Année B
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Sg 7, 7-11 ;
Ps 89, 12-13, 14-15, 16-17cd
He 4, 12-13 ;
Mc 10, 17-30
On l’appelle souvent « l’évangile du jeune homme
riche », alors qu’il n’est dit dans aucun des évangiles que cet
homme est jeune : « un homme » nous disent Matthieu et Marc, « un
notable» nous dit Luc. Jeune ou pas, peu importe, l’important c’est la
question qu’il pose et qui nous concerne tous : « que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle? ». Pour avoir la réponse consultons les
évangiles, par exemple Jésus dit dans Marc 16, 16 : « Celui qui croira
et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera
condamné. » Si on se réfère uniquement à cette phrase, il suffit de
croire, alors que le jeune homme parle de faire. Vous le savez c’est un
point de discorde avec les protestants pour qui seule la foi sauve
indépendamment des actes, alors que l’Église met en avant la nécessaire
correspondance des œuvres avec la foi. La réponse de Jésus au jeune
homme est précise : il faut croire, certes, mais il faut aussi agir
selon les commandements. Sa 1ère phrase « Dieu seul est bon » l’invite
à croire que lui Jésus, et Dieu, c’est tout un. Oui pour avoir la vie
éternelle, il faut croire, du moins ne pas refuser de croire, et il
faut agir. Rappelez-vous cet évangile de Matthieu où Jésus se désigne
comme le Fils de l’homme sur son trône de gloire : il met à sa droite
ceux qui ont bien agit : « j’avais faim, et vous m’avez donné à manger
; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et
vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; etc., et
vous êtes venus jusqu’à moi », ceux qui n’en ont rien fait s’en iront,
dit-il, au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. Certes
nous sommes sauvés par grâce et non pas par nos actes, mais nos actes
sont notre réponse à cette grâce, à cet amour.
Agir comment encore ? L’évangile d’aujourd’hui
complète cette liste d’actions de charité par cette réponse de Jésus :
« tu connais les commandements ». Autrement dit, fais ce que ces
commandements disent de faire. Le chemin du salut que Dieu a donné au
peuple juif par Moïse ce sont les 10 commandements, mais combien de
personnes peuvent dire comme le jeune homme « j'ai observé tous ces
commandements depuis ma jeunesse. » ? Combien « sanctifient le jour du
Seigneur » par exemple ? Si j’en juge à ceux qui sont dans cette église
et au nombre d’habitants des villes et villages de notre paroisse, le
3ème commandement : « Tu sanctifieras le jour du Seigneur », ne me
paraît pas très respecté ! Sans compter qu’aller à la messe dominicale
ne concerne qu’une partie du jour du Seigneur, que faisons-nous du
reste de cette journée? La plupart des hommes manquent visiblement à
plusieurs de ces commandements, c’est bien certain. Est-ce inquiétant ?
« Un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda... »
Quelle marque de dévotion, de respect ! Il s’agit d’un homme sans doute
très pieux – on dirait, aujourd’hui, un pratiquant fervent – qui
reconnaît en Jésus un maître et qui lui voue une grande vénération.
Quand il répond : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma
jeunesse », Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. » Donc tout va
bien pour lui, ça veut dire que Jésus approuve la vie de cet homme.
Alors, comment faut-il comprendre la suite ? Elle paraît très
dure « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et
donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens,
suis-moi. » Se séparer de tout, plus encore, « prendre sa croix » nous
dit Jésus dans un autre passage : effarante perspective pour la plupart
d’entre nous. Certes beaucoup de Saints l’ont fait, et ils font notre
admiration, et ce d’autant plus que nous n’avons pas nous-même ce
courage. Je pense que beaucoup d’entre vous vont dire comme moi : oula,
oulala, mais c’est impossible ! Quoi ? Donner tout ce que j’ai ? Pire,
quitter femme, frères et sœurs, parents, enfants ? Nous posons alors
forcément la question, la même que ceux qui l’entendaient: « Mais
alors, qui peut être sauvé ? » Je n’y arriverai jamais ! Déjà que
suivre comme cet homme tous les commandements, ce n’est quand même pas
tout le monde qui peut dire comme lui « je les ai observés depuis ma
jeunesse » ! À ce compte-là, il faut être un surhomme ou au moins un
individu exceptionnel pour prétendre un jour accéder à la vie
éternelle. D’ailleurs, ça semble mal se finir pour cet homme, qui
pourtant, cherche visiblement à s’améliorer, à vivre en enfant de Dieu.
Décourageant !
Un autre passage inquiétant sur la question de la
vie éternelle est dans Matthieu 7, 13-14 : « Entrez par la porte
étroite. Elle est grande la porte, il est large le chemin qui conduit à
la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle
est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie
; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent » ou dans Luc 13, 24 :
« Luttez pour entrer par la porte étroite, ils sont nombreux ceux
chercheront à entrer au Paradis et ne le pourront pas ». Certains
diront que je rappelle dans cette homélie le curé de Cucugnan
d’Alphonse Daudet, prêchant sur la confession, et qui dans son homélie
dit avoir visité le Paradis en songe, et n’y a trouvé aucun
cucugnanais, pas même au purgatoire ! Ajoutons enfin Jean 6,
53-54 sur la question de la vie éternelle « Jésus leur dit alors
: « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils
de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en
vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ».
Encore une condition qui s’ajoute aux autres.
Alors, résumons. Pour avoir la vie éternelle, il
faut donc : 1 croire, 2 être charitable et agir selon les
commandements, 3 tout donner et quitter sa famille pour suivre Jésus, 4
prendre sa croix, 5 communier régulièrement, et au final, comme peu
nombreux sont ceux qui trouvent le chemin de la vie, on a toutes les
chances de se perdre quand même! Quelle perspective ! Arrivé là, vous
allez vous dire : mais alors on n’y arrivera jamais !
Mais, ouf !, il y a le verset 27 qui change toute la
perspective : « Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour
Dieu. » Ça change tout! Reprenons alors cet évangile dans cette
perspective pour avoir la réponse à la question « que faut-il faire
pour avoir la vie éternelle » ? Croire, et nous allons exprimer notre
foi tout à l’heure avec le Credo. Ensuite les commandements,
rappelez-vous que Jésus en a ajouté un qu’il dit être égal au 1er :
aimer son prochain. Voyez comme ce commandement résume aussi les autres
: qui aime son prochain ne le vole pas, il honore son père et sa mère,
etc. Aimons notre prochain, on fait par là tous les commandements et
ainsi on sera à sa droite au jour du jugement. Jésus propose de tout
quitter pour le suivre : autrement dit, de nous défaire de nos attaches
exagérées. Il y a une différence entre pécher par faiblesse et
pécher volontairement. Jésus connaît nos faiblesses, il ne nous jugera
pas sur l’ampleur de la charité déployée et de notre détachement à ce
monde, ni sur nos faiblesses si nous les regrettons sincèrement, il
nous jugera sur notre bonne volonté, sur nos efforts, sur notre
confiance en lui. Il nous dit « Oui, tu es imparfait et faible. Oui, tu
ne pourras pas entrer dans mon Royaume par tes seules forces, mais
parce que tu crois en moi, parce que tu auras eu le courage de me
suivre dans la charité, parce que tu as eu l’amour du prochain, alors
je te ferais entrer dans mon Royaume. À Dieu, tout est possible. »
C’est Jésus qui nous y fera entrer. » Soyons confiant, sans crainte,
agissons de notre mieux, avec amour, et nous aurons la Vie éternelle.
Patrice DELESALLE, diacre permanent.
le 10 octobre 2021
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