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Les
textes de ce jour ne sont pas tendres ! Ils questionnent, ils
provoquent, ils bousculent… la bonne nouvelle de l’Evangile a quelque
chose de décapant et cette parole ne nous laisse pas indifférents si
nous savons l’écouter et l’entendre…. Chemin faisant Jésus interroge
ses disciples et fait un sondage d’opinion : « Au dire des gens qui
suis-je ? » et ensuite, « et vous, que dites-vous que je suis ? »
question directe pertinente à laquelle Pierre répond « Tu es le Christ
», mais le Messie que Pierre imagine n’a pas grand-chose à voir avec ce
que Jésus enseigne à ses disciples : Il sera rejeté, tué et
ressuscitera… Le ton monte et Pierre fait de vives remontrances à
Jésus, qui lui répond sèchement : « passe derrière moi Satan ! »
« Que dites vous que je suis ? » cette question s’adresse à ceux qui
suivent le Christ aujourd’hui, aux chrétiens, à chacun de nous. Quel
est le contenu de notre Foi ? Comment la vivons-nous ?
Qui est Jésus pour nous ? En quel Dieu croyons-nous
? Selon les sondages, la moitié des chrétiens ne croient pas en la
résurrection. Mais si tel est le cas, nous dit saint Paul, notre foi
est vaine. Pour la première fois, dans ce passage d’Evangile, Jésus
annonce sa passion et sa résurrection. Il se désigne comme le
Fils de l’homme qui récapitule toute l’humanité pour la sauver. Il
n’échappe ni à la souffrance, ni à la mort, il épouse parfaitement
notre condition humaine à la manière du serviteur souffrant décrit par
Isaïe dans la première lecture.
Les disciples imaginaient un Messie triomphant, un roi qui les
délivrerait de l’occupant et leur apporterait le bonheur sur la terre
promise… loin, très loin de ce que Jésus leur enseigne… D’ailleurs, ils
ne commenceront à comprendre qu’après Pâques, qu’après la résurrection…
Il faudra qu’ils cheminent, qu’ils relisent les évènements à la lumière
des textes bibliques et des paroles qu’ils ont entendues de Jésus pour
comprendre qui est le Christ, le Messie de Dieu : Jésus, le Fils mort
sur la croix et ressuscité.
Pour le Chrétien, Dieu est à la fois, le Père,
créateur du ciel et de la terre, et, ce qui est inconcevable pour les
musulmans, celui qui est venu prendre notre condition humaine en
Jésus. Même si l’homme est à l’image de Dieu, il faut bien admettre que
ce que nous a révélé Jésus nous dépasse : par la mort et la
résurrection de Jésus, Dieu sauve le monde et nous ouvre les portes de
son paradis. Telle est notre foi.
Vivre notre foi aujourd’hui, c’est mettre nos
pas dans ceux de Jésus. Il est le guide qui nous montre le chemin à
suivre, qui nous invite à affronter les réalités de la vie et ses
épreuves, dans la foi et l’espérance. Et saint Jacques, en miroir, nous
dit que la Foi se vérifie dans nos actes : « La foi, si elle n’est pas
mise en œuvre, est bel et bien morte ». La vie chrétienne n’est pas une
vie dans les nuages, sans consistance, sans racine. Dans la vie du
chrétien, la foi et les œuvres se rejoignent, la prière et l’action se
nourrissent, la relation aux autres et à Dieu s’approfondissent.
Le chrétien est appelé à vivre les réalités du monde avec le regard de
Jésus sur les hommes et à sa suite. Aujourd’hui, notre monde est en
pleine mutation. Nous sommes bousculés, par le réchauffement de la
planète et l’épuisement des ressources, choqués par les flots de
migrants qui arrivent de Syrie, d’Irak ou d’ailleurs… Devant ces
réalités, le pape François dans son encyclique « Laudato Si » - « Loué
sois-tu »-, invite « les croyants à être cohérents avec leur foi et à
ne pas la contredire par leurs actions ». Il nous encourage à un style
de vie simple et sobre qui s’oppose à l’esprit du monde qui « veut tout
dominer sans limite », Il rejoint là l’évangile de ce jour : « Si
quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même… et qu’il
me suive.» Les petits renoncements de la vie quotidienne, nous
permettent d’apprécier ce qui est petit, simple, de nous arrêter pour
remercier, pour ce « que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous
avons, ni nous attrister de ce que nous n’avons pas » nous dit encore
le pape. La sobriété de vie et le renoncement à consommer toujours plus
permettent de sortir de soi et de nous ouvrir à l’autre.
Aujourd’hui, on ne peut pas ouvrir les yeux sans voir les flots de
migrants à la porte de l’Europe. S’ouvrir à l’autre, c’est regarder à
la manière du Christ, c'est-à-dire avec compassion et miséricorde,
toutes ces personnes chassées de leur pays par la guerre ou la misère.
Nous formons une seule famille humaine ; nous ne pouvons pas leur dire
cyniquement : « retournez chez vous vous faire massacrer, nous avons
assez de problèmes chez nous… » Comme le dit le cardinal Montenegro,
chargé des migrations : « Nous sommes dans une lutte entre les égoïsmes
des riches et l’espoir des pauvres »… « Toutes ces populations qui
bougent, c’est notre histoire qui change économiquement, socialement.
Avec l’immigration, on joue notre futur. Pour le préparer il n’y a
qu’un chemin : la solidarité. » Oui, il n’y a qu’un chemin : la charité
et Saint Jacques nous le dit bien : « Si un frère ou une sœur n’a ni de
quoi s’habiller, ni de quoi manger » … et qu’on leur dit : rentrez chez
vous, « Allez, … sans leur donner le nécessaire pour vivre… alors
la foi est bel et bien morte », nous ne sommes plus chrétiens.
La moitié des français, selon un sondage, se disent défavorables
à l’accueil des migrants… Au nom de l’évangile, de la doctrine de
l’Eglise et de sa tradition nous avons le devoir de faire évoluer les
mentalités, d’œuvrer à l’accueil de nos frères avec les paroisses,
comme le pape nous y invite, avec les pouvoirs publiques et les
associations qui ont une expérience en la matière. La France a
accueilli, 500 000 réfugiés espagnols lors de la guerre d’Espagne en
1936, 170 000 boat people d’Asie du sud-est dans les années 1970, sans
conséquences fâcheuses pour la société. Au contraire, nous avons été
enrichis de leur culture et de leur travail. L’engagement d’accueillir
24 000 réfugiés sur deux ans, est bien modeste par rapport au nombre de
migrants en errance. Mais, c’est un défi humain et chrétien
d’accueillir ces personnes, à nous de le relever !
Yves MICHONNEAU, diacre permanent
13 Septembre 2015
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
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