2° dimanche de Pâques

Année B

Nous avons fêté Pâques dimanche dernier, mais ce n’est pas fini, même si tous les œufs en chocolat ont été dégustés ! Vous l’avez sans doute remarqué sur votre feuille de chants : Nous ne sommes pas le « 1er dimanche après Pâques » mais bien « le 2e dimanche de Pâques ». Oui, nous sommes toujours dans le temps pascal. C’est d’ailleurs ce week-end que nos frères orthodoxes célèbrent la résurrection du Christ.
La liturgie de ce 2e dimanche de Pâques nous invite à croire et être des témoins heureux de l’amour, de la miséricorde de Dieu pour tous les hommes.
Ce qui est sûr, c’est que, le soir de Pâques, avant que Jésus ne vienne les rejoindre, les disciples n’étaient pas heureux. « Ils avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur des juifs » nous dit St Jean. La peur ne rend pas heureux mais ils avaient d’autres raisons de ne pas être heureux. Ils étaient tristes d’avoir perdu celui qu’ils aimaient. Ils devaient aussi regretter leur comportement, trois jours auparavant, au moment de l’arrestation de Jésus. Eux qui marchaient à sa suite depuis trois ans, qui étaient émerveillés de tout ce qu’il faisait, qui se disaient prêts à le suivre jusqu’au bout, qu’ont-ils faits, à part Jean ? Ils se sont enfuis et cachés. Ils ont abandonné leur maître. Pierre est même allé jusqu’à le renier trois fois. Et même lorsque Marie-Madeleine est venu leur dire : « J’ai vu le Seigneur ! » cela n’a pas suffit pour les apaiser.
Mais, tout changea d’un seul coup. « Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : ‘La paix soit avec vous !’ Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. » Jésus est là, au milieu d’eux, ils sont alors apaisés, la joie, la sécurité se reflète sur leurs visages.
Ils sont en paix, ils sont heureux parce qu’ils voient Jésus qui ne leur fait aucun reproche, qui leur redit tout sa confiance et les envoie témoigner.
Un seul des disciples était absent ce soir-là, le fameux Thomas dont le nom signifie « jumeau ». Nous ne craignons pas de nous considérer comme ses frères jumeaux et c’est pour cela qu’il nous est sympathique. Nous non plus nous n’avons pas vu, de nos yeux, Jésus ressuscité et aucun d’entre nous ne peut faire l’économie du doute. Nous nous disons « croyants » et nous le sommes puisque nous sommes rassemblés dans cette église mais n’avons-nous pas, comme lui des doutes, des questions, des objections qui nous habitent lorsque nous affirmons la résurrection du Christ… et la nôtre. Je me demande comment les très nombreuses personnes qui traversent la place de l’église du bourg d’Orvault ou qui passent devant l’église Ste Bernadette réagissent à ce message qui leur est adressé : « Souriez, vous êtes ressuscités ! »…
Les apôtres furent heureux de voir Jésus Ressuscité et Thomas encore plus, lui qui fit cette belle déclaration de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Pourtant Jésus lui fait cette remarque amicale : « Parce que tu m’as vu, tu crois, Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »
C’est à nous que s’adresse cette béatitude. La Foi nous rend-elle heureux ? Tout d’abord, comment interprétons-nous ce mot « heureux » ? Etre heureux, est-ce un état ou est-ce une démarche ? La première lecture, tirée des Actes des Apôtres va nous éclairer :
« La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme. » La toute première génération chrétienne a eu certes la chance de recevoir le témoignage des apôtres eux-mêmes, mais le plus grand nombre n’avait pas connu Jésus personnellement. Et pourtant, ils croyaient.
Non seulement ils croyaient mais ils témoignaient de leur foi. C’est en cela qu’on peut affirmer qu’ils étaient heureux.
Pour bien comprendre ce mot « heureux », rappelons-nous ce que Jésus disait à ses disciples après leur avoir lavé les pieds : « C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous. » et il ajoutait : « Si vous savez cela, heureux êtes-vous, pourvu que vous le mettiez en pratique » Le bonheur est essentiellement dans le service, il consiste à sortir de soi, de son égoïsme pour aller vers les autres. Luc, l’auteur des Actes des Apôtres, nous dit que les premiers chrétiens, avec force, comme les apôtres «portaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus ». Comment prouver qu’ils vivaient leur foi ? Ils mettaient tout en commun, partageaient, s’entraidaient. Ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme. C’est la preuve qu’ils faisaient une confiance absolue dans le Christ, que leur foi touchait leur cœur, leur volonté, influençait leur décision. La vraie preuve vient après l’acte de foi, quand la foi est vécue. C’est alors une preuve « expérimentale », où nous goûtons ce que nous croyons.
Savez-vous que ce mot « heureux » utilisé pour la traduction française de la Bible vient d’un mot hébreux qui signifie : « debout et en marche » ? Cela signifie que le bonheur n’est pas un état mais bien une démarche, c’est comme l’amour ; On est heureux quand on se sait aimé, encore plus lorsqu’on se sait aimé par Dieu, quand on s’aime soi-même et qu’on aime ses frères en humanité. C’est un chemin.
Comprenons bien que ce bonheur promis par Jésus est pour tous les hommes. S’il donne sa paix à ses disciples, s’il leur promet l’Esprit Saint et les envoie annoncer l’Amour de Dieu c’est pour qu’ils en soient eux-mêmes les témoins auprès de leurs frères
Comme aux apôtres, Jésus nous dit aujourd’hui, à chacune et chacun d’entre nous : « La Paix soit avec vous ! » Nous allons être invités, avant de communier, à nous donner les uns aux autres la Paix du Christ. Vivons ce geste comme un acte de foi. Et lorsque nous allons recevoir le Corps du Christ, n’hésitons pas à dire, au plus profond de nous-mêmes, comme Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » en ajoutant : « Oui, nous croyons mais augmente en nous la Foi ! Envoie-nous ton Esprit pour qu’il nous aide à t’aimer en vérité et à+ être témoins de ton amour miséricordieux »

André ROUL,
15 avril 2012

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