur, l’espoir, la foi, la charité et l’Espérance chrétienne au cœur de
ce monde où nous sommes envoyés.
À la fin de notre humble petit chemin, quand le Fils de l’Homme viendra
frapper à ma porte pour m’ouvrir au monde nouveau, je pourrai
l’accueillir avec joie et avec tous ceux avec qui j’ai renoué un lien
de fraternité, réveillé une part d’amour, pour vivre, ensemble, la
révélation ultime du Mystère de la vraie Vie : « où Dieu est tout en
tous » dit Paul.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
14 novembre 2021
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