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29° dimanche ordinaire


Dimanche dernier, Jésus nous a dit ce qu’il pensait de l’argent et de la richesse. Aujourd’hui il nous dit clairement ce qu’il pense du pouvoir. N’est-ce pas toujours une question d’une brûlante actualité ? Quand on regarde notre société et le monde, et que l’on observe tous ces dirigeants, tous ces pays où le pouvoir opprime les citoyens, quand certains se placent au-dessus des lois pour humilier et asservir tout un peuple… Et sans aller chercher aussi loin, reconnaissons qu’au fond même de notre cœur s’exprime ce désir, avoué ou inavoué, de dominer, d’avoir raison, d’être celui qui décide, ce désir d’être premier. Combien de situations familiales ou professionnelles, même dans l’Eglise, où l’abus d’autorité rend le climat opprimant et irrespirable, sans parler de toutes les formes de pression et de harcèlement en entreprise ou ailleurs, ce qui va parfois jusqu’au suicide… encore ces derniers jours…
Face à tout cela, Jésus nous dit : « il ne doit pas en être ainsi parmi vous ».

Alors Jésus serait-il contre les pouvoirs ?  Non Jésus ne prétend en aucune manière instaurer un monde sans hiérarchie (ni Dieu ni maître), nous savons à quoi cela aboutirait. Jésus n’est pas contre le pouvoir, l’autorité, comme l’argent, n’est pas mauvaise en soi, il faut bien des responsables, des leaders dans tout groupe humain ; lui-même ne se proclame-t-il pas « Maître et Seigneur », mais Jésus nous demande de ne pas suivre et imiter les pratiques et manière de faire du monde : les relations humaines, pour le disciple du Christ, ne se comprennent pas en termes de pouvoir à faire sentir, de domination, d’autorité à imposer. Il y a une autre voie, une autre manière d’exercer nos responsabilités… aimer sans dominer ni accaparer l’autre, partager. Jésus nous dit que le seul chemin pour qui veut se mettre à sa suite c’est celui du service : « celui qui veut devenir grand sera votre serviteur »… Jésus s’est mis au service de ses disciples, jusqu’à leur laver les pieds, un certain soir de Jeudi St  : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir »
Servir, c’est bien ce que nous faisons le plus souvent dans l’exercice de nos propres responsabilités : qui d’entre nous ne le sait pas pour le vivre dans sa famille, dans la Cité, dans la vie économique, dans la vie associative ou syndicale ? et au sein de l’Eglise c’est pareil, les pouvoirs, mêmes hiérarchiques, ne sont-ils pas des ministères. - ministre du gouvernement ou dans l’Eglise - çà signifie en latin « serviteur », le même mot en grec = diaconos, çà nous dit quelque chose ?   diacre configuré au Christ serviteur. Mais les diacres comme les prêtres ou laïcs en responsabilité n’échappent pas aux conflits de pouvoir, ni aux tentations de celui-ci ! !
Il me semble qu’ici le Christ nous appelle à davantage encore : il ne s’agit pas simplement d’une façon de faire, il s’agit d’une manière d’être. Encore nous faut-il regarder le Christ pour que notre être en soit transformé !

 « celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous »
Cette phrase du Christ, ô combien provocante, vient justement me rejoindre dans mes désirs, mes attentes et ma manière d’être :
- une manière d’être qui m’invite à un certain regard : voir le monde à partir d’en bas, au ras des pâquerettes, là où la vie manque de tout, et, soudain, voilà que ce n’est plus le même monde qui se dévoile à nos yeux. J’apprends à regarder et à servir un frère.
- manière d’être qui se vit en résistant aux glissements, aux dérives insensibles d’un service qui deviendrait progressivement un pouvoir
- manière d’être qui est dépossession de soi et souci de l’autre, désir de se faire proche : chemin ô combien obscur et discret, car le plus grand service s’accommode mieux de l’ombre et de la discrétion que des feux de la rampe…
-.manière d’être encore : en acceptant que le Seigneur nous détache de ce qui nous attache, nous délie de ce qui nous ligote pour vivre l’humilité, la faiblesse du serviteur, aller à la rencontre de l’homme dans sa vérité, aider les personnes à vivre, à grandir (le mot autorité en latin vient de la racine faire croître), à devenir elles-mêmes responsables... plutôt que de les laisser croupir dans l’irresponsabilité.
C’est ce que font tous ces hommes et ces femmes qui travaillent à promouvoir la dignité humaine sous toutes ses formes : dans les associations humanitaires ou caritatives, les ONG qui œuvrent pour le développement… en cette journée mondiale du refus de la misère nous sommes tous interpellés, comme citoyen d’abord et comme baptisé, par la mise à l’écart d’une partie de la population, le plus souvent dans l’impossibilité de participer à la vie sociale, économique culturelle et politique du pays, alors qu’ils auraient beaucoup à apporter, ne serait-ce que par expérience !

« Le chemin du serviteur » qui nous est proposé exige beaucoup de liberté intérieure pour aimer sans dominer ni accaparer, pour servir en aimant, pour demeurer à sa juste place.
C’est aujourd’hui aussi la journée de la Mission universelle de l’Eglise. Cette mission prend sa source en Jésus Christ, qui est allé jusqu’au don total de sa vie pour promouvoir l’homme, tous les hommes. Membres de l’Eglise Corps du Christ, par notre baptême, nous sommes, au cœur du monde les intendants de la paix, de la justice, de la joie…
Que cette eucharistie que nous allons partager nourrisse, soutienne, ravive notre fidélité et nous entraîne au service de nos frères les hommes.

Eh bien tenez, posons-nous la question : qui ai-je à aimer, à servir, à valoriser, à promouvoir ?


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