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28° dimanche du Temps Ordinaire


Sg 7, 7-11 ;
Ps 89, 12-13, 14-15, 16-17cd
He 4, 12-13 ;
Mc 10, 17-30


    On l’appelle souvent « l’évangile du jeune homme riche », alors qu’il n’est dit dans aucun des  évangiles que cet homme est jeune : « un homme » nous disent Matthieu et Marc, « un notable» nous dit Luc. Jeune ou pas, peu importe, l’important c’est la question qu’il pose et qui nous concerne tous : « que dois-je faire pour avoir la vie éternelle? ». Pour avoir la réponse consultons les évangiles, par exemple Jésus dit dans Marc 16, 16 : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. » Si on se réfère uniquement à cette phrase, il suffit de croire, alors que le jeune homme parle de faire. Vous le savez c’est un point de discorde avec les protestants pour qui seule la foi sauve indépendamment des actes, alors que l’Église met en avant la nécessaire correspondance des œuvres avec la foi. La réponse de Jésus au jeune homme est précise : il faut croire, certes, mais il faut aussi agir selon les commandements. Sa 1ère phrase « Dieu seul est bon » l’invite à croire que lui Jésus, et Dieu, c’est tout un. Oui pour avoir la vie éternelle, il faut croire, du moins ne pas refuser de croire, et il faut agir. Rappelez-vous cet évangile de Matthieu où Jésus se désigne comme le Fils de l’homme sur son trône de gloire : il met à sa droite ceux qui ont bien agit : « j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; etc., et vous êtes venus jusqu’à moi », ceux qui n’en ont rien fait s’en iront, dit-il, au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. Certes nous sommes sauvés par grâce et non pas par nos actes, mais nos actes sont notre réponse à cette grâce, à cet amour.

    Agir comment encore ? L’évangile d’aujourd’hui complète cette liste d’actions de charité par cette réponse de Jésus : « tu connais les commandements ». Autrement dit, fais ce que ces commandements disent de faire. Le chemin du salut que Dieu a donné au peuple juif par Moïse ce sont les 10 commandements, mais combien de personnes peuvent dire comme le jeune homme « j'ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. » ? Combien « sanctifient le jour du Seigneur » par exemple ? Si j’en juge à ceux qui sont dans cette église et au nombre d’habitants des villes et villages de notre paroisse, le 3ème commandement : « Tu sanctifieras le jour du Seigneur », ne me paraît pas très respecté ! Sans compter qu’aller à la messe dominicale ne concerne qu’une partie du jour du Seigneur, que faisons-nous du reste de cette journée? La plupart des hommes manquent visiblement à plusieurs de ces commandements, c’est bien certain. Est-ce inquiétant ?
« Un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda... » Quelle marque de dévotion, de respect ! Il s’agit d’un homme sans doute très pieux – on dirait, aujourd’hui, un pratiquant fervent –  qui reconnaît en Jésus un maître et qui lui voue une grande vénération. Quand il répond : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse », Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. » Donc tout va bien pour lui, ça veut dire que Jésus approuve la vie de cet homme. Alors, comment faut-il comprendre la suite ? Elle paraît très dure  « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Se séparer de tout, plus encore, « prendre sa croix » nous dit Jésus dans un autre passage : effarante perspective pour la plupart d’entre nous. Certes beaucoup de Saints l’ont fait, et ils font notre admiration, et ce d’autant plus que nous n’avons pas nous-même ce courage. Je pense que beaucoup d’entre vous vont dire comme moi : oula, oulala, mais c’est impossible ! Quoi ? Donner tout ce que j’ai ? Pire, quitter femme, frères et sœurs, parents, enfants ? Nous posons alors forcément la question, la même que ceux qui l’entendaient: « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Je n’y arriverai jamais ! Déjà que suivre comme cet homme tous les commandements, ce n’est quand même pas tout le monde qui peut dire comme lui « je les ai observés depuis ma jeunesse » ! À ce compte-là, il faut être un surhomme ou au moins un individu exceptionnel pour prétendre un jour accéder à la vie éternelle. D’ailleurs, ça semble mal se finir pour cet homme, qui pourtant, cherche visiblement à s’améliorer, à vivre en enfant de Dieu. Décourageant !

    Un autre passage inquiétant sur la question de la vie éternelle est dans Matthieu  7, 13-14 : « Entrez par la porte étroite. Elle est grande la porte, il est large le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent » ou dans Luc 13, 24 : « Luttez pour entrer par la porte étroite, ils sont nombreux ceux chercheront à entrer au Paradis et ne le pourront pas ». Certains diront que je rappelle dans cette homélie le curé de Cucugnan d’Alphonse Daudet, prêchant sur la confession, et qui dans son homélie dit avoir visité le Paradis en songe, et n’y a trouvé aucun cucugnanais, pas même au purgatoire ! Ajoutons enfin Jean 6, 53-54  sur la question de la vie éternelle « Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ». Encore une condition qui s’ajoute aux autres.

    Alors, résumons. Pour avoir la vie éternelle, il faut donc : 1 croire, 2 être charitable et agir selon les commandements, 3 tout donner et quitter sa famille pour suivre Jésus, 4 prendre sa croix, 5 communier régulièrement, et au final, comme peu nombreux sont ceux qui trouvent le chemin de la vie, on a toutes les chances de se perdre quand même! Quelle perspective ! Arrivé là, vous allez vous dire : mais alors on n’y arrivera jamais !

    Mais, ouf !, il y a le verset 27 qui change toute la perspective : « Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu. » Ça change tout! Reprenons alors cet évangile dans cette perspective pour avoir la réponse à la question « que faut-il faire pour avoir la vie éternelle » ? Croire, et nous allons exprimer notre foi tout à l’heure avec le Credo. Ensuite les commandements, rappelez-vous que Jésus en a ajouté un qu’il dit être égal au 1er : aimer son prochain. Voyez comme ce commandement résume aussi les autres : qui aime son prochain ne le vole pas, il honore son père et sa mère, etc. Aimons notre prochain, on fait par là tous les commandements et ainsi on sera à sa droite au jour du jugement. Jésus propose de tout quitter pour le suivre : autrement dit, de nous défaire de nos attaches exagérées.  Il y a une différence entre pécher par faiblesse et pécher volontairement. Jésus connaît nos faiblesses, il ne nous jugera pas sur l’ampleur de la charité déployée et de notre détachement à ce monde, ni sur nos faiblesses si nous les regrettons sincèrement, il nous jugera sur notre bonne volonté, sur nos efforts, sur notre confiance en lui. Il nous dit « Oui, tu es imparfait et faible. Oui, tu ne pourras pas entrer dans mon Royaume par tes seules forces, mais parce que tu crois en moi, parce que tu auras eu le courage de me suivre dans la charité, parce que tu as eu l’amour du prochain, alors je te ferais entrer dans mon Royaume. À Dieu, tout est possible. » C’est Jésus qui nous y fera entrer. » Soyons confiant, sans crainte, agissons de notre mieux, avec amour, et nous aurons la Vie éternelle.



Patrice DELESALLE, diacre permanent.
le 10 octobre 2021


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