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Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
Homélie du 25/10/2009

    « Que veux-tu que je fasse pour toi », en d’autres termes, quel est ton désir profond ? Que veux-tu devenir ? Voilà la question que Jésus pose à l’aveugle Bartimée, voila la question qu’il pose aussi, aujourd’hui, à chacun d’entre nous.
    Jésus sort donc de Jéricho, avec ses disciples, suivi par une grande foule, impressionnée par ses paroles et ses miracles, mais qui n’a encore compris grand chose du message de Jésus… Regardons les différents acteurs de l’épisode de la guérison de Bartimée : la foule, l’aveugle, et Jésus.

    La foule est nombreuse et suit Jésus qui va de Jéricho à Jérusalem. Sur le bord de la route, un mendiant est là, qui appelle. Il crie sa misère à Jésus qui pourrait peut-être le sortir de sa situation. Dans la foule, beaucoup de gens  « essaient de le faire taire » et « l’interpellent vivement » selon le texte. L’exclusion n’est pas d’aujourd’hui. Ceux qui ne sont pas dans la norme, pas conformes aux standards de la société, qui dérangent par leur aspect extérieur, ne sont pas les bienvenus. Finalement, la foule, c’est bien chacun et chacune d’entre nous. Nous avons vite fait de fonctionner dans le registre de l’exclusion, avec des images toutes faites sur certaines populations, les immigrés, les gens du voyage, les mendiants des rues, que nous ne voyons plus, qui nous indiffèrent et qui deviennent transparents à notre regard. L’actualité de ces derniers jours, concernant en particulier les migrants, nous montre que c’est facile de mettre une étiquette, de stigmatiser une population, et de la rejeter, parfois de façon brutale. Souvent, nous ne savons pas aller à la rencontre de l’autre différent dans son apparence, son mode de vie et sa culture.
    Dans la foule, cependant, certains sont à l’écoute de Jésus et ne suivent pas le mouvement général ; ils relaient la demande de Jésus, « confiance, lève toi, il t’appelle. » Dans ce monde où les mouvements d’opinion sont facilement créés par les média, nous avons besoin de veilleurs, à l’écoute de Jésus et de leurs frères dans la difficulté ; des hommes et des femmes, chrétiens ou non, s’engagent, que ce soit dans les associations ou individuellement. Ils se font proches des plus démunis, des exclus. Ils partagent parfois les dures épreuves de ceux qui sont au bord de la route… Et, à la longue, ils  peuvent leur redonner confiance en eux, et les aider à faire un premier pas vers une réinsertion dans la société
   
Regardons l’aveugle : Il a bien l’allure de certains de nos mendiants que l’on voit assis sur le trottoir, protégés par leur vêtement en faisant la manche… Bartimée, « Apprenant que c’est Jésus de Nazareth qui passe, se met à crier : Jésus Fils de David, aie pitié de moi… » Cet homme aveugle est le symbole même de l’homme qui a besoin d’être sauvé, de sortir de son aveuglement physique et spirituel. Son cri, sa prière ont quelque chose de pathétique. Il reconnaît en Jésus le Fils de David, c'est-à-dire celui qui peut le sauver, le libérer… Jésus sauveur.
    Et, c’est en se dépouillant de son manteau de mendiant qu’il va à la rencontre de Jésus. Comme l’aveugle, c’est totalement démunis, que nous pouvons aller à la rencontre de Jésus. Faire confiance et prier… Se laisser transformer. Le contraste est frappant avec le jeune homme riche, qui n’a pas pu abandonner ses biens, ni répondre à l’invitation de Jésus… et Bartimée, qui a suivi Jésus sur la route : ses yeux se sont ouverts en même temps que son cœur.

 Jésus, lui, « s’arrête ». Il n’est pas en phase avec le mouvement de la foule, ni en résonance avec elle. Il dit à ceux qui sont près de lui : « Appelez-le ». Car Jésus, au milieu de cette foule bruyante, a entendu l’appel de détresse du mendiant, et il lui fait signe de venir, par personnes interposées. La rencontre avec Jésus se fait le plus souvent par l’intermédiaire d’hommes et de femmes à l’écoute de leur prochain.
 On imagine ensuite l’intensité de la rencontre de Jésus et Bartimée, et cette question de Jésus « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Et Bartimée de s’exclamer : « Seigneur que je voie. » La réponse de Jésus peut paraître décalée : « Ta foi t’a sauvé ». Le don de Dieu dépasse largement ce qu’il demande. Non seulement Bartimée voit, mais il va apprendre à regarder le monde avec les yeux de Jésus. Pour nous aussi, la rencontre avec le Christ peut nous libérer et nous aider à franchir les épreuves que nous subissons… C’est, souvent, dans les périodes de grand dénuement que nous approfondissons notre relation au Christ.

La guérison de Bartimée est à la fois un message d’espérance et un appel :
Message d’espérance qui nous invite à ne pas nous installer dans nos enfermements, nos nuits, nos médiocrités. La parole de Dieu est là, qui relève, qui guérit et met en chemin…
Un appel : ce texte d’évangile nous invite aussi à être des veilleurs, à l’écoute du Seigneur, des veilleurs qui ont le souci du frère dans la détresse, de celui qui est sur le côté de la route, que l’on ne voit pas, parce qu’il est trop dérangeant.
Puissions-nous, dans cette eucharistie, trouver la force et l’audace nécessaire pour servir nos frères dans la détresse, à la suite et à la manière de Jésus.

Yves Michonneau, Diacre

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